En déshérence le domaine de Pontigny à ne pas confondre avec l’abbatiale qui appartient à la commune, a trouvé un acheteur. La région Bourgogne Franche-Comté propriétaire depuis 2003 n’en voulait plus. Elle ne veut plus assumer les lourds coûts de fonctionnement. Un compromis de vente a été signé avec la Fondation François Schneider d’utilité publique dont le siège se trouve en son centre d’art contemporain, à Watwiller, en Alsace. Tout à côté de Cernay berceau des aïeux paternels de l’acquéreur, le berceau maternel, Savouret, étant à Joigny où réside le postulant.

L’homme entrepreneur atypique qui vit surtout à Paris et à Joigny dont il est natif, va signer, prochainement l’acte de vente avec la Région, les conditions suspensives ayant été levées.
DEUX ANNÉES D'ÉTUDES
Il exposera avec son équipe son projet pour Pontigny, lundi prochain, un projet qui a changé de dimension en regard de la première présentation voici deux ans. Il passe de 20 à 50 millions d’euros d’investissements et comprend une restauration patrimoniale d’importance.
Un concours d’architectes a déjà été lancé et le choix se fera avant la fin du mois d’octobre. Deux années d’études seront nécessaires en passant par les fourches caudines du ministère de la culture, avant que les gros travaux puissent être engagés, en 2025.
La création et le développement de la société de production se fera dès 2023, dans le bâtiment perpendiculaire à celui des Convers. Outre une cafétéria et l’accueil, une unité de production de pain sera aménagée, en attendant les autres productions de mise en valeur de la terre de Pontigny, comme à l’époque des Cisterciens. Un retour aux sources.
Le centre d’art contemporain, salle d'exposition, histoire des Cisterciens et parcours pédagogiques seront aménagés au fur et à mesure, ainsi que le futur hôtel restaurant.
LES 4 ÉLÉMENTS ET DES SOUTIENS
François Schneider caresse le projet, de longue date, et s’y est engagé, d’instituer symboliquement les quatre éléments : terre, eau, air et le feu en des lieux significatifs. Les 4 éléments sont utilisés depuis l'Antiquité pour décrire la matière composant l'univers.
L’Eau à Watwiller depuis 2 000, ensuite ce devait être la Terre à Sienne en Italie. Ce sera Pontigny. Puis le vent, peut-être à Saint-Brieuc en Bretagne. Et le feu en Auvergne ?
Le projet de Pontigny démarré voilà trois ans, fut et demeure un parcours du combattant. Deux fois cela faillit capoter.
Trois soutiens indéfectibles ont permis l’aboutissement : celui de l’association de Amis de Pontigny qui réunit quelques 400 membres, l’association de la Grange de Beauvais elle-même restauratrice de bâtiments et de création de cultures.
Sans compter la présidente de la Région Marie-Guite Dufay qui a toujours cru dans la force du projet de François Schneider.
On peut y ajouter la DRAC la direction régionale des affaires culturelles motivée par l'ambition et la qualité du projet.
D’autres personnes ont également pesé : Michel Pisani ancien patron de la Maison de l’Entreprise, Jean-Baptiste Lemoyne, ministre du tourisme, et Dominique Vérien sénatrice. Enfin, le conseil municipal de Pontigny qui a débattu à plusieurs reprises de manière contradictoire, avant de donner son feu vert.
UNE HISTOIRE RICHE ESSOUFFLÉE
Délaissée, abandonnée, en errance étrange, l’abbaye cistercienne de Pontigny, deuxième fille de Cîteaux semble donc avoir enfin trouvé un nouveau guide pour la tirer de l’épreuve destructrice du temps et exhumer des fondations sur lesquelles elle repose depuis sa construction au XIIè siècle.
Le déclin des croyances et pratiques religieuses en France a touché de plein fouet l’activité spirituelle de l’abbaye, la maintenant dans sa dimension patrimoniale et sacrée, réservée aux initiés et cherchants, à l’image de Terryl Kinder l’américaine spécialiste de l’univers cistercien, qui y amenait des étudiants, à l'été.
François Mitterand, en 1986, tint à visiter l’édifice, la plus grande abbatiale cistercienne dans le monde ainsi que les jardins et la forêt domaniale où il se promena en méditation en marge des cérémonies pour l’anniversaire de la mort de Paul-Bert à Auxerre.
LES DÉCADES POUR RÉFLÉCHIR ENSEMBLE
L’ADAPT (handicapés) occupa les lieux autrefois fréquentés par des intellectuels de renom. Les Décades de Pontigny (1910-1939) pour réfléchir ensemble.
Face à l'éclatement des savoirs experts et au cloisonnement des écoles intellectuelles, la nécessité s'impose, peut-être plus que jamais, de lieux d'échanges indépendants capables d'offrir et le temps de l'écoute et la confrontation des points de vue. À cet égard, l'expérience de Pontigny et de Cerisy, parce qu'elle repose sur l'idée que pour penser ensemble, il faut vivre ensemble, aura été, et est toujours, d'une importance capitale.
LE DOMAINE SAUVÉ DE LA RUINE
Après la guerre, la deuxième moitié du XX ème siècle fut plus difficile.
Les charges de fonctionnement s’amplifièrent et pesèrent sur les collectivités. Le conseil régional de Bourgogne sous l’impulsion de Jean-Pierre Soisson fit l’acquisition du domaine de Pontigny, en 2003 pour le sauver de la ruine et de l’oubli en misant sur un appel à projet qui demeura stérile, jusqu’en 2019.
La collectivité régionale ne voulait plus assumer les charges annuelles de fonctionnement et des dépenses d’investissement commençaient à se faire urgentes sur divers bâtiments et toitures du site domanial qui présente un état de vétusté avancé, sur les 9,5 hectares de terrain et les 5 000 m2 de bâtiments. L’abbatiale, elle, demeure la propriété de la commune.
Une page se tourne sur un nouveau chapitre. Qui reste à écrire.
_________________
PHOTO.- Micheline Durand, présidente de l'association des Amis de Pontigny et le candidat repreneur le Jovinien François Schneider, dans l'abbatiale au mois de février 2020 (Photo PJG)
 
Jean-philippe Bailly, Sarah Degliame et 28 autres personnes
 
16 partages
 
 
J’aime
 
 
 
Commenter
 
 
Partager