Un geste médical ne doit pas être pratiqué, dans le seul et unique but de donner la mort. Le médecin doit "soigner". Soigner, c'est aussi soulager.
La souffrance doit être soulagée, l’euthanasie refusée. Des moyens simples, peu onéreux, existent et doivent être utilisés. Ils peuvent, c'est vrai, accélérer le processus morbide; ils doivent être mis en oeuvre en plein accord avec le patient ou sa famille.
La vision que le bien portant a du mourant est une vision égoïste et déformée. Il apprécie à l'aune de sa propre sensibilité : il peut être choqué, voire effrayé à la vue du malade. Il "prend" sa place!
Le mourant lui, est seul; c'est sa mort à lui, à personne d'autre, comme sa naissance a été la sienne, unique.
Ainsi la vie comporte deux grands passages : la naissance et la mort.
Reprenons la phrase du Pr. Jean Bernard : "Ajoutons de la vie aux jours, lorsque l'on ne peut plus ajouter de jours à la vie"
Celui qui meurt a besoin d'affection de douceur, de compréhension, de soulagements. Il ne veut pas que l'on usurpe sa place, la nausée au bord des lèvres.
Il va affronter l'inconnu, Dieu ou le Néant, que sais-je. Il est souvent angoissé
Qu'il puisse au moins compter, sur ceux qui l'entourent dans ce moment unique.

Seringue_2 Quelle créance pourrait-il accorder à des soignants convaincus d'euthanasie nécessaire. Chaque seringue approchée ne serait-elle pas la dernière?
Encore une minute Docteur!
Folie!
Le soulagement demandé doit être absolument procuré, mais jamais ne doit passer dans l'esprit du malade, que l'acte médical entrepris est à visée "finale"
Gardons nous bien, sous la double pression des comptables et des "philosophes en pleine forme", d'oublier un jour "le ballon d'oxygène"
Les dérapages sont souvent insidieux, imperceptibles au début. Ils deviennent très vite aveuglants à la surprise de leurs promoteurs eux-mêmes, "apprentis sorciers" et candides.
Ces naïfs seront ensuite les premiers à ne pas reconnaître leur chère idée dans l'application qui en sera faite. les premiers à crier "au loup"

Donnons à nouveau quelques références!

L'euthanasie est dépassée, par Paula La Marne
Publié le 31.05.02

"Impossible d'être philosophe et de continuer à se taire plus longtemps face au mouvement général d'apologie de l'euthanasie.
A force de nous dire que l'euthanasie serait la mort "douce", on insinue beaucoup de choses : la médecine offrirait couramment en fin de vie ces tourments et tortures dont seule l'euthanasie pourrait nous délivrer et, surtout, la seule façon "douce" de mourir serait d'anticiper la mort.

Quant à la dignité, loin d'être une valeur irréductible attachée à la personne, elle semblerait se réduire à la possession de moyens parfaits dont la défaillance signerait la dégradation de la personne humaine elle-même.

 

Parler de douceur par l'euthanasie, c'est ignorer tous les progrès spectaculaires accomplis contre la douleur ces dernières décennies ; la levée progressive des préjugés, y compris médicaux, contre la morphine par exemple ; l'abandon, que l'on doit à Bernard Kouchner, du carnet à souches qui freinait la prescription des morphiniques ; l'obligation d'enseigner désormais le traitement antalgique pendant les études de médecine ; la banalisation et la diversification des traitements de la grande douleur."

..."Alors pourquoi toute cette publicité faite à l'euthanasie, qui est, sur le plan médical et moral, pour peu que l'on soit informé, tout simplement dépassée ? En l'absence de savoir-faire et de médicaments appropriés, l'euthanasie pouvait épargner de terribles souffrances, mais on n'en est plus là !"

..."Qui viendra prendre la défense de tous ces patients abandonnés dans l'ombre ? Qui parlera au nom de ces malades que l'on a trahis, qui se sont éteints en donnant leur confiance à des gens dont le métier est de leur porter secours ? Qui effacera le souvenir des douleurs intenses de tel patient qu'on laisse souffrir, parfois des semaines, pour l'achever en quelques heures ? Qui soutiendra ces familles qui ont soupçonné quelque chose, et qui, faute de pouvoir prouver quoi que ce soit, ruminent leur amertume et leur remords en silence ? Qui protégera ces milliers de gens faibles et seuls, si exposés, si fragiles, livrés au pouvoir de décision des autres ? Et on voudrait faire passer ces pratiques pour des arguments supplémentaires au service de la grande cause de l'euthanasie ? Qui honorera le courage de ces soignants qui ont su dire non, inventer d'autres méthodes de prises en charge et qui se sentent incompris ?"

 

(NDLA : Je lis que le PS dans la préparation de son « congrès » évoque ces questions. Une « contribution » aurait même été rédigée. Je suis très intéressé de connaître le fruit de cette réflexion et les propositions avancées en la matière.)

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