SOCIETE
Pourquoi faire de l’his-foire avec l’histoire?
le lundi 11 mars 2013, 17:35 - SOCIETE - Lien permanent
Nouvelle mode très indigeste et de plus en plus épidémique : attirer les badauds amateurs de foires et attractions « amusantes » sur des lieux d’histoire, de culture et d’harmonie esthétique
Chasse aux œufs, feux d’artifices, stands de barbe à papa, promenades en poneys et souvenirs d’un goût douteux pour ne pas dire franchement honteux… Sur fond « musical » type fanfare ou juke-box. D’un lieu qui renferme les échos d’une culture qui engendra la nôtre, d’histoire qui détermina nos frontières et changements de vie, de terroir qui forma nos coutumes, de passé… on fait une kermesse cacophonique dont le seul but est de faire de l’argent en donnant en retour « une journée en famille au grand air » ou « du fun pour tous » . N’a-t-on pas déjà assez défiguré les plages, orées, lieux publics, parcs, petits coins perdus qui doivent se languir du joli temps où ils étaient perdus! - , campagnes avec ces distractions tapageuses et gouffre à argent ?
On va dire que c’est un moyen d’attirer le grand public sur des lieux touristiques qu’il va ainsi découvrir et apprécier. Et on n’ose imaginer la contagion dans d’autres secteurs : va-t-on installer des pistes de skateboard dans les couloirs des écoles pour y faire venir les élèves ? Des auto-tamponneuses le jour des examens ? Une patinoire disco et un bar devant les églises pour les fidèles récalcitrants ? Distribuer des ballons (en plus de ceux de vin rouge) et sifflets turlututu aux réunions de quartier ? A quand les défilés de majorettes devant le Vatican et la parade des templiers avec Donald et Mickey au château de Gisors ? À quand un cardinal apache ?
Les enfants et leurs familles devraient pouvoir sentir l’intérêt des lieux d’autrefois tels qu’ils nous sont parvenus, restaurés ou non, visitables ou non, et dissocier l’idée d’amusement à la Coney-Island ou Disneyworld du mutisme charmé qui accueille les promenades dans le passé ou la beauté. Pourquoi ajouter l’amusement à tout prix, un amusement d’ailleurs vite usé puisqu’omniprésent et toujours le même. On peut être heureux et satisfait sans s’être « amusé ». Avoir appris quelque chose, avoir compris quelque chose, avoir fait un détour de sa propre initiative et non pas attiré par une multitude d’affiches hurlant la date d’un jour à ne pas manquer… tout ça est un bonheur sans amusement, ou en tout cas si amusement il y a, il est dosé, personnel, unique. Et celui-là laisse des traces. Pas une indigestion de barbe à papa ou de hamburgers…
Ne nous enfoirez pas, de grâce !
Suzanne Dejaer
Commentaires
Il me semble que b_m confond les choses.
L'article vise juste en ciblant ce qu'il dénonce.
St Fargeau et son spectacle historique sont une manière pédagoqgique intéressante. Organiser la chasse aux oeufs de Pa^ques avec Mélisine, des séances maquillages etc; à Maulnes, c'est autre chose... non ?
Cet édifice insigne chef d'oeuvre de la renaissance, classé au 16 ème parmi les 32 plus excellents bâtiments de France par Du Cerceau, mérite mieux que ces animations de foire
Quelle analyse rétrograde que voilà ...
A lire cet article, il faudrait ne plus vivre avec son temps.
Il y a un juste milieu entre respecter des monuments historiques, et en faire des lieux de dévergondage, comme le billet semble le décrire.
Et à ce titre cet équilibre peut se trouver dans une manière plus "contemporaine" d'attirer quelques visiteurs supplémentaires. Certains ne tireront rien de culturel de leur sortie, tandis que d'autres voudront très certainement revenir un peu plus tard.
D'ailleurs, en suivant cette logique, boycottons le château de St Fargeau et son spectacle, il parait qu'il y a un feu d'artifice...
Cette vision passéiste ne fonctionne plus, d'autant plus qu'elle s'appuie des arguments allant de l'ignorance à la mauvaise foi. Ah ! pointer la jeunesse en fléau de la bonne société c'est bien facile, et un peu méprisant (je suis étudiant, et j'ai du mal à me reconnaître dans cet absentéisme et cette fainéantise érigée de manière systématique en qualificatif à notre égard).
Laissons au moins à chacun le droit d'être heureux, si c'est la dernière chose qui puisse être tolérée.