De l'Hôpilat psychiatrique, la vue sur le plus ancien vignoble de Bourgogne au pied des monuments, le clos de la Chaînette qui produisait le vin des moines de de l'abbaye st-Germain (DR)

 

Dans l'ancien hôpital psychiatrique à Auxerre. Feu le docteur Pierre Scherrer, personnage emblématique dont le nom est indéfectiblement associé à l'histoire de l'Hôpital psychiatrique d'Auxerre, a écrit deux livres sur l'objet de sa passion :  l'hôpital, ses malades, son équipe et le personnel qui l'aimait et le respectait. Le Dr Scherrer a préservé la salle des tortures en condamnant les portes afin que personne ne puisse modifier le plan de ce lieu d'histoire où furent martyrsés des hommes et des femmes. Pour qu'on n'oublie jamais... Le Dr Scherrer fut l'initiateur du Cine-club à Auxerre qui marchait fort dans les années 70-80. Il est par aileurs le père du couturier Jean-Louis Scherrer, décédé il y a peu (DR)

 

"Je fis recouvrir....pour masquer"

 

Le Dr Pierre Scherrer évoque précisément, page 37 de son livre "L'Hôpital Libéré Souvenirs d'un Psychiatre" , la cellule des tortures.

" La plaque de marbre qui portait cette inscription fut fixée sur la porte de la cellule où avaient été "interrogés" des résistants. La gestapo les amenait en effet de la prison, de l'autre côté de l'avenue et après ces "interrogatoires", les malheureux allaient laver les plaies de leur visage au petit lavabo qui se trouvait au bas de l'escalier venant de la galerie couverte qui longe le service des femmes. Au haut de l'escalier, les blessés allemands et leurs infirmières s'esclaffaient en voyant les "terroristes" châtiés.

"Plus tard lorsque le bâtiment fut réaménagé et destiné à être utilisé, je fis conserver cette cellule telle quelle en recouvrant porte et plaque d'une autre porte qui masquait tout.

"On n'ouvrait cette porte qu'exceptionnellement. Chaque année pour la Journée des Déportés, elle était ouverte et les survivants venaient pieusement en pélérinage devant cette cellule qui témoignait de leurs souffrances." 

 

 



 

 

Recueillement au moment de dévoiler le portrait, un portrait supplémentaire, du supplicié Jorge Sempruñ, accroché à côté de la porte qui menait à la minuscule salle des tortures, une pièce intime de l'horreur et de la barbaire humaine où le maître  des lieux était le Docteur Haas. Sur l'autre porte, car il y en avait deux, la plaque à la mémoire de Robert Bobin, infirmier résistant (DR)

 

 

Jorge Semprun

Né à  Madrid le 10 décembre 1923
Mort à Paris le 07 juin 2011

Nationalité : Espagnol

Biographie

Jorge Semprún Maura est un écrivain, scénariste et homme politique espagnol dont l'essentiel de l'œuvre littéraire est rédigé en français.

En 1937, pendant la guerre d'Espagne, sa famille s'exile en France. A Paris, il suit sa scolarité puis étudie la philosophie à la Sorbonne.

En 1941, il adhère à l'organisation communiste de la Résistance des Francs Tireurs et Partisans puis il entre au Parti communiste espagnol.
En 1943, il est arrêté par la Gestapo et envoyé au camp de concentration de Buchenwald.
Il rentre à Paris en 1945 et sera traducteur auprès de l'Unesco.
A partir de 1953, il coordonne les activités clandestines de résistance au régime de Franco.
De 1957 à 1962, il anime le travail clandestin du parti communiste dans l'Espagne de Franco sous le pseudonyme de Frederico Sanchez.

En 1964, il est exclu du parti en raison de divergences sur la ligne du parti. Il se consacre alors à son travail d'écrivain etdescénariste.

En 1969, il reçoit le prix Fémina pour "La deuxième mort de Ramon Mercader".
De 1988 à 1991, il est Ministre de la culture du Gouvernement espagnol.
En 1994, il reçoit le Prix de la Paix des Editeurs et Libraires allemands. Le Prix Fémina Vacaresco 1994 et le Prix Littéraire des Droits de l'Homme 1995 lui ont été décernés pour L'écriture ou la vie. il a également reçu le prix de la ville de Weimar en 1995 et le prix Nonino (Italie) en 1999.
Il est élu à l'Académie Goncourt en 1996.

En 2005, il reçoit le second prix Dialogo décerné par l'Association d'amitié hispano-française. Il récompense le 'rôle politique et intellectuel' que l'écrivain a joué 'pour l'amélioration des relations' entre les deux pays.

 

 Le Grand Voyage

Le Grand Voyage est le roman autobiographique de Jorge Semprún qui contribua à faire connaître cet auteur espagnol dans le monde entier. Semprun raconte dans ce livre le voyage de cinq jours qu'il effectua, avec 119 autres détenus entassés dans un wagon de marchandises, jusqu'au camp de concentration de Buchenwald ; il aborde au long du récit plusieurs étapes de sa vie : la guerre civile espagnole et la Résistance, mais aussi la Libération et son retour en France.

Il s'agit du premier roman dans lequel Semprun parle de son expérience à Buchenwald, il en parlera aussi dans Quel beau dimanche! et L'écriture ou la vie.

Jorge Semprun met en parallèle l'extérieur et l'intérieur du wagon.

Il oppose la beauté du paysage (la vallée de la Moselle, dans l'Est de la France) et l'intérieur du wagon.

L'hiver, à l'extérieur, est synonyme de lumière de blancheur, de pureté, de calme. Le train glisse dans un paysage à la beauté permanente.

Les déportés sont les seuls à connaître l'horreur de leur condition. A l'extérieur, rien ne réagit. C'est l'ignorance, l'indifférence. Leur souffrance est cachée.

 

 

Le réalisateur José-Luis Peñafuerte

Le cinéaste belge découvre le portrait de Jorge Semprun dans le couloir à côté de la porte ouvrant sur la salle de tortures dans l'ancien hôpital psychiatrique d'Auxerre. C'était vendredi soir. (DR)

 

Né à Bruxelles en 1973, de nationalité belge et espagnole, José-Luis Peñafuerte a passé son enfance à Bruxelles. En 1984, il suit ses parents exilés qui retournent en Espagne, leur terre natale. Il passera 6 ans à Gijon (Asturies) et à Cordoue (Andalousie), avant de regagner la Belgique.
Il collabore étroitement à la création du premier festival de cinéma hispanique à Bruxelles. En 1993, il entre à l'IAD (école belge de cinéma), en section réalisation cinéma et documentaire. Son mémoire de fin d’études traite de l'évolution politique et artistique de l'industrie cinématographique espagnole.
En 2001, le réalisateur présente son premier documentaire de création, Niños, qui retrace l'exil des orphelins de la guerre civile espagnole. Le film sera sélectionné dans divers festivals internationaux et diffusé par plusieurs télévisions européennes.
Son deuxième film, Aguaviva, s’intéresse à la question de l’immigration, à travers le cas d’un petit village espagnol vieillissant et déserté qui fait appel à des étrangers pour se repeupler et revivre.
En 2007, le Ministère espagnol de la Culture lui confie la captation des témoignages filmés des derniers exilés politiques espagnols vivant en Belgique.
L’année suivante, il fonde le collectif Les Sentiers de la Mémoire qui a pour but de préserver et de promouvoir la mémoire de l’exil espagnol en Belgique.
Avec Les Chemins de la Mémoire, José-Luis Peñafuerte continue à interroger le passé et le présent de l’Espagne, et à créer un pont entre ses deux cultures d'origine.
Ses projets futurs, entre la Belgique et l’Espagne, tant en documentaire qu’en fiction, s’articulent également autour de cette double identité.


Filmographie

2009 / Los Caminos de la Memoria
documentaire, long métrage cinéma et moyen métrage TV

2005 / Aguaviva, El Abrazo de la Tierra
documentaire, long métrage et moyen métrage TV

2001 / Niños
documentaire moyen métrage TV

1998 / Maestro
fiction, court métrage

1997 / Circus
fiction, court métrage