Une équipe de tournage perfomante et joyeuse (DR)

 

 

 


 



 

INTENTION

 

Le temps de la jeunesse est un temps de transition entre l’enfance et le monde adulte. Il est un temps décisif dans la construction des identités personnelles et professionnelles, mais aussi dans l’affirmation des valeurs, des opinions et des identités politiques. Comment les jeunes entrent-ils dans leur rôle de citoyen ? Comment se font leurs premiers pas en politique ? Comment se forment et s’expriment leurs premiers choix idéologiques, leurs premiers votes ? 

 

De tous les facteurs explicatifs des formes de la politisation dans la jeunesse, le niveau de diplôme et de qualification reste l’un des plus décisifs. Jeunesse scolarisée et jeunesse non ou peu scolarisée n’entretiennent pas un même rapport à la politique. Elles n’adoptent pas non plus ni les mêmes valeurs ni les mêmes  attitudes ou comportements en matière de citoyenneté.

La jeunesse étudiante penche plus à gauche, vote davantage et témoigne d’un réel activisme dans la rue. La jeunesse peu ou pas  diplômée, déjà dans le monde du travail de façon plus ou moins assurée, plus ou moins précaire, adhère davantage à la droite, voire à l’extrême droite. Si l’on observe une attitude toujours plus favorable envers la protestation au sein des jeunes générations, celle-ci n’a pas les mêmes implications selon qu’il s’agit des jeunes scolarisés, diplômés soit de l’enseignement secondaire général et technique soit de l’enseignement supérieur, ou des jeunes actifs, peu ou pas diplômés, entrant sur le  marché du travail avant l’âge de 20 ans.

 

Les nouvelles générations les plus instruites, bien que critiques à l’égard de la politique, au travers de leur attachement profond à la démocratie représentative, ainsi que des valeurs d’ouverture et de tolérance qui sont les leurs, assurent les conditions d’entretien et de renouvellement de leur lien à la politique.  En revanche, au sein  des jeunes générations moins instruites, cet effet de compensation n’intervient pas et l’on observe non seulement un déficit de leur lien au politique mais aussi un relâchement de leur lien démocratique. Celles-ci, en retrait de toute forme de participation citoyenne, qu’il s’agisse du vote ou de mobilisations collectives, expriment aussi certaines demandes d’ordre et d’autorité, s’accompagnant d’une vision souvent plus fermée de la société.[1] 39% des 18-34 ans sans diplôme ou avec un diplôme professionnel ont voté pour Marine Le Pen lors du premier tour de l’élection présidentielle de 2012 ; 8% des 18-34 ans avec un diplôme de l’enseignement supérieur ont fait de même.[2]  Le Front National renouvelé par le leadership de Marine Le Pen représente un attrait pour de nombreux jeunes déçus par les forces de gouvernement, particulièrement touchés par les effets d’une crise sociale et économique et par un chômage devenu endémique.

 

La jeunesse rassemble donc des conditions sociales, économiques et culturelles différentes, impliquant des attentes à l’égard de la politique, des représentations de la société, des projets de vie, comme des réponses citoyennes qui ne sont pas les mêmes.

 

Ce film veut rendre compte des chemins d’insertion sociale et des parcours d’intégration citoyenne et politique de cette partie de la jeunesse qui sort du système scolaire de façon précoce, et qui emprunte les voies d’une socialisation par le travail et par les métiers dits manuels. Cette partie de la jeunesse est peu ou mal connue, rarement entendue. Il s’agit de lui donner la parole. Les jeunes insérés dans les filières d’apprentissage  sont particulièrement emblématiques de cette socialisation par le travail que n’expérimente en aucune manière la jeunesse qui reste dans le système scolaire plus durablement.

 

POURQUOI  FILMER LES JEUNES EN APPRENTISSAGE ?

 

Les apprentis représentent un effectif non négligeable de la jeunesse ; près de 450.000 jeunes suivent une formation en alternance ou un apprentissage sur l’ensemble du territoire national. Ils représentent 6.7% des jeunes dont une majorité de garçon (9.7% contre 3.7% pour les filles). [3] Comparés aux effectifs de l’enseignement secondaire général et technique  (1.440.000 élèves) et au nombre des étudiants dans l’enseignement supérieur (2.347.800 étudiants), ils sont une petite minorité. Leurs études étant courtes, ces chiffres n’incluent cependant pas les jeunes dans la vie active qui sont passés par l’apprentissage mais qui ne sont plus des apprentis. Au total, c’est environ un jeune sur dix qui est concerné par l’apprentissage. Il s’agit là d’une catégorie de la jeunesse particulièrement intéressante à interroger et à observer car elle se situe aux confins du système de formation et du monde du travail.  Délaissée par la recherche et par les travaux d’enquête, on ne sait que peu de choses la concernant. Alors que de nombreuses études, reportages ou documentaires ont montré le peuple lycéen ou la jeunesse étudiante, les jeunes apprentis n’ont pas fait l’objet d’autant d’attention et restent assez largement méconnus. On ne sait que très peu de choses non seulement sur la réalité de leur vie quotidienne, du vécu de l’alternance entre l’école et l’entreprise, mais aussi sur leurs liens à leur environnement social et politique Ce film sera l’occasion de les prendre en considération, de mieux les connaître, d’explorer leurs valeurs et leurs représentations de la société, de comprendre leurs choix politiques ou leurs non choix, et de saisir les orientations citoyennes qui sont les leurs. Par ailleurs, cette catégorie de la jeunesse est intéressante à rencontrer parce qu’elle est impliquée dans des univers sociaux et professionnels contrastés, notamment en raison de la diversité des métiers et des cursus de formations qui la caractérisent.

 


LA REALISATION - FILMER LA FABRIQUE CITOYENNE DES JEUNES APPRENTIS

 

L’idée du film est de réaliser une série de portraits de jeunes apprentis dans la Région Bourgogne, particulièrement représentatifs de certains métiers (bâtiment, boulangerie ou boucherie, mécanique, esthétique ou coiffure, restauration, métiers agricoles…). Nous irons à la rencontre de ces jeunes, âgés entre 16 et 19 ans, et scolarisés dans les niveaux IV (CAP) et V (BEP et Bac professionnel), dans un CFA[4] de la région. La région Bourgogne est l’une des régions françaises qui comptent le plus grand nombre d’apprentis : ceux-ci représentent 8,6% de la population jeune âgée entre 15 et 19 ans.

 


Plus de 12 000 apprentis dans les quatre départements bourguignons

 

Par secteur :

40% dans le secteur interprofessionnel (5 000)

25% dans le Bâtiment (3 000)

13% dans l’agriculture (1 650)

10% dans l’Industrie (1 100)

Divers 1 500

 

Par sexe : 8 800 garçon pour 3 300 filles

 

Par Niveau : 7 700 de niveau V, 2 800 niveau IV, 1 200 niveau II, 400 de niveau II et I.

 

Par tranche d’âge :

16-19 ans : 9 200 jeunes (dont 7 000 garçons)

20-25 ans : 2 800 jeunes (dont 1 800 garçons)

 

Par Zone géographique :

Yonne :                        2 500

Nièvre :                        1 600

Côte d’or :         4 500

Saône et Loire :             3 500

 

 

Il s’agira dans un premier temps d’organiser des rencontres avec plusieurs jeunes et de créer des espaces de paroles et d’échanges en groupes pouvant être filmés. Ces rencontres permettront de connaître de façon plus étroite certains d’entre eux et de choisir six jeunes, trois filles et trois garçons, avec lesquels des entretiens individuels filmés à la fois dans le cadre familial, dans le cadre scolaire, et dans le cadre de l’entreprise, seront réalisés. Le film s’articulera autour d’interviews de ces jeunes apprentis, mais notre ambition est de le rendre très vivant, au plus près de la réalité quotidienne de leur vie, en les filmant dans leur environnement habituel : familial (leurs origines), amical (leurs relations), scolaire (avec leurs professeurs) et bien entendu professionnel (sur leur lieu de travail, avec leurs collègues et leurs patrons). Ce film sera comme une invitation à rentrer dans leur vie, à partager leurs préoccupations. Il restituera une  diversité de lieux, d’images, de personnages. Il donnera à voir de façon très concrète des métiers, des savoirs faire, des compétences. Il montrera des cheminements à la fois professionnels, personnels et citoyens. On y  verra un jeune mécanicien dans son garage, un boulanger à ses fourneaux bien avant l’aurore, ou encore une jeune coiffeuse s’essayant à la coupe de cheveux….Des entretiens individuels, mais aussi des discussions collectives, seront filmés, en classe, dans les ateliers, dans le cadre de leur  vie familiale, ou dans leurs moments de loisir et de détente. La parole leur sera donnée. Mais aussi la possibilité de témoigner d’un vécu propre. Le film permettra de rendre visible une jeunesse à coup sûr méconnue,  souvent silencieuse car absente des médias. Il fera entendre ce qu’ils ont à dire sur la société au sein de laquelle ils évoluent. Le contenu des entretiens couvrira trois volets :

 

-       Leurs liens à la famille, à l’école et à l’entreprise

-       Leur projet de vie et leurs représentations de l’avenir

-       Et bien entendu, leurs valeurs, leurs opinions et leurs choix politiques, car c’est l’objectif que de les amener sur ce terrain et de comprendre les formes de leur politisation.

 

Le film aura pour unité de lieu un CFA interprofessionnel situé dans la région Bourgogne comportant plusieurs classes d’apprentis représentant différents métiers. Le film s’ouvrira sur la vie quotidienne dans ces CFA et sur les discussions collectives qui seront organisées dans les classes. Nous sélectionnerons des classes à dominante masculine, préparant à des métiers spécifiques concernant davantage les hommes (mécanique, bâtiment, alimentaire…) et des classes à dominante féminine (esthétique, tourisme, secrétariat…). En les faisant s’exprimer sur la politique, sur leur conception de la citoyenneté, sur la société qui les entoure, le regard se posera plus précisément sur certains d’entre eux qui auront été choisis en amont, et qui feront l’objet d’un portrait individualisé et personnalisé.

L’année 2014 est une année électorale (élections municipales en mars, élections européennes en mai), donc une année riche en événements et en débats politiques. Certains des jeunes filmés seront confrontés à leur premier vote. Le film restituera le parcours des premiers choix politiques, les raisons de leurs votes mais aussi de leurs non-votes, puisque l’abstention est un comportement dominant au sein de la jeunesse, et tout particulièrement parmi ces jeunes peu diplômés. La trame du film est bien de donner à voir toutes les facettes de la fabrique citoyenne qui est à l’œuvre au sein de cette population d’ « Apprentis électeurs ».

 

La construction du documentaire alternera entre portraits de groupe (les classes, le CFA) et portraits individuels (les 6 apprentis choisis, 3 garçons et 3 filles). Durant les 52 minutes du film, un aller-retour entre chacun des six  jeunes et leur classe sera régulier. Le spectateur pourra suivre et retrouver chacun des six jeunes tout au long des différentes séquences et des différents volets à contenu spécifique qui construiront la narration du film.

 

 

Six portraits de jeunes en apprentissage

 


NOTE de PRODUCTION

 

 

« Apprentis Electeurs » s’inscrit dans la continuité du travail commencé avec Anne Muxel sur le film « Famille, dispute et politique » en 2012.

 

Il s’agit ici de montrer ces jeunes confrontés précocement au monde du travail, effectuant des études courtes et « manuelles », en alternance entre l’école et l’entreprise. Ils ont, de même que l’ensemble de la jeunesse peu ou pas scolarisée, des rapports à la démocratie et à la politique différents des autres jeunes poursuivant des études générales et supérieures. Plus généralement, leur mode de vie et leur représentation du monde diffèrent de ceux des étudiants.

 

L’accent sera mis sur la richesse et la diversité des lieux et des situations. S’il est composé de différents portraits, moins de place sera laissée aux interviews, tandis que les protagonistes seront montrés dans leurs univers familiaux, amicaux, scolaire et professionnels et pourront interagir entre eux (dans le CFA) et avec de nombreuses autres personnes de leur environnement, qui eux-mêmes pourront être amenés à s’exprimer : le parent, l’enseignant, le collègue de travail, le patron… Rien de plus parlant qu’une cour d’école, une classe, et des univers professionnels variés : la charcuterie, les engins de chantier, la plomberie ou des cours de coiffure…

 

Le projet est déjà bien ancré en Région Bourgogne, et des partenaires comme le Cercle Condorcet d’Auxerre et la Ligue de l’enseignement (avec lesquels nous avons étroitement collaboré sur le documentaire précédent), la Ville d’Auxerre ainsi que la Région, ont manifesté leurs désirs de voir ce film se réaliser. Ils nous ont d’ores et déjà confirmé leur soutien logistique et financier. Un réseau d’entreprises sollicitées et intéressées par le projet a été constitué et permettra aussi de solliciter certains moyens pour mettre en œuvre le film. Enfin, le réseau enseignant des CFA fournira aussi des ressources essentielles à la réalisation de ce projet. Le film sera coproduit par la société 5ème étage production, distingué dans le monde du documentaire et des nouveaux médias.

 

Nous espérons vivement que FRANCE 3 BOURGOGNE saura nous accompagner dans cette nouvelle collaboration, et poursuivre le travail de documentaire de sociologie politique que nous avons initié en 2012 avec Anne Muxel.

 

Gabriel Festoc et Nelson Ghrénassia

 

Fiche technique

 

Un film écrit par Anne Muxel

Réalisé par Anne Muxel

Produit par Gabriel Festoc et Nelson Ghrénassia

Durée : 52 minutes

 

 

 

Calendrier prévisionnel

 

-       Mars-Juin 2014 : prises de contact avec le CFA, le personnel scolaire, organisation des réunions de groupes et sélection des six jeunes qui feront l’objet d’entretiens individuels

-       Septembre-Décembre 2014 : tournage des entretiens collectifs dans les classes et tournage des portraits individuels

-       Janvier-mars 2015 : post-production

-       Avril 2015 : livraison du film  


ANNE MUXEL

 

Anne Muxel, sociologue et politologue, est directrice de recherches CNRS en science politique au CEVIPOF, Centre de recherches politiques de Sciences Po. Elle travaille dans le domaine des attitudes et des comportements politiques, en privilégiant d’une part la sociologie électorale et d’autre part les phénomènes de socialisation politique, de transmission intergénérationnelle et de construction de la mémoire.

 

Ses travaux dans le champ de la sociologie politique s’attachent à la compréhension des formes du lien des individus à la politique : nouvelles formes d’expression et de participation politique, analyse du comportement électoral, significations de l’abstention. Elle a conduit de nombreuses recherches sur le rapport des jeunes à la politique, tant dans un cadre national que comparatif au niveau européen. Elle a mené de nombreux travaux sur la transmission des valeurs dans la dynamique générationnelle et est une spécialiste reconnue des études sur la jeunesse.

 

Elle fait partie du comité de rédaction de la Revue française de sociologie et est actuellement membre du conseil scientifique de l’Association française de science politique. Elle dirige, avec Pascal Perrineau, la collection CEVIPOF/Autrement aux éditions Autrement.

 

En 2012, elle conçoit et réalise son premier documentaire pour Public Sénat, France 3 et Tv Tours « Famille, dispute et politique ».

 

Ses derniers ouvrages sont : Toi, moi et la politique. Amour et convictions, Seuil, Paris, 2008, avec Bruno Cautrés, Comment les électeurs font-ils leur choix ? Le Panel Electoral Français 2007, Presses de Sciences Po, Paris, 2009, Avoir 20 ans en politique. Les enfants du désenchantement, Seuil, Paris, 2010, La politique au fil de l’âge, Presses de Sciences Po 2011. Son dernier ouvrage, La vie privée des convictions. Politique, affectivité, intimité, sera publié aux Presses de Sciences Po en janvier 2014.

 

 

 

Yukunkun Productions

 

Fondée en 2009 par Gabriel Festoc et Nelson Ghrénassia, Yukunkun Productions est une société de production indépendante développant des projets dans le domaine de la fiction et du documentaire.

 

Contact :

Nelson Ghrénassia

Yukunkun Productions

5 passage Piver

75011 Paris

01 49 96 57 47 / nelson@yukunkun.fr



DOCUMENTAIRE


FAMILLE, DISPUTE ET POLITIQUE, réal Anne Muxel. Avec la participation de Public Sénat, de France3 Bourgogne, de TV Tours et le soutien du Cevipof

En coproduction avec Maya Groupe, en partenariat avec le CNC

 

MIGRANTES, web-documentaire. En co-production avec Cinétévé, en partenariat avec Rue89 et l’aide au développement nouveaux médias CNC 2010

Sélectionné aux BIPS (Sunny Side of the Dock La Rochelle 2010), Pixel Lab et Pixel Cross-media Forum (Cardiff, Londres 2010)

 

FICTION

 

o   A CHEVAL DANS UNE MAISON VIDE – 26 min – F. Carpentier

Avec le soutien de la Région Rhone Alpes et du CNC

o   MARS – 19 min – M. Douaire

Avec le soutien de la région Picardie, de la Sacem, de la Procirep et du CNC

o   POUR TON BIEN – 17 min – d’Ibtissem Guerda

Avec le soutien de la Ville de Mantes-laJolie et de la Procirep-Angoa

o   DESOLEE POUR HIER SOIR – 2012- 19 min - Hortense Gélinet

En coproduction avec Les Films du Kiosque. Préachat France Télévisions – CNC Cosip

o   SWEET MOSQUITO – 2012 – 15min - Najar et Perrot

Pré-achat Canal+. Avec le soutien de la région Languedoc Roussillon et de la Procirep et la participation du CNC (Cosip) – Achats Russi, Pologne, Sudèe, Tv5 Monde.

Plus de 4à sélections et 9 prix

o   CONVERSATION AVEC UN EPOUVANTAIL ‒ 2011 ‒ 18min ‒ Sylvain Dieuaide

Avec le soutien de la Ville de Paris, en partenariat avec le CNC

o   TUER L’ENNUI – 2011 ‒ 14min ‒ Julien Paolini

En coproduction avec Kidam et Fulldawa, Soutien Jeunesse et Sports. Achat Canal+




[1] Anne Muxel, Avoir 20 ans en politique, Les enfants du désenchantement, Paris, Seuil, 2010

[2] Enquête Post-Electorale du CEVIPOF réalisée par Opinion Way, juin 2012

[3] Chiffres INSEE 2012

[4] Il existe 31 CFA en Bourgogne qui représentent quatre grands secteurs d’activité : interprofessionnel, bâtiment, agriculture et industrie