Que l’on soit pour Macron, pour parce que contre Marine Le Pen, ou pour parce que le choix est celui-là et qu’il faut faire avec, on doit malgré tout bien admettre qu’on ne s’attendait pas à lui découvrir une adversaire aussi pathétique.

 

Marine Le Pen lors du débat du 3 mai 2017 (D.R.)

 

Son rictus destiné à imiter la détente d’un joyeux tigre sur le point de se délecter du lapin en face de lui après lui avoir arraché les oreilles et l’avoir un peu dépiauté juste pour le fun, cachait mal une peur que par ailleurs son attitude trahissait : racrapotée vers la table comme pour avoir quelque chose de stable sous les avant-bras, grimaçante, cherchant des yeux un sourire complice de la part des deux journalistes après un rire forcé, virant presque, vers la fin, à l’hystérie en allant jusqu’à parodier Les envahisseurs pour jouer Marine Super-Cool.

Un bully de cour de récréation qui avance dans la vie non pas en grandissant, mais en ridiculisant les efforts d’autrui, et qui prend le regard choqué de l’autre pour une glorieuse victoire.

Venue pour présenter son programme, avec des dossiers qu’elle consultait fiévreusement (on a échappé de justesse à la toge et jeux de manches d’avocat, mais elle a bien rappelé, avec une mine d’adolescente que l’on chatouille, qu’elle avait été avocate et connaissait bien ce monde-là ah oui, et qu’elle avait bien des choses à en dire – on n’en doute pas… ) et dont elle mélangeait les feuillets, elle a utilisé ce temps précieux pour inlassablement démonter le dernier quinquennat, attaquer le programme de Mr Macron, et a déliré ça et là sur divers sujets. Proposant des guérites de douaniers contre le terrorisme, la pension à 60 ans mais plus aussi tout de suite qu’annoncé, et maintes solutions venues de son dossier « on n’a qu’à, c’est bien simple ».

Un clown. Mauvais. Ridi Pagliaccio

Ça pour rire, elle riait. Sans se rendre compte qu’elle riait d’elle. Avec une grande audience, nul doute.

Imaginer cette femme, cette femme grotesque et arrogante qui se contente de mensonges, de commedia dell’Arte très mal dosée et d’à peu près dans les faits et exposés, à la tête de la France… Non, Marine Le Pen, ce n’est pas ça, rendre son visage à la France, rendre la France aux Français. Vous avez dû lire un mauvais livre d’histoire…

La presse nationale et internationale n’a pas manqué de relever les nombreuses inexactitudes de ses accusations, et il est probable que le « sourire » de Marine aura une célébrité proche de celui de Mona Lisa.

Quel dommage ... 

 

                                                                            Suzanne DEJAER