L'hiver n'en finit pas : neige, verglas, froid, températures en-desous de zéro. Le fantôme de l'abbé Pierre ressurgit comme si on s'y était habitué. Un Français sur dix serait mal logé. C'est la conclusion du rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre, qui propose notamment d'imposer des quotas de logements à loyers accessibles dans tout programme immobilier.

La crise du logement s'aggrave dans la durée, et la crise économique fragilise énormément de ménages. Le logement apparaît comme un facteur d'appauvrissement mais aussi comme une nouvelle source d'inégalité. Selon la Fondation, le mal-logement recouvre des situations très diverses qui concernaient 10,1 millions de personnes en 2009, dont près de 600.000 enfants. Sur ce total, 3,5 millions de personnes - soit 15.000 de plus qu'en 2008 - sont «non logées» ou «très mal logées».

La construction neuve est en chute libre, l'offre immobilière s'est contractée. il manquait 900.000 logements en fin d'année 2009, soit 100.000 de plus qu'à la fin 2008. Parallèlement, le coût annuel moyen de la location ou de l'achat d'un logement ne cesse de progresser (+23% pour l'achat, entre 2002 et 2007), et les nouveaux acquéreurs doivent s'endetter sur des périodes toujours plus longues (14 ans en moyenne en 2001, 18 en 2009).

Les chiffres sont têtus et expriment une réalité dure. La situation continue de s'aggraver désespérément en dépit de toutes les bonnes intentions. Force est de constater l'impuissance du politique à régler cette question cruciale.