Même les riches seront mis à contribution ... ces propos tenus par le chef du gouvernement en disent long sur le mode de gouvernance en France. On ne s'attardera pas sur la sémantique liée à la rigueur, réduite à la diminution des dépenses publiques en attendant les impôts nouveaux, inéluctables.

Comment peut-on régler des problèmes d'endettement lourd par de l'endettement ? Telle est pourtant l'équation définie dans l'urgence par l'Europe pour parer au plus pressé. Ce nain politique  a grandi de 1 centimètre pour ne pas sombrer, ce weejk end. Le lendemain, les bourses exubérantes ont salué le plan européen, rebondissant après des jours de chute libre. Pour la première fois, l'Europe a rejeté ses carcans monétaristes et mis en cause la sacro-sainte indépendance de la BCE (banque centrale européenne). Pour la première fois, une coordination économique et un semblant de solidarité se sont esquissés. 

La démonstration a été faite, provisoirement certes, que la seule réponse aux marchés et à la crise ne pouvait être que puissamment collective. Sans quoi, la défaillance de l'un est susceptible d'entraîner la défaillance de tous par un effet domino. En somme, ça ne peut marcher que si les états abandonnent une partie nécessaire et suffisante de leur souveraineté au profit d'un gouvernement des états-unis d'Europe.

Les Vingt-Sept sont-ils prêts à abdiquer de leur souveraineté pour réguler marchés et banques et pour coordonner leurs politiques budgétaires et fiscales ?

La réponse est pour l'heure, non. Au contraire, la tendance est que chacun fasse sa cuisine. La disparité structurelle entre des pays comme par exemple l'Allemagne et la Grèce est-elle pour autant tenable ? Non.

Alors c'est l'impasse et d'autant plus que le prix à payer de la nouvelle politique européenne définie dans le plan de sauvegarde et de solidarité, est élevé. C'est le paradoxe. Voici venir le temps des vaches maigres après les vaches grasses, car ces centaines de milliards il va bien falloir que quelqu'un les paye et les rembourse.

La multiplication des ministères et secrétariats d'Etat, les déplacements en avions privés à 116 000 euros le voyage, les gaspillages des campagnes de vaccination mal préparées, ne pèsent pas lourds face aux efforts qu'il va falloir consentir.

Même les riches vont être mis à contribution, explique-t-on en haut lieu avec beaucoup de pédagogie... En attendant, les pauvres payent déjà : aides sociales, allègements de charges pour les plus nécessiteux, aides à l'emploi font l'objet du premier tour de vis présidentiel.  D'autres tours de vis arrivent.

On veut une Europe forte (pas le machin qui déraille) mais on ne veut surtout pas qu'on touche à sa petite souveraineté. Or l'Europe c'est nous, ce sont les états. Nous avons donc l'Europe que nous méritons. Pour le moment.

P-J.G.