Les manifs c’est bien mais ça ne changera pas grand-chose pour Canto. Faut s’attaquer à la base du système : les banques. Si 3 à 10 millions de Français retirent leur argent de leurs comptes, "alors là on va nous écouter", dixit Eric Cantona formé au centre de formation de l'AJA. On va voir mardi 7 décembre jour d'appel pour vider les comptes. Cantona est taclé de toutes parts d'autant que retirer son argent de la banque ne se fait pas en un jour pour des raisons techniques. Au-delà, ce mouvement d'humeur et de protestation traduit un profond ras-le-bol des Français

Les banquiers sont dans leurs petits souliers. Ils sauront, mardi 7 décembre, si l'appel d'Eric Cantona à vider en masse les comptes en banque a été suivi. En octobre, dans une vidéo diffusée sur Internet, l'ancien attaquant devenu acteur avait plaidé pour un «bank run» (panique bancaire) pour faire la «révolution».

«S'il y a trois millions de personnes qui retirent leur argent des banques, le système s'écroule», avait-il martelé. Une suggestion immédiatement reprise par deux internautes, via le site bankrun2010.com, qui ont décidé de planifier l'événement le 7 décembre dans plusieurs pays d'Europe.

Les politiques s'en mêlent

Pour augmenter le buzz, une page Facebook intitulée «Révolution! Le 7 décembre, on va tous retirer notre argent des banques» a également été créée. Dimanche, plus de 36.000 internautes étaient inscrits pour participer à l'événement et 27.000 pensaient peut-être rejoindre le mouvement.

Une menace qui n'a pas été prise à la légère par certains banquiers, à l'instar de Jean-François Sammarcelli, directeur délégué de la Société générale qui a déclaré vendredi: «Il n'y a rien de pire dans l'histoire qu'un “bank run”.» Christine Lagarde et François Baroin ont aussi vivement réagi, taxant Cantona d'irresponsabilité et l'invitant à se cantonner au football.

(Avec 20minutes.fr)

Les précédents

L'appel du 7 décembre n'est pas à proprement une panique bancaire, puisqu'il est planifié et vise à punir le système. Il ne se transformera en "bank run" que si l'ampleur de la mobilisation est telle que les autres clients finissent par trouver à leur tour plus "rationnel" d'aller vider leurs comptes de crainte que le système s'écroule. L'économie mondiale a déjà connu ce type de phénomènes à plusieurs reprises, toujours en période de grande crise.

- En 1907, un épisode connu sous le nom de "panique des banquiers" aux Etats-Unis accula de nombreuses banques et entreprises à la faillite après d'inombrables retraits de liquidités.

- Pendant la Grande Dépression, en 1929, un nouvel épisode de "bank run" secoua les Etats-Unis. Il sera immortalisé par Frank Capra dans American Madness (La ruée) en 1932, puis dans dans It's a Wonderful Life (La vie est belle) en 1946 :

 

- Lors de la crise économique argentine, en décembre 2001, le gouvernement a limité les retraits à 250 pesos par semaine pour stopper le phénomène. Cette mesure, surnommée "corralito", provoqua au contraire la panique de la population, chacun tentant de retirer ses dépôts des banques, et la chute du gouvernement trois semaines plus tard.

- En septembre 2007, en pleine crise des subprimes, une véritable panique s'est emparée des clients de l'institution britannique de crédit hypothécaire Northern Rock, après des rumeurs sur son manque de solvabilité. Les déposants commençant à faire la queue pour retirer leurs économies, le gouvernement a été contraint de nationaliser l'établissement pour éviter sa disparition.

- En juillet 2008, des centaines de clients se sont rués dans les agences d'IndyMac Bancorp pour retirer leurs avoirs, en dépit du fait que la banque régionale californienne avait été repris quelques jours plus tôt par les autorités fédérales pour éviter sa faillite.

(Avec Le Monde)