Il semble se confirmer qu'une dispute entre jeunes a éclaté dans le car scolaire qui a été percuté à l'arrière par un train venant de la gare d'Auxerre, mardi soir à 18h28, au passage à niveau de Jonches.

Le témoignage d'un jeune qui en est sorti indemne va dans ce sens. Le chauffeur a dû intervenir une seconde fois pour calmer les esprits. ce jeune a entendu un klaxon puis ce fut le choc. Il ne s'est pas du tout rendu compte que le car était à l'arrêt entre les deux barrières fermées.

Cela expliquerait pourquoi le chauffeur n'a pas répondu aux appels de phare et aux coups de klaxon actionnés par Boualem Laaraj, un Auxerrois qui arrivait en face au moment où les barrières se sont baissées, piégeant le car scolaire. Le chauffeur devait être occupé à rétablir l'ordre.  "J’ai fait des appels de phares et puis j’ai klaxonné. Malheureusement, en vain. Le bus ne bougeait pas et je ne distinguais pas de chauffeur au volant...."

30 secondes vitales

Il y a exactement 30 secondes entre le baisser des barrières et le passage du train. Cela peut paraître de prime abord très court, mais c'est en fait assez long. Or le car des rapides de Bourgogne qui ramenait des élèves âgés de 14 à 16 ans, d'Auxerre à Saint-Florentin, s'est engagé alors que la barrière était levée. C'est après qu'il se soit arrêté ; pour une raison qui reste à déterminer officiellement grâce à l'enquête en cours. En supposant que les barrières se sont abaissées juste après l'arrêt du car au milieu des voies, on peut penser que le chauffeur était déjà retourné en direction de l'arrière du car où règnait le chahut. Cela expliquerait qu'il n'a pas vu la barrière devant lui s'abaisser sans quoi il aurait fait avancer le véhicule promptement, sauf incident technique (moteur cale ou ne repart pas). Précisons qu'il n'a pas vu la première barrière s'abaisser non plus, puisqu'il a pu passer sans problème.

En revanche, ce chauffeur expérimenté et irréprochable, affirme la directrice des Rapides de Bourgogne, a dû mal évaluer sa position. Il devait être persuadé que le car avait complètement franchi le passage à niveau et était à l'abri de toute mauvaise surprise.

Or, si on suit le raisonnement, il ne savait pas qu'un train allait arriver puisque la première barrière était levée.  Son erreur de jugement concerne le positionnement du bus, car l'arrière débordait à peine sur la voie de chemin de fer Lorsque le klaxon du train a retenti, il était déjà trop tard. Ca s'est joué à peu de choses puisque le car n'a pas été pulvérisé, ne présentant qu'un trou à l'arrière droit.

Reste à connaître l'intensité de la bagarre dans le car de transport scolaire dans lequel il n'y avait aucun surveillant, autre que le chauffeur, pour la trentaine d'élèves. C'est l'usage. Une grosse bagarre court-circuite momentanément l'environnement.

Le chauffeur comme les élèves transportés est de Saint-Florentin

Boualme Laaraj, seul témoin direct explique : "Je suis sorti de ma voiture. Dans un premier temps, j’ai cru que le bus était vide. Il faisait noir. Et puis j’ai vu le chauffeur et des gens debout. Je me suis précipité vers eux alors que des ambulanciers privés étaient en train d’appeler les pompiers. Les pompiers ont mis dix minutes à un quart d’heure pour arriver. Avant cela, avec les ambulanciers et les premiers témoins, on a secouru les enfants. C’étaient des adolescents. Ils étaient très choqués. Beaucoup avaient des blessures et présentaient des plaies au visage. Certains avaient mal au dos, d’autres aux jambes. C’était la panique. On a emmené les jeunes sur le trottoir, on les a assis et on leur a dit d’attendre les secours. Moi, je suis remonté dans le bus. Il y avait une jeune fille allongée par terre et qui ne parlait pas. Elle respirait, mais elle ne répondait pas quand on lui parlait... "

Boualem Laaraj poursuit : "Le chauffeur c’est un homme dont je dirais qu’il a entre 40 et 50 ans. Il a paniqué. Il s’est mis dans un coin, un peu à l’écart. Il ne disait rien. Je crois qu’il était en train de réaliser les conséquences de ce dramatique accident. La question que je me pose, c’est pourquoi il s’est arrêté au milieu du passage à niveau. J’espère qu’on va savoir."

Le chauffeur expérimenté et réputé excellent professionnel a été placé en garde à vue. Il est interrogé par les enquêteurs afin de déterminer le scénario de ce drame qui à quelques dizaines de centimètres près, aurait pu se transformer en tragédie.

Comme les élèves qu'il transportait, le chauffeur du car demeure à Saint-Florentin.

La prostration de l'homme accablé dans un coin, tel que le décrit le témoin de l'accident Boualem Laaraj, peut s'expliquer doublement : voilà quelques mois, le chauffeur a perdu un fils, tué dans un accident de la circulation.

                                                                                                                                                  P-J. G.