"La Poste a changé de statut juridique : elle s'est transformée en entreprise privée. Depuis le 1er janvier, le marché est soumis à la concurrence conformément aux directives européennes. N'importe qui ou presque, peut théoriquement, de son garage, décider de distribuer du courrier dans un secteur ou une ville, à des prix compétitifs.

"La Poste est confrontée à une profonde mutation qui reflète les mutations de la société. La nature du trafic postal a beaucoup changé. Il n'y a plus beaucop de courrier "noble" (lettres, cartes de voeux etc) du fait de l'explosion d'internet qui va plus vite, coûte moins cher et est plus ludique, plus social en termes de réseaux.

" La problématique actuelle n'est pas tant de gagner de l'argent que de ne pas en perdre ou plus exactement d'en perdre moins.

" Cela peut expliquer la ligne de négociation à marge étroite. J'ai conscience que c'est difficile. Cela dit, il y a l'art et la manière de parler, d'écouter l'autre, bref de respecter la partie adverse. C'est un art royal.

" Concernant l'organisation du travail, il est logique et normal qu'elle évolue et puisse évoluer, dans ces conditions. Ce qui compte, pour un facteur, ce sont les 35 heures à accomplir. La configuration de son travail, l'organisation de l'entreprise, sont étudiées et discutées avec les partenaires en interne selon les modalités de concertaion et de participation prévues par la loi. Il faut que chacun y mette du sien, les exigences personnelles ou catégorielles ne peuvent prendre le pas sur l'intérêt bien compris de l'entreprise.

" Ce combat des facteurs à Auxerre, s'il est pathétique voire sympathique, est, qu'on le veuille ou non, un combat d'arrière -garde. Les mutations profondes sont devant nous donc à venir. Alors vaut-il mieux reculer pour mieux sauter ou essayer d'anticiper l'évolution ?

" Le métier de facteur reste, aujourd'hui, un beau métier. Les facteurs le savent en leur for intérieur. S'ils luttent avec dignité, c'est bien parce que leur métier demeure un vrai métier.