Dans l'Yonne, Sens, Joigny, Toucy, Perreuse et Auxerre sont concernés par un vaste projet d'enfouissement de gaz carboniques comprimés profondément dans le sous-sol au niveau des roches calcaires, au niveau du jurassique.

Quelle est la problématique ? Depuis Kyoto et le Grenelle de l'environnement, la limitation des gaz à effet de serre s'impose à tous pour "sauver la planète" du réchauffement climatique. Gros producteurs de gaz carbonique, les industriels sont contraints de piéger le gaz carbonique au niveau de la production et de le stocker, puisqu'il ne peut plus être rejeté dans l'air et l'espace. Telle est la problématique de la raffinerie Total et de l'usine d'engrais GPN située à côté, à Grandpuits en Seine-et-Marne. Elles produisent des quantités énormes de gaz carbonique (CO2) et il faut bien les mettre quelque part. Comment ces industriels vont-ils évacuer leur CO2 ?  Par Carboduc (pipeline jusqu'à l'aire d'injection) ou par liaison routière ?

Au delà des efforts nécessaires pour le développement massif des énergies propres, l’une des solutions pour réduire les émissions de CO2 dans l’atmosphère, consiste en effet à le capter à la sortie d’installations industrielles particulièrement émettrices, à le transporter vers des zones propices au stockage souterrain puis à l’injecter dans des couches géologiques profondes jugées aptes à le retenir sur de très longues périodes de temps.

Outre les questions de la faisabilité technique, de la viabilité économique et de l’efficacité environnementale d’une telle solution, se posent les problèmes de la sécurité des personnes et des biens ainsi que de l’impact sur le milieu environnant, à court et long-terme, de telles opérations.

Filière industrielle en devenir

La constitution de sites destinés à l'obtention des autorisations de stockage a été l'objet du projet PICOREF dans une aire géographique choisie du bassin parisien, projet initié dès 2005.

Les résultats des études géologiques, entre autres, indiquent que les atouts du secteur PICOREF qui couvre une partie de l'Aube et de l'Yonne, sont trois aquifères salins profonds d'intérêt majeur (dogger - calcaire- Oolithe Blanche, trias - grès- Rhétien, formation de Donnemarie), une couronne de gisements d'huile (une vingtaine de forages) ainsi qu'une base solide pour bâtir le projet pilote : l'ensemble des études "GéoCarbone".

Qui sont les partenaires de ce vaste projet en voie de finalisation ? Air Liquide, Brgm, l'Ecole Nationale Supérieure des Mines, Gaz de France, Géostock, l'institut français du pétrole, Ineris, SMP et Total. Un financement à hauteur de 2 482 104 euros opéré entre 2005 et 2008 avec une aide de 1 190 796 euros. Il n'y a pas eu de demande de labellisation / pôles de compétitivité.

Injecter et stocker en basse profondeur dans le sous-sol n'est pas sans risque. Un rapport de 133 pages sur les risques en phase d'injection de gaz carbonique comprimé a été établi par INERIS le 19 mars  2010.

Des forages d'huiles de schiste

Dans la zone test du côté de la montagne en pleine verdure entre Saint-Martin de Bosseney et Rigny-la-Nonneuse dans l'Aube en limite de l'Yonne, de nombreux forages n'étaient plus exploités car la production d'eau représentait 90% de l'extraction de pétrole. Ces forages ont été rachetés par la SPPE, une société basée à Montargis dans le Loiret dirigée par un ancien cadre d' une usine américaine. Pour quoi faire ? Extraire du pétrole avec des tuyaux à section plus petite ? Ces forages quasi épuisés disposent de poches vides dans lesquelles pourrait être injecté du gaz carbonique comprimé. La société pétrolière de production et d'exploitation (SPPE) fore de 1 000 à 3 000 mètres de profondeur du côté de Saint-Martin de Bosseney et alentours. C'est ce que souhaite réaliser la société française Toreador qui a obtenu plusieurs permis d'exploration dont un dans le Nogentais.
En mai dernier, l'entreprise française s'est associée à l'américain Hess, l'un des principaux producteurs de pétrole non conventionnel aux États-Unis afin d'évaluer le potentiel de production.

Les Américains investissent beaucoup dans les champs pétrolifères en Seine-et-Marne utilisant de nouvelles techniques notamment une technique dite de fracturation, qui est controversée car risquée. Cette technique, similaire à celle utilisée pour exploiter du gaz contenu dans des roches, est fortement décriée car elle nécessite d'injecter d'énormes quantités d'eau, de sable et de produits chimiques dans le sous-sol.
Devant la levée de boucliers provoquée par l'annonce de travaux de prospection de gaz de schiste dans le sud de la France, le ministère de l'Écologie a annoncé, vendredi dernier, le lancement d'une mission afin d'éclairer le gouvernement sur les enjeux économiques, sociaux et environnementaux des gaz et huiles de schiste.

Nathalie Kosciusko-Morizet a ajouté qu'« aucune autorisation de travaux sur le gaz de schiste ne sera donnée ni même instruite avant le résultat de cette mission ». En revanche, les autorisations pour les forages d'huile de schistes, comme c'est le cas dans le Nogentais, ont déjà été données.

Omerta

AUXERRETV a enquêté sur le terrain pour savoir si les tests et l'exploitation d'injection de CO2 étaient effectifs. Difficile à dire et impossible de le confirmer. Du côté de la mairie de Romilly-sur-Seine, on affirme ne pas être au courant du projet.

Idem pour habitués de l'Or Noir  seul restaurant et point de ralliement à Saint-Martin de Bosseney (Ndlr : une excellente table familiale, une cuisine saine et un prix très abordable autour de 12 euros le menu complet). La préfecture de l'Aube n'en dit pas davantage. Elle a diffusé le communiqué de la ministre sur le lancement d'une mission sur les gaz et huiles de schistes. Et affirme qu'elle va se renseigner auprès de la DREAL (direction environnement, aménagement et logement)

Alors AUXERRETV pose une question : pourquoi aucune information n'est-elle donnée sur un dossier aussi important et aussi sensibl,  initié en 2005 ?

Interrogé, le service communication de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine, est, lui, au courant de projets de forage par la voie de presse mais semble ne pas avoir eu connaissance de l'étude PICOREF d'injection de gaz carbionique dans le sous-sol. La centrale se profile au milieu du paysage bucolique truffé de forages discrets engoncés dans les vallons, entourés de clôtures hautes.

Il faut savoir qu'en cas de fuite de gaz dans le sous-sol et de contact avec l'eau, cela peut produire de l'acide carbonique qui détruit la roche. C'est un des risques sérieux.

La centrale de Nogent-sur-Seine a été bâtie en aval des puits de pétrole dans le bassin de la Seine qui coule dans le sens Romilly-sur-Seine- Nogent-sur-Seine. On n'ose imaginer ce qui pourrait se produire si le gaz carbonique injecté dans le sous-sol avait une incidence sur les roches supportants cette centrale. La stabilité de celle-ci en serait-elle affectée ?

Enfin, quels sont les risques pour la population ...?

La science sans conscience n'est que ruine de l'Homme et non juste l'âme, comme l'affirma Rabelais. Donc si c'est cette capacité de s'auto détruire qui fait de l'être humain ce qu'il est, on aimerait croire que ce n'est nullement vrai.

 

                                                                                                                      Pierre-Jules GAYE

 

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