A la fin du match de 1/8è de finale aller du championnat de France de Fédérale 3, décisif pour la montée en F2, les joueurs d'Angoulème ont tous levé les bras. Pourtant, ils venaient de perdre contre Auxerre, par un écart de deux petits points 28-26.

Pourquoi ce signe de victoire ? Parce que cette courte défaite place les joueurs de la Charente en bonne position pour le match retour, dimanche 5 juin, avec comme enjeu l'accession en fédérale 2. Ils sont désormais les favoris pour la montée à moins d'un miracle, phénomène qui ne fait pas partie de la panoplie de croyances des rugbymen Auxerrois, très terre à terre pour ne pas dire terroir et ce n'est pas Jeff Bersan qui dira le contraire.

Ce match fut disputé sous la canicule devant des tribunes garnies étendues à l'ombre du feuillage des arbres. Il fut à la mesure de l'aventure de la bande du RCA version 2010-2011. Il  fut enlevé, chaque équipe cherchant à se montrer conquérante dans tous les domaines du jeu. Pas de petits périmètres ni de grandes envolées lyriques, mais un rugby qui se voulait solide, construit, intelligent et enflammé par la volonté de bien faire.

Bouillot le cul par terre ...

A ce jeu les plus forts furent les visiteurs qui au bout de sept minutes menaient déjà sur le pré de Bouillot par 10 à 0. Quelle claque, quelle injure à l'ancien, quel aveu de trouillomètre à zéro ! Pour des gars de tempérament, bosseurs, à l'écoute de leur entraîneur, totalement commis par leur volonté de bien faire, c'était la négation de leur identité. Ainsi va la vie.

Mais les bougres, piqués au vifs, avants poids lourds en tête, se rebiffèrent pour tracer le sillon millénaire : celui du pack avant des terres Yonne, ses mauls pénétrants et sa troisième ligne de légende, chacun endossant humblement le costume des prédécesseurs qui ont abandonné coeur, abnégation, humilité, sueur et solidarité sur l'herbe de ce stade chéri.

Et voilà qu'Auxerre enclenche la marche en avant et enfonce la Charente subitement réduite aux cendres de l'impuissance, contrainte à user d'expédients tel l'écroulement calculé en mêlée devant la marée montante. Les Icaunais, ainsi nomme-t-on des lascars hors normes, tels les joueurs du Barça, avaient mis la main sur le ballon ovale (précisons-le) et du coup voilà la Charente mise et contrainte au régime de la disette. Pardi, comment voulez-vous qu'une équipe joue si elle n'a pas le ballon ? Elémentaire mon cher Watson... mais vérité cultivée par Cruyff le génie batave et relayée par Guardiola en Catalogne. Il existe des rugbymen qui apprécient le foot, un certain foot, c'est-à-dire une philosophie du jeu.

La prouesse d'Angoulème

Avec une volonté et une application de tous les instants, perturbées autant par les fautes techniques imputables à la transpiration due à la canicule, que par l'arbitrage des fédéraux d'autant plus excellent qu'on ne l'a pas toujours compris ; le pack Auxerrois a dominé son adversaire, le poussant dans ses ultimes retranchements. Faute de n'avoir pu ni su concrétiser un nombre certain d'occasions ..., y compris un essai évident qui crevait les yeux, sauf ceux de l'arbitre qui choisit d'aller consulter son juge de ligne placé du mauvais côté de l'action, les Bourguignons se retrouvent face à une montagne à gravir. Dimanche prochain. Mission quasiment impossible. Angoulème passe ses adversaires à la moulinette, à la mitraillette. Auxerre  aussi ? Cela reste à vérifier.

Eh oui, le XV Auxerrois aurait pu (du) faire la différence à Bouillot, de vingt points qui lui aurait permis d'envisager de voyager. Il se retrouve avec une victoire symbolique, courte mais réelle. Et une mission apparemment impossible.

Hommage, hommage géant au XV de la Charente qui a su endiguer le flot déferlant des fleurs de vigne de la vallée de l'Yonne, cette équipe vêtue de rouge et vert, avec ce maillot de la nuit des temps pour ces jeunes qui le portent avec tant de fierté.

La grande prouesse d'Angoulème est d'avoir résisté de toutes ses forces là où l'équipe est moins armée que son adversaire. Cela s'est joué à un poil.... Cela explique les bras levés des gars de la Charente dès le coup de sifflet final libérateur. Soulagés, ils ont commis un péché capital, révélant leur faiblesse. Un match n'est jamais joué et une victoire n'est jamais acquise qu'au coup de sifflet final.

Ces petits Bouilot là, s'ils y croient, s'ils sont lucides et capables de se montrer malins, dimanche, n'ont pas dit leur dernier mot. Quelque chose nous le dit, qui vient d'on ne sait où. Mais il ne faudra pas laisser le ballon à ces Charentais qui savent s'en servir, ni faire de faute car le serial marquer Matalau se chargera de les faire expier.

                                                                                                                                                 Pierre-Jules GAYE

 

Extraits du match, les essais... Interviews de JF Marck, Julien Prignot, Pascal Pic, Pascal Bourgeois, Damien Huré, Guillaume Colin et Olivier Mathiuzzo entraîneur d'Angoulème

FICHE TECHNIQUE

A Auxerre (Stade Pierre Bouillot ) : RC Auxerre bat Soyaux-Angoulème 28 à 26 (21-13).
Pour Auxerre : 4 essais de pénalité (20e) , Pajot (30e) , Waqairoba (39e) , Nectoux (59e); 4 transformations de David Laurin (20e,30e,39e59e).
Pour Soyaux-Angoulême :2 essais de Matalau(3e) et Mignière ( 74e) ; 4 pénalités (7e,37e,41e,46e) et 2 transformations (3e,74e) de Vletter.
Carton blanc à Soyaux-Angoulème : Bisserier (19e).

RC Auxerre :
Tissot Dupont (Marck,41)- Waqairoba (Bersan,72) , Schaller , Bouhey , D.Laurin- Nectoux(m) , Abuseridze (m )-Tchelidze (Manuohalalo , 68) , Pajot , Huré-Manuohalalo (Chouffeur,41), Braddle(Pradet,52)- K.Laurin , Poitevin (Slezack,55) , Clausse (Rego,48).

TOUT SE JOUERA A CHANZY DIMANCHE

Le compte rendu de la Charente Libre