(Capture d'écran DR)

Le professeur Pierre Pfitzenmeyer est décédé suite à un arrêt cardiaque vendredi 8 juillet, au cours d'un séjour en Italie. Il était le chef du service de médecine interne gériatrie du  CHU de Dijon et professeur à la faculté de Médecine de Dijon, depuis 1996.

Dans un communiqué, la faculté de médecine précise qu'elle veut saluer "l'investissement permanent du professeur Pierre Pfitzenmeyer tant auprès des malades au centre gériatrique de Champmaillot qu'auprès des étudiants en médecine". "Son décès est une grande perte pour notre faculté et pour notre communauté hospitalo-universitaire".

Le professeur Pfitzenmeyer n'avait pas hésité à démissionner en 2004 de son poste de Chef de service et à envoyer une lettre ouverte au Ministre de la Santé où il dénonçait la dégradation des conditions d'accueil des personnes très âgées. "Les conditions de soins des patients qui nous sont confiés ne sont plus admissibles et nous sommes à l'évidence dans un défaut de soin que j'ose qualifier de maltraitance vis-à-vis de ces personnes très âgées"

En juillet 2003, dans le contexte de la canicule, il s'était déjà révolté contre les conditions d'hospitalisation des patients très âgés dans son service. En 2007, il avait créé le Gérontopôle de Dijon, un centre de recherche et de formation spécialisé dans les soins aux personnes âgées et la gériatrie.

Pierre Pfitzenmeyer était un clinicien-chercheur assidu. Il a écrit une centaine d'articles dont la plupart ont pour objet les particularités des soins aux personnes âgées. Il a aussi publié pour le grand public.Son dernier livre publié en 2010, a pour titre " Prendre soin du grand âge vulnérable - Un défi pour une société juste." (L'Harmattan).

 

Les raisons d'une démission : Ne plus être complice de maltraitance

Voici un article paru dans Agevillagepro.com qui relatait les raisons de la démission du professeur Pitzenmeyer, le 5 ovembre 2003

"Le professeur Pierre Pfitzenmeyer travaille depuis 25 ans sur les champs de la gériatrie, de la nutrition, de la gérontologie.Son terrain d'action est le service de médecine du centre gériatrique de Champmaillot à Dijon. Il est aussi coordonnateur de l’ensemble du pôle personnes âgées du CHU.

A ce titre, il s'était indigné cet été des conditions de soins qu'il était obligé d'administrer à ses patients.Selon lui "toute la filière gériatrique est en insuffisance majeure »Il vient de franchir un nouveau cap en présentant ce 5 novembre 2004, sa démission à Philippe Douste Blazy.Après la forte déclaration de cet été, calmée par des promesses de nouveaux moyens, "sans colère mais après mûre réflexion", il ne veut plus être complice de situations de maltraitance.Il ne veut dénoncer encore et toujours, depuis 25 ans, une "situation intolérable" , qu'il ne peut "ni modifier, ni améliorer".

- Architecture, organisations inadaptées
- Patients très lourds, développants 6 à 7 pathologies
- Urgences saturées en permanence à Dijon : accueil des patients très âgés et fragiles sur des brancards, parfaitement inadaptés pour ces malades, dangereux et indigne, accueil en salle de télélvisions, voire dans les salles de bain des chambres déjà occupées
- Développement des escarres en moins de 24 heures... situation insupportable pour ce membre actif du "Club francophone gériatrie et nutrition", 25 ans de travail réduits à néant
- Le professeur Pfiztenmeyer restera médecin et professeur sur le terrain.Par cette démission il relance ce débat citoyen : faut-il privilégier une haute technicité porteuse d'espoirs et de gloire, ou une médecine de tous les jours pour tous ?Cette démission isolée va-t'elle déclencher un mouvement solidaire des acteurs concernés