En effet les pluies recueillies sur son sol demeurent relativement superficielles et ruissellent selon des pentes variables venant ainsi alimenter trois grands bassins hydrauliques de l'hexagone. Quand vous êtes sur l'A6 un panneau vous signale la ligne de partages des eaux entre le bassin de la Saône et du Rhone et celui de la Seine, mais n'oublions pas le versant ouest du massif qui irrigue le bassin de la Loire. Ainsi l'eau morvandelle se déverse en Méditerranéen, en Manche et dans l'Atlantique.

Votre surprise sera grande en vous promenant du côté de Saint André en Morvan , plus précisément aux abords du hameau d'Ouches, de découvrir en pleine forêt une architecture inattendue : celle d'un captage artificiel de la Cure à sa sortie du lac du Crescent . 8 kms parcourus en pleine nature pour amener cette eau dans un réservoir surplombant la rivière. Elle alimente la turbine de l'usine hydroélectrique de Bois de Cure, avant d'être rendue à sa chère et noire rivière. Cette réalisation date de 1932, elle a été financée en partie par le traité de Versailles, les « dommages de guerre » comme disent les gens ici.

De nombreux morvandiaux n'en connaissent même pas l'existence. Rendons ici hommage au savoir faire de nos anciens et soulignons le contraste saisissant entre la technologie et la nature.

Ce massif du Morvan est en quelque sorte une "île de granit" longue d'une centaine de kilomètres sur 30 à 50 kms de large. Une île au milieu de la Bourgogne calcaire. Le granit lui confère son caractère sauvage, car le sol acide et peu fertile, est contraignant pour l'agriculteur. Le massif est resté largement forestier, plus de la moitié de sa superficie appartient aux arbres. Ce sol relativement imperméable est ruisselant de rus et de rivières, lacustre. Les pluies sont fréquentes et abondantes : en moyenne 1 000 mm d'eau par an sur ses bordures et plus de 1 800 mm sur les sommets les plus élevés ; il pleut ou il neige en Morvan près de 180 jours par an sur les sommets. "De granit, d'eau et de forêts, tel est la Morvan".

Le sous-sol du Morvan renferme des nappes de faible profondeur (quelques mètres), donnant naissance à des sources nombreuses, les « mouillères » ou à des suintements diffus, favorisant ainsi l'existence d'importantes zones humides (tourbières, prairies humides...).

Les lacs morvandiaux ont été artificiellement créés par l'homme pour permettre le transport des bois par flottage, et pour régulariser le cours de la Seine après les crues de 1910. La recherche de l'énergie n'était pas absente des préoccupations et EDF a largement utilisé les eaux morvandelles pour sa production. Chacun des lacs possède sa turbine. Ils sont spectaculaires et constituent un fort atout touristique pour la région.

Le Morvan est une terre à part, à forte identité, dure et solide, une belle et grande Nature. La plage ne supporte que le soleil, le Morvan lui, est tolérant. Il sait se marier d'amour avec la pluie.

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Captage des eaux de la Cure au sortir du lac du Crescent (DR)