Les vestiges des communs ont été restaurés afin de pouvoir accueillir les visiteurs et exposer des documents.

Cette saison, déjà 6 000 visiteurs ont pu parcourir le site qui n'a pas beaucoup évolué par prudence et faute de parti pris de restauration. A l'automne un chantier de 5 ans va débuter qui concernera la restauration de la toiture en ardoise et l'enduit des cinq façades, à raison d'un pan et d'une façade par an. Minimaliste.

Le curieux château dans son ensemble, d'architecte inconnu, fut construit en trois ans à partir de 1566 (date de la signature des marchés), commandé par Antoine de Crussol duc d'Uzès, époux de Louise de Clermont-Tonnerre. En 1569, cette dernière s'installe dans le logis pour près de neuf mois.

Depuis 1997, date d'acquisition du château, il aura fallu attendre 14 ans pour débuter la restauration du toit après sa mise hors d'eau et l'enduit des façades qui courra sur 5 ans. L'opération de réfection complète des toitures, façades et tourelles du corps de Logis de Maulnes a été estimée, en 2008, à 5 130 000 euros TTC. Quant à la restauration ou plus exactement la réhabilitation de l'existant à l'intérieur de l'édifice qui constitue l'authentique intérêt, rien. Nombre de pièces ne sont pas visibles car elles ne font pas partie du circuit officiel des visites. Cela dure depuis de nombreuses années et on ne voit rien venir. Idem pour les douves sèches, l'exhumation du cryptoportique, les jardins (nombre d'espèces rares ont été anéanties par le nettoyage chimique) et murs d'enceinte, cour intérieur ou galerie. Certes un chantier de réinsertion est en cours (180 000 euros) et on ne peut que s'en réjouir mais il concerne le petit bassin extérieur et son empierrement.

Pourtant, les visiteurs sont de plus en plus nombreux à visiter le site en Tonnerrois. 6 000 déjà à la mi-août alors que la saison s'achève, fin septembre (8 000 en 2010). Beaucoup reviennent chaque année, afin de voir les évolutions et sont obligés de constater que le chantier n'avance guère, sinon symboliquement.

Une gestion par défaut

Force est de consater que la gestion de ce patrimoine d'exception est tombée a minima. D'aucuns argueront opportunément des contraintes budgétaires et de la situation économique qui impose des priorités budgétaires au conseil général. C'est en partie vrai. Il reste que Maulnes était doté de 10 millions d'euros au contrat de plan Etat-Région qui a couru à partir de 2000 jusqu'en 2007. Les crédits avaient été votés qui n'ont jamais été utilisés. Idem pour des crédits européens consommés en partie seulement en études mutliples de recherche qui ont entretenu l'attente voire le dilattoire. On a appris beaucoup sur le château, la composition des joints par exemple, mais rien de déterminant.

Quel gaspillage ! Même si la révocation, en 2002, mesure exceptionnelle, de l'architecte des Monuments histoirques par le sénateur président du conseil général de l'époque en vertu de son droit de propriétaire, fut sans doute une décision courageuse et nécessaire. Bruno Decaris avait cédé au charme de Maulnes - comme le fit feu Jean-Pierre Halévy, président du comité scientifique pour la restauration du château de Maulnes -  et avait conçu une restauration à la Viollet-le-Duc. Elle absorbait les crédits réservés mais était très discutable sur la philosophie de la restauration.

Maulnes ne nécessite pas de travaux grandioses. Tout le monde le sait et s'accorde la-dessus, le paysan du coin viscéralement attaché au lieu, comme le spécialiste le plus expert ( selon nous les professeurs, l'Américaine Naomi Miller du MIT de Boston et l'Allemand Jan Pieper, doyen de la Faculté d'Aix-la-Chapelle, professeur à Berlin).

Le château est le spectacle

Le château est en lui-même le spectacle dans toute son austérité, son dépouillement, son jeu de formes géométriques et de lumières. Encore faut-il le donner à voir totalement. Etre généreux et vouloir partager. Et cela commence par le début. Comment arrive-t-on à Maulnes ? Par le nord et pas par le sud comme actuellement où il faut grimper une côte raide d'escaliers par dizianes. C'est par le nord que l'on pénétrait autrefois dans Maulnes dans la cour d'enceinte circulaire sans savoir que l'on entrait dans un château dans lequel le visiteur pénétrait par la galerie reliant les communs au pentagone. Une fois dans le château, le visiteur ne savait pas qu'il était dans un château mais découvrait un étrange labyrinthe. Ce n'est que sorti dans le jardin côté sud nymphée) qu'il découvrait un aspect de l'édifice, en se retournant. C'est fondamental.

En quatorze années, nos gestionnaires élus se sont montrés incapables de négocier l'achat de parcelles de terrains nécessaires à la desserte intelligente de Maulnes sur le plateau. Faute de vision, de conviction de volonté politique et d'art de la négociation dès lors que nombre de réunions en ce sens ont échoué. En somme, on serait presque tenté d'écrire que le dossier Maulnes est géré par défaut. Pourtant ils sont nombreux les passionnés, y compris dans les services du conseil général, à se démener pour sauver et promouvoir ce trésor patrimonial qui compte parmi les "32 plus excellents batiments de France" figurant dans le premier livre d'architecture connu et imprimé en 1577 par Androuet du Cerceau, aux côtés d'Anet, Fontainebleau, Amboise, St Germain etc.

Statu-quo

Plus généralement, quel homme politique sera capable de gérer le département de l'Yonne autour d'une idée structurante, durable, en renonçant au saupourdage des actions bref au clientélisme ? Et influer sur le cours des choses ? Mais peut-être la sagesse constsite-t-elle à ne rien vouloir changer non plus que structurer. Les départements élisent les conseillers qui sont les électeurs des sénateurs. Dans chaque département, les sénateurs sont élus par un collège électoral lui-même formé d'élus de cette circonscription : députés, conseillers régionaux, conseillers généraux, conseillers municipaux, élus à leur poste au suffrage universel. Les sénateurs sont élus au suffrage universel indirect. Ce mode de scrutin est une entorse au principe de séparation des pouvoirs et explique en partie les dysfonctionnement du système.

En attendant, les crédits et subventions diverses, alimentés par les impôts citoyens, concourent à entretenir une bien médiocre gestion de Maulnes. Autrement dit, le statu-quo conforable qui convient finalement à tout le monde. Quand on lit les principes du projet de l'architecte des Monuments historiques (il est détaillé dans le cahier de Maulnes numéro 8, année 2008)) qui a succédé à Bruno Decaris, on a tout compris. Et lui aussi, il a tout compris. Lui, ne risque pas d'être révoqué.

                                                                                                                                                               Pierre-Jules GAYE

 



Le château de Maulnes : saison 2011


Le château de Maulnes sera ouvert au public pour la Saison 2011 du samedi 2 avril au mardi 1er novembre 2011 les samedis, dimanches et jours fériés de 14h30 à 17h30 (départ de la dernière visite) et tous les après-midis du 9 juillet au 4 septembre 2011.

Tarifs


Plein tarif : 2 €
Tarif réduit : 1 € (scolaires de plus de 12 ans, étudiants, demandeurs d'emploi).

Tarif groupe : 1,50 € (pour les groupes constitués de plus de 20 personnes = réservation obligatoire*)
Gratuit pour les enfants de moins de 12 ans.

Renseignements

Yonne Tourisme : 03 86 72 92 00 ou 03 86 72 92 10 (réservation groupes *).
Site Internet : www.tourisme-yonne.com

Coordonnées GPS :
Latitude N 47.89038 / Longitude : E 4.21481

* Du fait de la configuration des lieux, et des travaux de réhabilitation toujours en cours, il est absolument impossible de recevoir des groupes constitués (plus de 20 personnes) les après-midis d'ouverture au public individuel. Nous invitons les responsables de groupes à prendre contact avec Yonne Tourisme (03 86 72 92 10) pour convenir d'un rendez-vous en dehors de ces plages horaires.