Plus de votants au second tour n’était pas évident, les choix possibles plus restreints, les reports incertains : la dynamique d'une victoire escomptée en 2012 l’a emporté, comme en 2006 pour Ségolène Royal.

Ce succès du Corrézien mérite un petit coup d’œil dans le rétro. Qui en effet, il y a 8 mois aurait misé beaucoup sur le Président du conseil général de Corrèze, ancien premier secrétaire du PS alors que tous les yeux étaient braqués sur le New Yorkais, Directeur du FMI.

François Hollande avant même les ennuis éliminatoires pour DSK, avait déclaré sa candidature aux primaires et assurait la maintenir même si ce dernier était finalement présent sur la ligne de départ. On tient là sans doute un des fils de force du succès d’aujourd’hui. Martine Aubry, avec son pacte et ses arrangements avec l'ancien Maire de Sarcelles, est apparue comme moins déterminée, substitutive, même si après l’élimination du séducteur elle est apparue plus combative. Les Français ne s’y trompent jamais en la matière. Qu’ils soient de gauche ou de droite, ils savent toujours discerner avec beaucoup d’acuité celui ou celle qui en a le plus envie, le plus déterminé. Martine Aubry n’a pas réussi à imposer cette image. Le fameux « pacte » l’aura paralysée trop longtemps. 

Le succès de Hollande, c’est aussi celui de l’enracinement dans un terroir, pour lui la Corrèze, à l’image de Chirac, mais aussi celui de François Mitterrand en son temps en Nièvre, à Château Chinon. Les Français des villes ont tous des racines quelquefois lointaines mais jamais oubliées et qui parlent encore.

Le parcours de Hollande est également celui du « souffrant », de celui pour lequel les choses ne tombent pas toutes cuites dans la bouche. Pourtant premier secrétaire du PS en 2006 et donc candidat naturel à l’image de Jospin avant lui, il ne peut s’engager dans une primaire interne dominée par sa compagne. Il n’aura jamais été récompensé par le pouvoir mitterrandien ou jospinien pour bons et loyaux services par un quelconque poste ministériel, sacrifié sur l’autel de la bonne tenue du parti, des synthèses nécessaires qui lui seront ensuite reprochées. Sa vie à la tête du PS n’a pas été un long fleuve tranquille, loin s’en faut. Les Français aiment aussi ceux qui souffrent pour obtenir finalement la confiance ; il suffit de rappeler les longs cheminements, souvent rudes, d’un Mitterrand ou d’un Chirac là encore.

Le parti socialiste a maintenant un candidat officiel à la prochaine élection présidentielle. Le chemin est encore long et sera difficile pour les deux partis de gouvernement. En effet les vraies questions demeurent entières et les débats vont se faire plus précis et il va falloir dépasser les mots et les simples slogans. N’oublions pas la grande lassitude de nos concitoyens en cette période de crise pour l’ensemble des partis « institutionnels »,le « bruit de fond anti système » et l’attrait que pourront exercer Jean-Luc Mélenchon à l’extrême gauche et Marine Le Pen à l’extrême droite.

L'ambition est affirmée et reconnue; le destin reste à écrire.

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Mélenchon : "le programme de Hollande est assez court ..."