Aurélie Riglet, 25 ans, ingénieur chef de projet et pilote d'essai du prototype (DR)

Le secret de la potion magique de Panoramix n’ayant jamais été trouvé, l’homme recherche des moyens de décupler ses forces depuis déjà fort longtemps.

Conçu par la société Auxerroise Rb3d, l’exosquelette Hercule aide le corps humain à supporter jusqu’à 100 kg. Prévu pour être commercialisé dès 2014, il s’adresse à la fois à une clientèle civile ou militaire. Ce projet de robot dit coopératif, financé via le dispositif RAPID, (soutient aux les PME innovantes), a été développé par la société RB3D située dans la pépinière d'entreprises aux Mignottes.

 

Hercule, qui peut aider une personne à porter des charges allant jusqu'à 100 kilos, intéresse déjà beaucoup de monde (militaires, sauveteurs, adeptes du trekking, etc). Ce robot collaboratif - ou "cobot" - décuple la force de son utilisateur. Il a été présenté au Millipol, le Salon mondial de la sécurité intérieure des Etats, qui s'est tenu à Paris du 18 au 21 octobre. Le "cobot" dispose d'une autonomie d'environ 20 km. Il faudra compter aux alentours de 20 000 euros pour s'offrir ses services.



Aurélie Riglet, 25 ans, a fait des démonstrations devant un public médusé. Cette ingénieure en mécatronique (mécanique et électronique) a arpenté les allées en étant équipée de jambes mécatroniques, lui permettant de porter une lourde charge sans effort. Elle est le pilote d'essai d'Hercule, le premier exosquelette français et européen qui se dévoile en première mondiale au salon Milipol, le grand rendez-vous des professionnels de la sécurité.

L'aventure a commencé au début des années 2000. De jeunes ingénieurs fous de technologies, avaient l'habitude de se réunir pour échanger des idées. Ils ont lu les livres de science-fiction d'Isaac Asimov et autres Clifford D. Simak. Ils sont fans de «Strange», un des «comics» américains, ces magazines qui racontent les aventures de superhéros. «Nous voulions utiliser la robotique pour lutter contre les troubles musculo-squelettiques. Pour nous, le père des exosquelettes, c'est Iron Man», raconte Serge Grygorowicz, PDG fondateur de la PME dont le nom se veut un clin d'œil à 2DR2, le petit robot qui accompagne Luke Skywalker dans la saga «Star Wars».

La société est créée en 2001. Son siège social est situé dans la cave de la maison de Serge Grygorowicz. «Nous venons du monde civil mais nous avions des idées d'applications pour le monde de la sécurité et de la défense», poursuit le PDG qui a installé la PME dans la pépinière d'entreprises d'Auxerre aux Mignottes.

Le projet Hercule est présenté à la Direction générale de l'armement (DGA) en 2009. Celle-ci y croît. «Nous avions vu les prototypes américains et japonais. Nous étions convaincus que la France pouvait rattraper son retard en deux ans et pour une somme relativement modique», explique Serge Grygorowicz. La PME a besoin de 2,6 millions d'euros pour lancer les études et construire le prototype avec ses partenaires: le laboratoire de robotique du CEA et l'École supérieure de mécanique électronique (ESME) Sudria. La DGA en finance 75 %, le conseil régional de Bourgogne aide aussi.

Commercialisation en 2015

Hercule représente un saut technologique en matière d'exosquelette. Il n'a pas besoin d'être programmé, il s'anime en suivant les intentions de son porteur grâce à son «intelligence». «Lorsque l'on fait un pas, le robot détecte l'intention d'aller de l'avant, il accompagne le mouvement», explique Pierre-François Louvigné, ingénieur Innovation des systèmes combattants à la DGA. Il peut monter et descendre des escaliers et crapahuter sur des terres accidentées. L'exosquelette qui est doté de deux jambes mécatroniques - les bras seront prêts d'ici à la fin de l'année - s'enfile comme un manteau. Il rend son porteur plus fort, plus endurant et capable de porter de lourdes charges. Son autonomie actuelle est de 20 km avec une vitesse de déplacement de 4km/h.

«Au bout de quelques minutes, on sait s'en servir. C'est un système transparent», résume Pierre-François Louvigné. Pas besoin d'une longue formation contrairement aux robots japonais, dont les capteurs doivent être fixés à même la peau rasé de son utilisateur, ou des systèmes américains qui utilisent une technologie hydraulique, ce qui les rend plus lourds et moins réactifs.

Le projet Hercule entre désormais dans une seconde phase en coopération avec les futurs utilisateurs: militaires, forces spéciales, pompiers, secouristes qui ont des besoins spécifiques. «Le corps médical nous a demandé des bras capables de soulever des lits occupés par des patients d'une pièce à l'autre. Les militaires veulent pouvoir manipuler des charges lourdes à côté de leurs véhicules, évacuer des blessés, monter ou descendre des charges», précise le PDG de RB3D.

Plusieurs versions d'Hercule sont prévues dont une dédiée aux loisirs en montagne afin de faciliter le trekking sans sentir le poids des gros sacs à dos. La PME prévoit de livrer les premiers exemplaires civils en 2015 et militaire en 2016.

«Le marché qui s'ouvre est vaste: nous pouvons tabler sur des milliers d'exemplaires par an avec un prix de série cible de 20.000 euros l'unité», s'enthousiasme le fondateur de RB3D. Et de souligner que «l'aide de la DGA a été cruciale car elle sera à l'origine de la création d'une nouvelle filière industrielle en France dans des métiers à très forte valeur ajoutée».

(Avec la Direction Générale de l’Armement (DGA), RobotBlog, le Figaro.fr, Sciences et Vie)