Deux jours. C’est le temps qu’il aura fallu pour que l’émotion suscitée par la mort d’Agnès, 13 ans, fasse place à la polémique. Ce week-end, l’un de ses camarades de classe, âgé de 17 ans, a reconnu l’avoir violée et tuée dans un bois qui jouxte son collège Cévenol du Chambon-sur-Lignon.

Ce ne sont pas les circonstances du drame qui interpellent les proches de la jeune fille, mais bien le passé judiciaire du meurtrier présumé. Avant d’atterrir dans ce collège de Haute-Loire, il avait déjà été mis en examen pour un viol commis sur une de ses camarades de classe, âgée de 15 ans. L’affaire se serait déroulée dans le Gard en août 2010. Après avoir passé quatre mois en détention provisoire, le jeune homme avait été libéré et placé dans ce collège de Haute-Loire dans l’attente de son procès.

Dimanche, la direction du collège a tenu une conférence de presse. «Nous avons découvert l’effroyable vérité en même temps que les parents, a assuré Jean-Michel Hieaux, le vice-président. Nous sommes sidérés et indignés que les autorités ne nous aient pas tenus au courant du passé de ce jeune homme.» D’après les membres du conseil d’administration, l’équipe éducative savait juste que le meurtrier présumé avait eu des «difficultés» dans son ancien établissement et qu’il avait passé quelque temps dans une prison pour mineurs. «Jamais nous ne l’aurions accueilli dans notre internat si nous avions su», a poursuivi Jean-Michel Hieaux. Une version démentie par les parents de la victime qui assure que la direction étaient bien au courant.

Le secret médical lié à une cetaine éthique, font que les directeurs d'établissements scolaires ne sont pas informés du passé des élèves qu'on leur amène ou qu'on leur demande d'intégrer. C'est la loi. Idem pour le personnel de la DDASS (action sanitaire et sociale). L'école de la République doit accueillir tous les enfants.

A Auxerre, un élève placé au Foyer de l'enfance exclu de l'école primaire

Dans l'Yonne comme ailleurs, les établissements scolaires sont confrontés à la gestion d'élèves malades et en très grosse difficulté... non sans risque.

La semaine dernière, un élève de CM2 d'une école primaire d'Auxerre a été exclu de l'école (Ndlr : fait rarissime) sur demande unanime de l'ensembe des enseignants de ladite école, pour des violences répétées et s'être notamment jeté sur une fille en cour de récréation parce qu'elle lui plaisait. La jeune fille a été sérieusement touchée à l'abdomen (bleus). Ce jeune garçon a aussi bousculé l'institutrice qui lui faisait classe. Il est placé au Foyer de l'enfance boulevard Goureau près du centre hospitalier d'Auxerre, qui est une instance d'hebergement pour les cas urgents, d'enfants retirés de leur foyer.

Le problème c'est qu'il y réside et que là aussi, il aurait commis des tentatives de violences à caractère sexuel qui ont entraîné une enquête de police dont on ne connaît pas l'aboutissement. Secret médical, secret de l'enquête.

Pas d'école, pas de soins...

Aujourd'hui, ce jeune garçon apparemment dérangé ou/et malade, passe ses journées sans soins au Foyer. Il ne va pas à l'école et il n'est pas l'objet de soins curatifs. il devrait aller en ITEP (institut thérapeutique, éducatif et pédagogique) mais il n'y a pas de place ...

Le Foyer d'hébergement de l'enfance a une triple mission : l'acceil d'urgence, l'observation et l'orientation (.. s'il y a des places).  C'est en revanche le rôle du Foyer Maison de l'enfance la Maison situé près du collège Denfert-Rochereau à Auxerre que de prodiguer soins et formation.

Cet exemple illustre parfaitement toute la problématique pour gérer ce type de situation. Il y a objectivement des failles dans le système où les décisions humaines sont particulièrement délicates à prendre. Beaucoup préviennent des drames mais parfois l'erreur de jugement, voire une forme de lâcheté ne peuvent les éviter.

La PHRASE du Jour

«Le soin est basé sur le malade, dans une relation avec son médecin et encadrée par le secret professionnel. Et les soignants ne sont pas équipés pour sortir de leur rôle». Le soin et la sécurité ne sont pas contradictoires mais constituent deux choses différentes. «Un médecin ne prédit pas les comportements, ou alors c'est un charlatan. Vous ne demandez pas à un cardiologue de dire si tel patient va faire un arrêt cardiaque mais de déterminer si votre cœur est en bon état. Et on peut être déclaré “malade” à un moment de sa vie et ne pas le rester éternellement.»

Le Pr Michel Lejoyeux, psychiatre à l'hôpital Bichat (Paris) et enseignant à Paris-VII