Il entend «porter un message simple mais clair; un message de vérité mais de respect; un message solidaire et puissant. Un message attendu par notre pays et par ces millions de familles dont on oublie les souffrances quotidiennes et desquelles la puissance publique s’est éloignée».

Le footballeur devenu acteur engagé, au cinéma comme dans la cité, confie se sentir obligé «aujourd’hui de prendre la parole, plus gravement qu’à l’accoutumée, mais aussi avec un sens aigu de [s]a responsabilité, à l’heure où notre pays est au devant de choix difficiles et déterminants pour son avenir.»

En novembre, la Fondation Abbé-Pierre avait monté une grande tente sur le parvis de l’Hôtel de Ville pour recueillir des signatures de citoyens et de nombreuses personnalités : le maire de Paris, Bertrand Delanoë, la styliste Agnès B., l’ancien préfet de la région Ile-de-France Jean-Pierre Duport ou encore l’écrivain Marek Halter avaient apposé leur nom au bas du texte.

«Ces 100 000 signatures obtenues en quelques semaines avec peu de moyens prouvent que le problème du logement est devenu un problème de société, souligne Patrick Doutreligne, délégué général de Fondation Abbé-Pierre. La crise touche de plus en plus de catégories sociales. Or, jusqu’ici, en dépit de notre campagne, les candidats pressentis dans la course à l’Elysée s’expriment peu sur le sujet.» D’où la nécessité de passer à autre chose. «Il fallait un aiguillon comme Eric Cantona pour redonner au logement la place qu’il mérite dans cette campagne.»

La Fondation Abbé-Pierre préconise notamment la construction de 500 000 logements par an pendant cinq ans (dont 150 000 HLM) pour vaincre la pénurie, un encadrement des loyers, une prévention accrue des expulsions locatives ou un accès au logement des plus démunis.

(Avec Libération)

La Lettre publiée dans Libération

Paris, le 4 janvier 2012,

Madame, Monsieur le maire,

Comme vous le savez, au-delà d’activités professionnelles qui m’ont conduit d’une carrière sportive de haut niveau à des activités artistiques, je suis un citoyen attentif à notre époque, aux chances qu’elle offre aux plus jeunes — trop limitées — aux injustices qu’elle génère — trop nombreuses, trop violentes, trop systématiques.

Je suis un citoyen engagé.

Cet engagement m’impose aujourd’hui de prendre la parole, plus gravement qu’à l’accoutumée, mais aussi avec un sens aigu de ma responsabilité, à l’heure où notre pays est au devant de choix difficiles et déterminants pour son avenir.

Cet engagement m’amène à me tourner vers vous, car vous êtes dans la fonction que vous occupez un acteur prépondérant du quotidien de vos administrés, de nos concitoyens, vous êtes un maillon puissant de confiance dans le personnel politique, dans l’avenir de nos institutions, et dans le lien social que vous contribuez à tisser jour après jour, mois après mois, année après année.

Si je me tourne vers vous, Madame, Monsieur le maire, c’est pour requérir votre signature dans le cadre du débat politique dans lequel le pays s’engage. C’est une marque de confiance que j’attends de vous, un acte qui garantira à vos préoccupations d’être justement représentées dans ce débat. Mon objectif, vous l’aurez compris, est de recueillir 500 signatures au moins… Elles me permettront de porter un message simple mais clair; un message de vérité mais de respect; un message solidaire et puissant. Un message attendu par notre pays et par ces millions de familles dont on oublie les souffrances quotidiennes et desquelles la puissance publique s’est éloignée.

Si vous m’accordez votre paraphe, je saurai porter cette idée forte, avec bien d’autres aussi déterminés que moi, et je le ferai également en votre nom.

Je vous remercie par avance de bien vouloir marquer votre approbation en renvoyant le formulaire que vous trouverez ci-joint.

Je vous prie d’accepter, Madame, Monsieur le maire, l’expression de mon plus profond respect.

Eric CANTONA