Le petit train ... tchoo tchoo! (DR)

 

Il se présente comme une bonne grimpette sans plus. Sa base est verdoyante, riche de nature giboyeuse, le vent  taquinant  avec douceur la frondaison des arbres.  Et pourtant la moyenne de l’inclinaison de la route est de 12%,  avec une poussée de 18 % et un effort ultime avant l’arrivée de 22% !!! On peut y monter à pied, en train, en voiture… si on a le cœur bien accroché car bonjour le vertige.

New Hampshire, à un tir de caillou du Canada. Le Mont Washington fait  partie des White Mountains. 1917 mètres.  Les indiens, quand ils étaient encore maîtres des lieux, l’appelaient Agiocochook, la maison du grand esprit. Un grand esprit qui s’irritait souvent, car le temps y change sans avertissement. Alors des vents d’une violence inouïe se ruent à l’assaut du moindre recoin du Mont, dont il a dénudé le sommet et où règne un observatoire météorologique souvent figé dans une neige de conte fabuleux.

 


L'observatoire au sommet (DR)



C’est en 1861 que fut ouverte la route qui y montait, comme attraction touristique. Les Etats-Unis ne comportaient encore que 34 Etats dont le président était Abraham Lincoln. Alors, c’était un attelage de chevaux qui quittait le foisonnement  de la base du mont pour bientôt longer des précipices vertigineux et enfin arriver à la cime, lieu presque nu et parcouru d’élans robustes et d’ours. Que bien souvent on ne voyait pas, enveloppés dans un brouillard glacial et terrifiant.

 


Le domaine des élans et ours (DR)


Cairn (DR)

 

Faire cette route, en voiture ou en hiking, c’est comme traverser plusieurs mondes, celui riant du point de départ, avec des torrents vrombissant sous des passerelles de rondins, puis un autre plus secret, avec les arbres se tordant sous l’étreinte sauvage du vent, accrochés à la roche pâle, et enfin les reflets de mica, les courbes chauves et les cairns, la neige refusant de vider les lieux au cœur de l’été, et l’observatoire lunaire crevant le voile de brume.

Le sommet possède la paix sauvage et magique d’un monde de légendes.

                                                                                                                           Suzanne DEJAER