En 2012, Auxerre n’a pris que 2 points, aucune équipe de L1, n’a fait pire.

Laurent Fournier a renié ses principes de jeu basé sur la conquête et l'attaque, au bénéfice d'une assise plus défensive. Résultat deux matchs nuls mais une défaite à Caen qui remet tout en cause. 

Or la suite s’annonce très périlleuse :  la réception de St-Etienne,  samedi, avant deux déplacements consécutifs à Lille et Rennes.

Laurent Fournier, entraineur auxerrois, possède le plus faible pourcentage de victoires parmi tous les entraîneurs qui ont dirigé l’AJA een L 1 : 16.6% (4 en 24 matchs). La palme était détenue par Daniel Rolland en 2000-01 avec…32.4%.

L’AJA devra remporter plus de matchs sur les 14 dernières journées qu’il n’en a remporté en 24 ! On mesure le défi à l'aulne de ces chiffres. Bref, c'est loin d’être gagné.

Laurent Fournier est objectivement fragilisé. Il a du revoir sa philosophie offensive renonçant à ses options de début de saison. Contesté à l'intérieur du club par des dirigeants élus, Fournier s'accroche tant bien que mal, son président lui faisant confiance - c'est le seul - dixit Fournier pathétiquement sur Canal + à l'issue de la nouvelle défaite à Caen, mercredi soir. Il n'empêche que son discours se veut toujours combatif et que malgré la défaire, il tire des raisons d'espérer, par exemple les 60 premières minutes du match en Normandie. 

Si Gérard Bourgoin a confirmé Fournier dans ses fonctions, c'est d'abord parce que c'est lui qui a choisi ce jeune entraîneur sans expérience venu de Strasbourg et qui ne lui a pas coûté trop cher dès lors qu'il est venu sans son staff. Le révoquer aujourd'hui, reviendrait à se renier et à admettre qu'il s'est trompé. Ensuite, qui dit qu'un autre entraîneur réussirait mieux... ? Et quel serait l'entraîneur disponible sur le marché qui voudrait se lancer dans une telle aventure aux accents de galère ? Pas évident. A contrario, pourquoi  et comment Laurent Fournier réussirait-il à mieux faire prendre la mayonnaise lors des 14 derniers matchs ? Quadrature du cercle.

Pas de marge de manoeuvre financière

Enfin, le club a-t-il les moyens de virer un coach sous contrat et d'embaucher un autre qui coûterait bonbon ? La réponse est non.

Comme le révélait le journal l'Equipe dans son édition de lundi, confirmée par Henri Maupoil, président de l'association AJA propriétaire de la SAOS professionnelle, à AUXERRE TV,  l'AJA va accuser un déficit de 8 millions cette saison qui devrait être absorbé par la vente de joueurs, comme c'est l'usage depuis des années, car effectivement l'AJA accuse un déficit structurel récurrent qu'elle a toujours su effacer. Soit par la vente de joueurs, soit grâce à un bon classement qui ouvre droit à une manne plus importante redistribuée par le LIgue de football professionnelle ou soit encore grâce à des campagnes européennes. A titre d'exemple, la dernière en date, la Ligue des Champions, l'année dernière, a rapporté plus de 20 millions d'euros au club.

Le problème, cette année, c'est que Auxerre n'accrochera pas de place européenne - du moins on ne voit pas comment - non plus sans doute qu'une bonne place au classement. En conséquence, le club ne va pas toucher le même montant, soit une dizaine de millions d'euros de moins, dans le meilleur des cas. Bref, le déficit ne pourra être absorbé que grâce à la vente de joueurs. Mais quel sera leur cote sur le marché si le club descend en Ligue 2 ou s'il se sauve de justesse ?

« Tout un club, toute une ville dépendent de vous » aime à répéter Gérard Bourgoin, aux joueurs et au staff pour les responsabiliser. La maison ajaïste est bien en péril.

En admettant que les Bleus arrivent à se sauver de justesse, l'équation demeure la même pour la saison prochaine. Ce n'est que partie remise avec la même donne. On ne reconstruit pas un club en un an, ni en deux. C'est un travail en profondeur à tous les niveaux, y compris pour l'entraîneur bâtisseur. Or qui peut affirmer que Laurent Fournier est entrain de bâtir un nouvel édifice ... ?

Depuis son accession au plus haut niveau en 1980, au lendemain de la finale perdue après prolongations contre le grand Nantes en Coupe de France, l’AJA aligne 31 saisons consécutives en première division. Il n'y a que le Paris SG à faire mieux.

Seule la victoire sera belle, samedi, contre St Etienne. Puis d'autres à venir. Dix équipes sont en course pour le maintien, de Valenciennes (27pts) à Sochaux 20ème avec 20 points. Sochaux, Nice et Auxerre n'avancent plus. Il est tard mais il est encore temps. Pour sauver le soldat AJA. Il faudra plus qu'un coup de pouce et des prières adressées au ciel.

 

                                                                                                    P-J. G.