Christian Zervos était plus un fabricant de livres qu'un critique d'art (Les Cahiers de l'Art) Il épouse Yvonne Marion en 1932. À partir de 1938, les Zervos vécurent dans l'ancien hôtel de Montalembert, rue du Bac, à Paris.

Ils achetèrent une ferme à la Goulotte, un hameau de Vézelay, en 1937. Yvonne Zervos agrandit cette maison durant l'Occupation, et Fernand Léger, Le Corbusier, Paul Éluard, René Char, Georges Bataille, Balthus, Picasso, Calder, Ernst, Giacometti, Hélion, Kandinsky, Laurens Miró en furent des hôtes occasionnels.

 

De 1929 à 1970, Christian Zervos fixa au 14, rue du Dragon, le siège de ses éditions. La boutique existe encore à Saint-Germain-des-Prés. Le rez-de-chaussée et l'entresol furent aménagés en galerie en 1934. Les artistes donnaient des œuvres ; beaucoup furent vendues. Le reste a été légué à la ville de Vézelay en 1970. Renforcée par des acquisitions récentes, la collection des Cahiers d'art couvre l'activité artistique parisienne pendant un demi-siècle.
Le fonds des Cahiers d'art, don d'Yves de Fontbrune, est à la disposition des chercheurs au Centre Pompidou à Paris.

La tombe des Zervos se trouve dans le vieux cimetière en haut du village.

Le Musée Zervos propose quelques 800 oeuvres peu connues de ces artistes léguées par le couple.

ENTREZ DANS LE MUSÉE ZERVOS

 

L'écrivain Romain Rolland connaît le succès avec des drames historiques, des biographies et un vaste roman Jean-Christophe.

Ses positions contre la guerre changent son destin. Il reçoit le prix Nobel en 1915. Il patronne la revue Europe, entretient une vaste correspondance et rentre de son exil volontaire en Suisse lors du Front populaire.

En 1937, il achète une maison bourgeoise à Vézelay. Il y meurt le 30 décembre 1944. Ses funérailles ont lieu à Clamecy et il est enterré, tout près, à Brèves.

Dans la chambre-cabinet de travail, au premier étage, il rédigea Le Voyage intérieur en 1942, puis écrivit son Péguy l'année suivante.

Ce sont moins les reproductions suspendues dans une alcôve que les confins bleutés du Morvan qui permettent de retrouver celui qui incarna l'espoir de peuples nombreux.

Sa veuve créa le centre Jean-Christophe et légua, en 1953, la maison à l'Université de Paris. En 1994, la Chancellerie des universités de Paris, la Commune de Vézelay, le Conseil général de l'Yonne sont convenus que le musée Zervos y serait présenté en conservant la chambre de l'écrivain.

Première peinture murale de Fernand Léger, elle lui est commandée par l’architecte roumain Jean Badovici pour un mur de clôture d’une de ses maisons de Vézelay.

GROS PLAN SUR FERNAND LÉGER

Fernand Léger est né le 4 février 1881 à Argentan dans l’Orne. De part en part, l’œuvre et les écrits de Fernand Léger font référence à la modernité, au point que cette thématique suffit souvent à le caractériser. Contemporain de Picasso et de Matisse, ami de Duchamp et de Cendrars, Léger est d’abord moderne par son appartenance à une époque riche d’innovations artistiques. Puis il célèbre la machine et la vie urbaine dans de nombreux tableaux. Mais à propos des thèmes qu’il traite, il déclare aussi : « Je ne sais pas ce que c’est un sujet ancien ou moderne ; je ne connais qu’une interprétation nouvelle et c’est tout » (conférence « Les Réalisations picturales actuelles », 1914, in Fonction de la peinture).
Ses œuvres sont pour la majorité des peintures à l’huile, alors que ses contemporains pratiquent le papier collé, le ready-made, la photographie.

La lecture (1924) Huile sur toile, 113,5 x 146 cm

Quelle est donc cette modernité à laquelle Léger se réfère sans cesse et comment s’intègre-t-elle à son travail ? Dans ses écrits, il associe la vie moderne à la complexité des sensations : « Tout ce qui se fait maintenant est plus complexe et malgré tout plus rapide […] La vie va sans aucun doute du simple au complexe, mais malgré tout elle gagne en rapidité. Le but de la vie a l’air de multiplier les sensations. Le plus heureux, c’est celui qui enregistre le plus dans le minimum de temps. C’est le jouisseur moderne. Toutes les inventions modernes viennent d’ailleurs à lui pour lui permettre de satisfaire son besoin de vitesse » (lettre à Louis Poughon du 8 novembre 1914).

Mobilisé en 1914, Léger est sapeur, puis brancardier sur le Front. Dans les conditions extrêmes de la guerre et des tranchées, il poursuit son travail, exécutant de nombreux dessins. « Il dessinait  aux heures de repos, dans le gourbi et quelques fois dans les tranchées. Certains dessins gardent la trace de la pluie, d’autres sont déchirés, presque tous sont faits sur du gros papier d’emballage », témoigne l’écrivain russe Ilya Ehrenbourg qui a bien connu Léger (cité dans Georges Bauquier, Fernand Léger. Vivre dans le vrai, 1987, p.75).
Comme il le dira rétrospectivement, dans un entretien en 1949, au contact des hommes qu’il rencontre, « des mineurs, des terrassiers, des artisans du bois et du fer », Léger est touché par « la richesse, la variété, l’humour, la perfection de certains types d’hommes… leur sens exact du réel utile, de sa valeur pratique, son application opportune au milieu de ce drame… ». C’est pourquoi la guerre n’amenuise pas sa foi en l’humanité, ni sa confiance en la capacité des hommes à maîtriser les machines.

Soldats jouant aux cartes, 1916
Dessins de guerre. Dessins du front
Exécuté près de Verdun en 1916
Crayon sur papier, 17 x 12,7 cm

Le Cinéma

Dans un article sur La Roue, où il affirme qu’Abel Gance « a haussé le cinéma au rang des arts plastiques », Léger propose une réflexion sur ce que doit être le cinéma. Deux ans plus tard, dans Le Ballet mécanique, il applique comme un programme les quelques idées énoncées dans ce texte: « La raison d’être du cinéma, la seule, c’est l’image projetée… Remarquez bien que cette formidable invention ne consiste pas à imiter les mouvements de la nature ; il s’agit de tout autre chose, il s’agit de faire vivre des images, et le cinéma ne doit pas aller chercher ailleurs sa raison d’être. Projetez votre belle image, choisissez-la bien, qualifiez-la, mettez le microscope dessus, faites tout pour qu’elle donne un rendement maximum, et vous n’aurez plus besoin de texte, de descriptif, de perspective, de sentimentalisme et d’acteurs. Soit dans l’infini réalisme du gros plan, soit dans la pure fantaisie inventive (poétique simultanée par image mobile), l’événement nouveau est là avec toute ses conséquences. »