Le RAID, unité d'élite de la police, mène depuis 3h10 du matin, mercredi 21 mars, une opération rue du Sergent Vigné, dans le quartier de la Côte Pavée, à Toulouse, dans l'Est de la ville (Cliquez ici pour voir). Des coups de feu ont été échangés, six ou sept selon l'AFP, vers 5h45, et trois policiers ont été blessés. Sur place, le ministre de l'intérieur, Claude Guéant, communique en direct :  « Dès que les policiers se sont approchés de la porte, il a cherché à tirer. » A 9 heures, une explosion a été entendue dans l'immeuble où est cerné le suspect.

Trois cents policiers sont sur place, nous indique Louise Fessard. L'homme, soupçonné d'être l'auteur des sept assassinats commis dans le Sud-Ouest depuis onze jours, est retranché au rez-de-chaussée d'un immeuble de cinq étages. Il aurait 24 ans, se revendique d'Al-Qaïda, se dit « moudjahidine » et serait l'auteur présumé des tueries de Toulouse et de Montauban. Il dit « avoir voulu venger les enfants palestiniens et s'en prendre à l'armée française », précise le ministre. Il était « dans le collimateur de la DCRI », la direction centrale du renseignement intérieur, parce qu'il « a effectué des séjours en Afghanistan et au Pakistan par le passé ».

Le ministre de l'Intérieur a confirmé que l'«assaut fait suite à la mise en vente d’une moto en ligne», et a «une adresse IP qui a attiré l’attention des enquêteurs, correspondant à la mère du suspect qui était sous surveillance de la DCRI. Ce rapprochement a été fait dans l’après-midi de lundi. A partir de là l’enquête a pris un tournant décisif. Le parquet a mis sur écoute des membres de la famille. Hier (mardi) il a été décidé dans l’après-midi de l’interpeller, la décision a été confirmée à minuit et tentée à 3h10 du matin.»
Claude Guéant a indiqué que le suspect «avait déjà commis plusieurs infractions dont certaines avec violences sur le territoire national», et que «son frère interpellé a des convictions radicales lui aussi.»
«L’enquête ne se limite pas à l’interpellation de l’individu et à la garde à vue de membres de sa famille. Il faut travailler aux connexions qu’il peut avoir avec d’autres personnes» avant de lever le niveau écarlate de Vigipirate, a encore ajouté le ministre.

Le suspect a appelé Ebba Kalondo, rédactrice en chef à France 24. Elle a raconté la teneur de la conversation dans le direct de France 24. «Il a dit qu'il était en connection avec Al-Qaida, que ce qu'il avait fait n'était que le début [ Ndlr : d'une importante campagne terroriste]. Il a expliqué qu'il était contre la loi sur le voile [Ndlr : entrée en vigueur en avril 2011] et luttait contre la participation française aux opérations de l'Otan en Afghanistan. "Les juifs ont tué nos frères et nos sœurs en Palestine", a-t-il ajouté.»
«
L'homme était calme, parlait bien. Il disait qu'il avait envie d'être entendu. Il m'a aussi affirmé qu'il avait filmé tous les assassinats, il a dit que les vidéos seraient mises en ligne.»

 

L'assaut de ce matin «a merdé», selon un ancien du Raid


Selon un ancien du Raid,
qui témoigne sur le blog du Monde «Vu de l'Intérieur», l'assaut contre le domicile du suspect de ce mercredi matin à Toulouse «a merdé». Les policiers n'ont en effet pas atteint leur objectif de départ: une intervention éclair. L'homme juge que «la meilleure solution» aurait plutôt été «la souricière»: «On attend qu'il sorte, et on le tope dans la rue, à l'extérieur.» Une solution qui aurait cependant pris plus de temps, et qui aurait pu être risquée, avec une possible fusillade en pleine rue.L'ancien du Raid explique enfin que, désormais, le but de la négociation est de l'amener à sortir: «Il faut le rassurer, le convaincre qu'il peut se rendre sans risques.»

Une femme affirme qu'elle avait averti la police de la «radicalité» de Merah

Le Télégramme a recueilli le témoignage d'une voisine qui ne décolère pas: «Je suis sidérée. Il a fallu que tous ces gens soient tués pour que Mohamed Merah soit enfin arrêté. C'est un énorme gâchis.» Elle affirme avoir «porté plainte contre Mohamed Merah deux fois» et «relancé à de très nombreuses reprises» les policiers de la «radicalité» de Merah, qui avait tenté «d'embrigader» son fils, il y a deux ans.

«Il veut mourir les armes à la main»

Selon Claude Guéant sur RTL, «le tueur présumé de Toulouse est dans une logique de rupture, il veut mourir les armes à la main». Le ministre a avoué qu'il espère que le tueur est toujours vivant: «C'est assez étrange qu'il n'ait jamais réagi» aux détonations des engins du Raid, ajoutant que deux coups de feu avaient été entendus pendant la nuit.