SOCIETE
Les vieux ces invisibles...
le jeudi 29 mars 2012, 18:56 - SOCIETE - Lien permanent
Ils restent debout dans les bus et les métros, on leur passe devant pour entrer ou sortir. Les seuls qui les voient encore sont les un peu moins vieux encore, ceux à qui on a transmis une considération de base dont, plus vraiment jeunes déjà , ils comprennent le merveilleux naturel
Mais les vraiment jeunes, les très jeunes… ils ne les voient pas. C’est sans froideur qu’ils restent assis sans se troubler devant un « vieux » qui tangue dans le bus, livré à la merci de la vitesse, des bousculades, des sacs à dos et voitures d’enfants.
L’acceptation des vieux dans notre monde semble être dans un banc de brouillard. Voir et regarder les vieux – ces vieux venus d’un temps où vieillir était normal, était un statut qui leur vaudrait le repos, le respect, le droit aux souvenirs à partager et préserver – ne se fait plus qu’à son corps défendant. Car tous les liftings, perruques, teintures, silicones et déguisements de fringants et fringantes quadragénaires n’y feront rien : on vieillit, et puis on meurt. Et nous sommes dans une société capricieuse qui se refuse à cette non-immortalité.
Par sa faute, mais pas toujours.
Autrefois les vieux vieillissaient chez leurs enfants. Utiles et libres de leur temps, ils passaient la mémoire de toute une vie aux petits-enfants. Ils leur donnaient ce miracle à considérer : bon papa et bonne maman avaient été jeunes ! Bonne maman avait même été une petite fille ! Mais oui ! Elle avait joué des tours à ses grands-parents à elle – que l’on arrivait à un peu imaginer -, et en riait encore aujourd’hui ! Alors, disait-elle, elle courait très vite, et sautait des ruisseaux. Bon papa avait fait la guerre. Il se souvenait encore de comment on tenait son fusil et comment on le chargeait. Son grand-père à lui était si fort qu’il soulevait un cheval d’une main. Vie et mort s’enchevêtraient avec douceur, comme une évidence. On savait qu’il fallait marcher moins vite avec grand-père ou grand-mère, ne pas trop les fatiguer, mais ils avaient la présence d’un feu dans l’âtre qui a pris son calme et rougeoie en envoyant parfois un éclat impétueux.
Parce que le quotidien était tendrement tissé d’âges variés, le respect de ces âges s’apprenait sans que l’on en parle.
Maintenant, on regroupe les vieux avec d’autre vieux, où ils sont pour la plupart inutiles et en tout cas inutiles à leur descendance. Leur temps ne sert plus à personne. Leurs corps sont invisibles une fois qu’ils s’égarent parmi les autres, ceux qui travaillent et vivent leur vie … avec uniquement leurs souvenirs qui ne les rattachent à rien, et cette impression terrifiante que les premiers signes de l’âge sont les prémices de la mort.
Ce serait beau que les yeux s’ouvrent à nouveau, ainsi que les cœurs. Qu’on n’ajoute pas la caste de l’âge à toutes celles qui existent déjà. Qu’on laisse les vieux avoir été jeunes, amoureux, ardents, sportifs, beaux, lisses et chevelus. Qu’on soit curieux de leur vie et enthousiasmes. Que tous les trésors qu’ils ont dans la tête soient déversés sur nous comme une richesse à conserver et dont il faut jouir…
Suzanne DEJAER
Commentaires
Moi je pense que cette chanson de Brel - très belle du reste - parle des vieux qui sombrent dans l'âge au lieu de s'y épanouir. Qui ont eu de petites vies, de petits esprits, de petits projets. Ils ont toujours été vieux, sans doute. On en connait tous. Comme on connaît tous des jeunes qui trimbalent déjà l'expression pincée et constipée qu'ils garderont toute la vie.
Mais il y a tous les vieux, ces anciens jeunes pleins de vie, qui ont fait de leur existence un livre d'expériences et d'histoires, et dont la fréquentation est une joie.
Je suis de la famille de Brel, et je sais de quoi il parlait ! Il détestait les flamands ( flamingans ), et il a mis son cauchemar en chanson, question de contexte, une image avec des "vieux " de chez " vieux ", mais il y a le respect pour ces nona ou centenaires. Il n'aimait pas cette mentalité flamande très particulière, ou l'on peut vous recevoir pendant 3h ( je l'ai vécu ) en plein été, et vous offrir 1 seul bonbon lors de longs silences, avec dans un coin, cette pendule qui sonne le glas des minutes et des heures qui n'en finissent pas avant de pouvoir s'échapper poliment.
Tout est une question de contexte et d'états d'âme s'y afférant.
Il a fait aussi une chanson dont le titre est "JEFF " ...
Les vieux ne parlent plus ou alors seulement parfois du bout des yeux
Même riches ils sont pauvres, ils n'ont plus d'illusions et n'ont qu'un cœur pour deux
Chez eux ça sent le thym, le propre, la lavande et le verbe d'antan
Que l'on vive à Paris on vit tous en province quand on vit trop longtemps
Est-ce d'avoir trop ri que leur voix se lézarde quand ils parlent d'hier
Et d'avoir trop pleuré que des larmes encore leur perlent aux paupières
Et s'ils tremblent un peu est-ce de voir vieillir la pendule d'argent
Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, qui dit : je vous attends
Les vieux ne rêvent plus, leurs livres s'ensommeillent, leurs pianos sont fermés
Le petit chat est mort, le muscat du dimanche ne les fait plus chanter
Les vieux ne bougent plus leurs gestes ont trop de rides leur monde est trop petit
Du lit à la fenêtre, puis du lit au fauteuil et puis du lit au lit
Et s'ils sortent encore bras dessus bras dessous tout habillés de raide
C'est pour suivre au soleil l'enterrement d'un plus vieux, l'enterrement d'une plus laide
Et le temps d'un sanglot, oublier toute une heure la pendule d'argent
Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, et puis qui les attend
Les vieux ne meurent pas, ils s'endorment un jour et dorment trop longtemps
Ils se tiennent par la main, ils ont peur de se perdre et se perdent pourtant
Et l'autre reste là , le meilleur ou le pire, le doux ou le sévère
Cela n'importe pas, celui des deux qui reste se retrouve en enfer
Vous le verrez peut-être, vous la verrez parfois en pluie et en chagrin
Traverser le présent en s'excusant déjà de n'être pas plus loin
Et fuir devant vous une dernière fois la pendule d'argent
Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, qui leur dit : je t'attends
Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non et puis qui nous attend
Jacques BREL
Gabin disait: " Je sais qu'on ( c'est pas con ) ne sait jamais, et pourtant il était vieux " ! Le recul des " vieux " et du vécu donne sagesse et prudence, Monsieur Jeff, et pourtant je suis jeune, mais le respect de l'expérience est très instructif si l'on daigne y faire un peu attention. Imaginez celle-ci combinée à votre imagination, vous seriez au TOP ! Pensez-y !
Il n'y a pas de quoi être vexé par vos propos, Jeff, on prend d'où çà vient, c'est tout, avec compassion et tristesse pour l'avenir !
Que veut dire pour vous le " con de quelqu'un ? " Comme déjà con, çà ne veut rien dire, vous en voulez à ... quelqu'un...!
Au fait, Jeff, on met une majuscule au nom propre de..quelqu'un qui donne son patronyme ...!
Nobody is perfect, güte nacht !
jef le privilege de l age c est de relativiser donc papi te pardonne a moitie...la reponse est courte car je dois aller coller des affiches pour Melanchon ;;;
Monsieur millereau prend tout au premier degré. Qui peut affirmer ne jamais avoir pensé qu'un tel ou un tel est un con ? Alors sans faire d'amalgame, la boutade les vieux sont des cons est excessive certes mais elle n'est pas fausse.
Je veux dire par là que nous sommes tous le con de quelqu'un.
Maintenant il y a les vrais cons, les vrais de vrais. Pour ceux-là on ne peut rien. Si on est intelligent, on peut parfois faire l'imbécile, l'inverse n'est pas vrai.
Enfin, lisez les études de l'Insee sur le comportement politique des personnes âgées et vous serez édifiés. Ils votent de manière écrasante à droite, pour la droite conservatrice et sécuritaire.
J'admets que le propos de mon premier commentaire était provocateur et à l'emporte-pièce. Si j'ai blessé des personnes , je les prie de m'en excuser.
Rejeter les "vieux" est effectivement rejeter ce que nous deviendrons ainsi que le passé qui nous a engendrés. C'est se croire un maillon isolé mais ... indispensable?
C'est, également, afficher l'horreur de ce que nous deviendrons, n'avoir aucune confiance dans le bouillonnement intérieur qui fait que l'on peut être bien jeune en dépit de l'âge des rides et cheveux blancs. Ou bien, oui, un vieux ronchon sans espoir en dépit d'un corps qui parle d'avenir.
C'est ne pas avoir de respect. Et donc... ne pas l'inspirer. Bien tristes futurs vieillards que ceux qui auront malmené les leurs et donné l'exemple à suivre pour quand viendra leur tour....
Et surtout... la vie ne s'appellerait-elle ainsi que tant qu'on est jeune? Oh! Les grandes oeillères que voilà ...
Beau texte qui dit des évidences qui, parce qu elle ne sont plus évidentes, necessitent d etre rappelées. Comme le montrent Job et Jeff on peut être con a tout age et on a le droit de l etre et en etre fier ... On peut etre vieux a tout age : il y a des vieux de 20 ans et des jeunes de 90 ans. La jeunesse et la vieillesse n ont pas d age sauf pour les adeptes de la ségrégation..
La dialectique droite gauche avec rejet de la personne agee n a pas de sens. Eventuellement si l on se refère au travail de vieillir - car il dur psychologiquement parlant de gagner sa vie avant de la perdre. Car les pertes et les renoncements necessitent de multiples amenagements pas toujours evidents dans une societe du deni et de la memoire de l instant - nier l autre qui est le devenir de soi et par qui on a eu le droit d etre c est se poser comme mort a la vie car sans lien sans reperes sans passé et sans devenir. On est un mort vivant
A l'évidence, Jeff et Job ne connaissent pas ou n'appliquent pas l'éducation de base qui sera toujours d'actualité : le Respect et la Politesse ! Peut-être n'ont-ils pas l'intention de vieillir... ou bien vieillir ! Heureusement qu'il y a eu des vieux avant eux...et qui ont donné leurs vies pour que la France soit libre, sinon ils seraient quoi maintenant ? Ils ne seraient peut-être pas nés !
Il y a autant de vieux et de jeunes qui votent à droite comme à gauche.
On peut voir pas mal de jeunes de 20 à 40 ans qui sont déjà " cramés " ! Leurs vies sont déjà foutues alors que des "vieux " de 70 et plus sont en pleine forme mentale et physique... A voir aussi les "vieux " dans les vignes, c'est du 80 à 90 ans, pendant des heures, par n'importe quel temps... cela s'appelle le courage tout simplement et les vraies valeurs se situent là ! Il est sûr que l'on en verra de moins en moins, c'est une " espèce " en voie de disparition !!! Un exemple dont certains jeunes se gaussent: ils sont loin du bonheur ceux-là , s'ils l'atteignent un jour ! La carte d'identité indique l'âge théorique, en réalité c'est un leurre, car les vrais "vieux" dans le comportement sont souvent inversés !
Ce n'est pas parce que les parents, les "vieux" ne passent pas tous les caprices de leurs jeunes qu'ils sont "nases" , et que tous les autres "vieux" le sont aussi, mais de là à faire passer le message du travail et des vraies valeurs, c'est souvent mission impossible... C'est vrai qu'avoir du fric sans bosser est un objectif pour certains et j'en connais beaucoup... !
Très beau texte, Madame Dejear, belle observation !
Au fait, Jeff et Job, je vous respecte, vous et vos textes, cela s'appelle la liberté d'expression, mais je pense que vous n'avez pas toutes les bonnes infos sur les bases de la vie.
J'ai aussi remarqué qu'il y a 2 mn entre vos interventions, le temps d'écrire le 2° et de l'envoyer... Ben oui, l'attention n'a pas d'âge !
Avant d'écrire de telles imbécilités et insultes, certains feraient mieux de retourner à l'école pour améliorer leurs connaissances en grammaire et orthographe.
les vieux sont cons, il faut avoir le courage de le dire... et en plus ils votent à droite sans savoir ce pour quoi ou pour qui ils votent
les viocs sont-ils aussi cloîtrés qu'on veut bine le dire ....???
Mon cul oui !
Qui sont les enfants .... ? les vieux ou bine nous.... ?
Qui sont les assistés???
Qui détients les vrais trésors de la vie...?
Un résident
Magnifique texte qui dit bien la réalité... or les médias ne nous la disent pas assez la réalité, non pas leurs réalités, mais la réalité de la conditions humaine aujourd'hui.
Merci madame Dejaer