Voilà. L'aventure est terminée. Une belle aventure, surprenante, pleine de rebondissements et d'exploits. Le XV ou plutôt le XXV Auxerrois a su élever le niveau de son jeu dans des proportions stupéfiantes, donnant à voir un rugby de qualité tant sur le plan de la conquête que sur celui du jeu. Beauvais, Domont, re-Domont, Paris Université Club, enfin Tours, ex-pensionnaire de Fédérale 1, l'ont expérimenté.

Le RCA n'ira pas en demi-finale du Championnat de France de Fédérale 3, mais le RCA a conquis le droit de jouer la saison prochaine en Fédérale 2. En faisant mordre la poussière au premier de la poule, Domont, à deux reprises, à Bouillot puis sur le pré de Domont.

A la gorge

Dimanche après-midi, sur le pré de Vierzon, qui avec Vesoul sont des villes franchement moches comme le chantait le grand Brel, les Auxerrois ont été pris à la gorge d'entrée par un XV de Tours déterminé à faire douter les Bourguignons le plus rapidement possible. En deux mots, les Tourangeaux ont infligé aux Auxerrois la méthode qui avait fait merveille contre Domont et contre le PUC ! Le paradoxe demeure à expliquer mais ainsi va le rugby, tantôt dans un sens tantôt dans l'autre.

VIDEO// Extraits du match, les essais 29' Julien Prignot, 32'44 Braddle-Huré-Champeau, 38'18 Xavier Guillemet, 42'37 Patrick Tuphé, 46'52 Jean-François Bersan, 50'13 Jean-François Marck, 55'57 Pascal Pic

Après un essai fort logique tant la cavalerie légère de Tours réussit à perforer les flancs des Icaunais, ces derniers réagirent et revinrent à 5-3 grâce à une pénalité signée Champeau. Mais l'affaire allait se gâter car Tours avait la main sur le match et raflait tous les ballons. Deux essais transformés et une pénalité dans l'escarcelle s'affichaient au marquoir de manière irrémédiable : 22 à 6, Champeau ayant à nouveau passé une pénalité.

L'honnêteté nous conduit à avouer qu'à ce moment, on ne donnait pas cher des chances d'Auxerre et on se disait même, pourvu que la correction ne sott pas trop sévère en seconde période.

Seulement voilà, tout va très vite en rugby et dans les têtes. D'entrée, en seconde période, Tours bénéficia d'une pénalité face au poteau aggrant la marque à 25-6. Puis sur un mouvement d'attaque de toute beauté, trois Tourangeaux se présentèrent devant la terre promise avec un seul défenseur Auxerrois à cadrer. On ne sait comment mais l'arrière Tourangeau plutôt que de servir son partenaire sur l'extérieur, choisit d'aplatir lui-même. Il aplatit certes, mais avant la ligne d'en-but. Il eut beau désespérément tenter d'aplatir au-delà, il n'y parvint pas, tellel une marionnette désarticulée gisant sur le sol.

La rage

Devinez ce qui s'ensuivit. Le match bascula sur le champ et les bleus n'y virrent plus que du rouge et du vert. Comme soudain libérés par tant de pression et d'adversité, les Auxerrois attaquèrent avec rage sans répit, enfonçant la mêlée tourangelle, contraignant les Tourangeaux à commettre des fautes de plus en plus illicites. Plusieurs fois, les Bouillots échouèrent de peu près de la ligne, l'arbitre sauvant Tours de ses coups de sifflets favorisant l'équipe qui défendait.

Qu'importe, les Universitaires du stade Pierre-Bouillot, démontrèrent qu'ils possèdent leurs diplômes et un spécial, celui de l'abnégation et du courage. Il remirent cent fois sur le métier, tétanisant Tours sur le reculoir, Tours piétinant dans son camp, défendant désespérément son bout de terrain comme un mort de faim.

Extraordinaires et valeureux Auxerrois perforant dans l'axe profond, procédant au ras par petites cellules organisées souvent à deux, difficiles à contrer. Vint la récompense sous forme d'un essai tant attendu qui eut pu tout aussi bien survenir plus tôt. Puis un second transformé qui cette fois, avec sept minutes à jouer et les arrêts de jeu, fut synonyme d'espoir fou. A 25-18, ne suffisait-il pas d'un essai transformé pour aller en prolongations ?

La délivrance

Les Tourangeaux n'en pouvaient plus, payant leurs efforts prodigieux consentis en première période pour faire la différence. Ils défendirent héroïquement, réduits à 13 contre 15 Auxerrois déchaînés. Ces derniers poursuivirent dans l'axe profond mais ils avaient déjà oublié qu'ils étaient en surnombre et que le jeu au large, immanquablement, leur aurait proposé le décalage. Ce sera leur seul péché. Véniel au vu d'un retour d'enfer qui fit penser un instant qu'on allait rêver avec eux, et à nouveau.

Au coupe de sifflet final, vinrent les cris délirants de la délivrance, et alors seulement, les Tourangeaux laissèrent éclater leur joie, forte et belle à voir. Ils savaient mieux que quiconque, qu'ils venaient de l'échapper belle.

                                                                                                  P-J. G.

Le premier essai Auxerrois lors de leur temps fort en seconde période (DR)

FICHE TECHNIQUE

A Vierzon ( stade Robert Barran ) :Tours bat RC Auxerre 25-18 ( 22-6 ).Arbitrage de M.Gaborit (Limousin )
Pour Tours
3 essais de Marmier (7e , 25e ) et Daguy ( 36e ); 2 transformations ( 25e,36e) et 2 pénalités ( 20e,43e) de Mary.
Pour Auxerre
2 essais de Pajot (65e) et collectif ( 77e ) ; 1 transformation ( 65e ) et 2 pénalités ( 9e,18e) de Champeau.
A Vierzon : carton jaune à Bourdier (71e) et carton blanc à Faye (72e).
Equipe du RCA
Slezack , K.Laurin, Tchafitchadze - Braddle , Huré - Poidevin , Tchelidze , Pajot - Zamengo (m) , Champeau (o) - Tissot Dupont , Bouhey , Juvigny , Sordia - D.Laurin .Remplaçants :Clausse, Manuohalalo, Lomsadze, Chapoulie, Rego, Marck, Suhit.
Equipe de Tours
T.Lallemand,Marmier,Chabannes - A.Darthevel,J.Darthevel - Biet , Mzeron , Hoareau - Malie(m) , Mary (o) - Barre , G.Lallemand, Ruquier, Daguy , Debosz.Remplaçants:Ledoux,Bahuaud,Chaudun, Negri , Bourdier , Faye , Borde.