ARTICLE ACTUALISÉ MERCREDI 21 novembre à 15 HEURES

C'EST REPARTI !

Et patatras. Alors que Jean-François Copé a été proclamé vainqueur de l'élection, les lieutenants de François Fillon revendiquent ce mercredi, en début d'après-midi, la victoire. Eric Ciotti, Valérie Pécresse et Laurent Wauiquiez ont expliqué que les chiffres de trois fédérations d'Outre-mer n'avaient pas été comptées et donné leurs chiffres: Fillon est vainqueur par 26 voix d'avance.

François Fillon demande à Alain Juppé de prendre la présidence de l'UMP de manière transitoire.

Jean Leonetti, soutien de François Fillon, demande à son tour à Alain Juppé de diriger une «formation collégiale» «Dans cette situation où notre formation politique devient difficilement gouvernable et pour éviter l’éclatement de l’UMP, la sagesse impose que, sous la houlette d’Alain Juppé, les deux équipes constituent une formation collégiale permettant de gérer le parti», écrit le député UMP dans un communiqué. 

Copé oppose une fin de non-recevoir.

110 parlementaires pro-Fillon menacent de créer des groupes à l’Assemblée nationale et au Sénat.

Invité du 20 heures de TF1, l'ancien Premier ministre dit "renoncer à la présidence de l'UMP". "Ce qui est en cause, c'est l'honneur de mon parti", estime-t-il. Si "ma demande" n'est pas entendue, "j'intenterai un recours devant la justice". Fillon a déclaré qu'il ira jusqu'au bout.

Alain Juppé a la lourde tâche de recoller les morceaux d'un parti en lambeaux.

Le nerf de la guerre? La commission des recours de l'UMP, instance prévue par les statuts du parti et que Jean-François Copé veut voir jouer un rôle clé dans la médiation finale mais que François Fillon récuse, la soupçonnant d'être aux mains de son rival. Un "point dur" des douloureuses négociations à venir.

Fillon, Copé, Juppé... Les trois protagonistes clés de ce drame qui se déroule sous les yeux ébahis des militants se sont au moins accordés sur un point: un rendez-vous en face-à-face, dimanche prochain à 19h pour fixer le cadre d'une opération de sauvetage de la dernière chance.

 

Par pure coïncidence, l'affrontement Copé-Fillon survient au moment où les parlementaires doivent choisir leur rattachement financier à un parti politique. Chaque départ d'un élu entraînera une perte sèche de 42.000 euros pour l'UMP, déjà en déficit.Soutien de Fillon, Baroin oeuvre à la constitution d'un nouveau groupe parlementaire. Ce qui priverait l'UMP, très endettée, de précieux financements publics. Etranglé financièrement, Copé n'aurait alors d'autre choix que de plier.
Le parti d'opposition accuse une dette gigantesque - de 50 à 70 millions d'euros, selon plusieurs sources parlementaires. A l'approche imminente de traites à payer, il est mis sous pression par ses banques créancières. On évoque également une trésorerie dans le rouge, autour de 15 millions d'euros.

La situation est d'autant plus inquiétante que l'UMP ne pourra plus compter en 2013 sur les 30 millions d'euros de financement public qu'elle a touchés au titre de l'année 2012 (voir ici). Le ministère de l'Intérieur est en train de calculer les chiffres, mais le parti officiellement dirigé par Jean-François Copé ne devrait plus recevoir que 20 millions d'euros. Si tout se passe bien...

Série

Il y a, dans ce duel, quelque chose de sidérant, au sens propre : on est fascinés par ces émotions à vif, par cette sauvagerie qui échappe, pour une fois, à la communication politique. Du coup, on se retrouve tous spectateurs de ce qui s’apparente à une série, avec ce côté feuilletonnant, et on ne peut détacher le regard de ce cyclone qui progresse, avec ses mouvements parfois imprévisibles.

C’est un drame shakespearien dans lequel deux frères ennemis, sous un ciel vide de figure paternelle et d’autorité symbolique, se déchirent pour la conquête du pouvoir...

Le plus intéressant, comme auteur, est d’entendre cette parole politique, qui se mesure en termes d’existence et non de paraître, prendre le pas sur la communication. Les mots retrouvent leur pouvoir performatif : ils peuvent tuer ou sauver.

 

 

Cette journée "ubuesque" à l'UMP truffée de déclarations contradictoires et de "postures" mérite d'être regardée avec un esprit de synthèse le plus dépassionné possible.

Quel est l'objet de la réclamation du camp Fillon ? Pourquoi n'intervient-elle que maintenant ?

Mercredi 21 novembre, vers 15 heures, et à la surprise générale, trois députés proches de François Fillon affirment que les votes des militants UMP de Nouvelle-Calédonie, Mayotte et Wallis et Futuna, des territoires français dans le Pacifique et l'Océan indien, ont été oubliés dans le comptage. Selon eux, cette nouvelle donne fait basculer le vote en faveur de leur candidat, avec 26 voix d'avance sur M. Copé. "Dans le calcul final, 1 304 militants ont été privés de leur choix, a déclaré le député Eric Ciotti. Leur réintégration conduit donc à 88 004 voix pour François Fillon, et Jean-François Copé 87 978."

Les soutiens de M. Fillon affirment qu'ils ont découvert "l'oubli" en regardant, mardi soir, les résultats par département pour les motions et en constatant un décalage avec le nombre de voix comptabilisées pour l'élection du président du parti. Par ailleurs, ces fédérations n'avaient pas fait l'objet d'un vote par correspondance, comme d'autres fédérations de l'étranger.

La réclamation est-elle fondée ?

Vous trouverez la suite de cette syhthèse de la journée dans le Monde.fr


Jean-François Copé devant François Fillon. C'est le choix des militants icaunais de l'UMP qui étaient appelés à désigner, aujourd'hui, le futur président de leur parti au niveau national. Si François Fillon est arrivé en tête dans 3 des 7 bureaux de l'Yonne, à Auxerre, Migennes et Tonnerre, Jean-François Copé l'a devancé à Sens, Avallon, Saint-Fargeau et Saint-Valérien. Au total, Jean-François Copé remporte 510 voix (53,52 % des votants) contre 443 voix à François Fillon. Le taux de participation s'établit à 70,59 % (953 votants sur 1350 inscrits). Une participation jugée "très satisfaisante" par Dominique Mary, présidente de l'UMP de l'Yonne.

En fin de matinée, à Auxerre, on faisait effectivement la queue sur le trottoir de la rue Paul-Bert devant la permanence de l'UMP pour pouvoir glisser ses bulletins dans les urnes. Trois urnes : l'une pour l'équipe dirigeante (le duel Copé-Fillon) mais également l'approbation de la "Charte" et les différentes motions.

Il fallait être à jour de sa cotisation avant le 1 juin 2012. A midi, 35% environ des électeurs potentiels de ce bureau (470) avaient déjà voté à Auxerre, le scrutin étant clos à 18 heures. Aux dires de la présidente icaunaise de l'UMP, Dominique Mary, "il en était de même dans tout le département". Des "analystes" précisaient à cette heure, souriants, qu'une forte participation favorisait Copé ? Des "Fillonistes" éconduits pour cause de renouvellement trop tardif repartaient dépités ...

Exemple : un adhérent depuis la fondation de l'UMP, ayant acquité toutes ses cotisations à l'exception de celle de 2011 et ayant payé sa cotisation 2012 le 02 juin, était considéré comme un "nouvel adhérent" et ne pouvait pas voter ... On ne plaisante pas avec les dates à l'UMP.

C'est dire si le cérémonial pointilleux du vote était au rendez-vous avec listes d'émargements signées, vérification soigneuse des identités et de l'acquittement des cotisations avant la date buttoir, isoloirs, urnes cadenassées et scrutateurs. Manifestement tout a été mis en oeuvre pour éviter les contestations. Il est dommage pour l'UMP que cette rigueur locale n'est pas été au rendez-vous National.

Il n'empêche que devant l'affluence et l'attente certains regrettent le temps du vote sur internet.

Le premier enseignement de ce scrutin est bien sûr la très forte participation enregistrée, dans l'Yonne, à l'image de l'ensemble du territoire.

Le second, centré sur notre département, réside dans la diversité du vote selon les territoires. En dépit du soutien d'Henri de Raincourt, le nord de l'Yonne a largement suivi Marie-Louise Fort en votant massivement Copé. Le bureau de St Valérien mettant Fillon en tête sauve la mise de l'ancien Ministre n'en déplaise à Jean-Baptiste Lemoyne, virulant Copéiste. Auxerre ne se range pas derrière son député, Guillaume Larrivé qui soutenait Copé et donne largement la victoire à Fillon; la Puisaye en revanche a été plus sensible aux consignes du député de la 1ère circonscription en portant Copé en tête.

Globalement c'est Copé qui l'emporte dans l'Yonne avec 510 voix (53,52 % des votants) contre 443 voix à François Fillon. 

Sur le plan National, la situation est beaucoup plus confuse. A l'heure ou nous écrivons il est impossible de connaître la vainqueur, chacun revendiquant la victoire et la commission de contrôle ne se prononçant pas pour l'instant.

L'UMP vient donc de faire la démonstration de ses capacités à faire un effort démocratique dans la désignation de ses dirigeants, mais en même temps elle fait l'apprentissage des difficultés de cette démocratie.

Ce qui vient de se passer en ce dimanche à l'UMP n'est pas sans rappeler les péripéties Rèmoises du PS en son temps avec le psychodrame Aubry/Royal. La tragie-comédie de Reims n'empêcha pas François Hollande, un troisième "larron", de gagner ensuite la présidentielle. Ce soir Hollande doit se frotter les mains en regardant la pagaille ches ses adversaires. Mais il y en a un autre qui pourrait également se réjouir : Nicolas Sarkozy. Tant il est vrai que quel que soit le résultat final entre Fillon et Copé, il sera tellement étroit  que la légitimité du nouveau président de l'UMP sera difficile à affirmer péremptoirement. Les conditions d'un retour pour Sarkozy sont ainsi préservées dans l'esprit des ses partisans inconditionnels. En tous les cas la route d'un troisième "larron" pour la droite reste ouverte. N'était-ce pas tout simplement le but inavouable recherché ?

Les résultats officiels dans l'Yonne :

La lettre de Guillaume Larrivé aux militants :