Un train de bois, semblable à ceux qui sont montés à Paris pendant des siècles pour chauffer les Parisiens, a été mis à l'eau en Bourgogne dimanche 7 juillet. Il arrivera à Auxerre le 3 août.

On les appelait les flotteurs de bois. Ce sont eux qui, dès le 16e siècle, ont convoyé le bois des forêts du Morvan vers Paris. Des bûches étaient attachées les unes aux autres, elles formaient un radeau que des hommes pilotaient sur l'eau. Ils mettaient une dizaine de jours pour arriver à Paris en remontant l'Yonne, puis la Seine.

Au XVIème siècle., un problème crucial se pose pour Paris : l'approvisionnement en bois de chauffage que les forêts franciliennes ne peuvent plus fournir. Prévôt et échevins cherchent de nouvelles ressources, toujours plus loin.  Les réserves inépuisables des forêts du Morvan furent mises à contribution grâce au Parisien Jean Rouvet qui développa en 1549 un ingénieux système de flottage du bois à grande échelle, jusqu'en 1923.

Le bois coupé dans les forêts du MORVAN était débité en bûches de trois pieds et demi (1,14 m), ou pour les plus grandes de 8 pieds (2,60 m).

Des marchands, la plupart de PARIS, venaient acheter les bois ; les plus courants étaient le chêne et le bouleau.

Cette activité a disparu au début du 20e siècle avec l'arrivée du charbon.

 

 

Flottage à Vermenton (DR)


Elles étaient transportées dans les chars à boeufs jusqu'aux rives de la haute CURE, puis mises à l'eau. Pour permettre un bon départ, les meneurs d'eau, enfoncés dans l'eau jusqu'aux genoux, débloquaient à l'aide d'un picot à long manche les bûches coincées entre les pierres ou les racines;

Selon les époques et les circonstances, la mise à l'eau s'est faite : soit par flots généraux : le bois de tous les marchands mis à l'eau ensemble, soit par flots communs : départ simultané pour 2 ou 3 marchands seulement, soit par flots particuliers : les bûches étaient lâchées pour un seul marchand.

Au début, le flot de bois passait par le pertuis du barrage des moulins, ce qui perturbait le travail des meuniers et provoquait des querelles entre meuniers et hommes du flottage.


Les étangs du MORVAN, alimentés par de nombreux ruisseaux, étaient pourvus de vannes qui permettaient de retenir l'eau. Vers le 15 novembre, quand la pluie était tombée abondamment et que les étangs étaient remplis, on ouvrait les vannes, puis on jetait les bûches à la Cure, en plein courant. Quelquefois elles se bloquaient et s'entassaient soit contre les piles d'un pont, soit le long des rives. Les hommes étaient obligés d'aller les dégager avec leur picot. Alors elles reprenaient leur course; le voyage durait quelquefois 3 semaines à 1 mois jusqu'à Vermenton. On ne pouvait faire que 3 éclusées par semaine car le débit de la Cure ne permettait pas plus.

Aménagement du lit de la Cure

Dès 1600, on se met à construire des petits barrages, distants les uns des autres de quelques lieues pour retenir l'eau dans les réserves, puis on aménage des digues plus longues.

Vers 1850, meuniers et flotteurs se mettent d'accord pour un aménagement qui les satisfait tous; ils protègent les pertuis des moulins et ouvrent des pertuis réservés au passage du bois.

LES SETTONS

Le barrage

Entre 1855 et 1858 on établit, à une dizaine de kilomètres de la source de la Cure, un barrage de 20 m de haut fait de pierres de granit taillées à la main. Ces pierres étaient amenées sur les chariots à boeufs.

 Souvenirs du flottage du bois à Vermenton

  

Le barrage a été renforcé en 1898 et en 1901, et révisé il y a quelques années. A l'origine, son but essentiel était de faciliter le flottage; les vannes permettaient de lâcher 3 à 6 m3 seconde. Le barrage, en régularisant le cours de la Cure, a grandement amélioré la navigation sur l'Yonne et une partie du canal du Nivernais.

 Souvenirs du flottage du bois à Vermenton

 

  Le lac

  Le lac artificiel des Settons a une superficie de 360 ha et 17 kms de tour. Il contient 23 millions de m3 d'eau (24 millions en pleines eaux). A la mise en eau, le moulin de Chevigny, près de l'île du même nom, s'est trouvé englouti. 

La digue des Settons mesure 271 m de long, 21 m de haut, 11,40 m d'épaisseur à la base et 4,90 m au sommet ou passe la route.

Au cours de l'hiver, les eaux s'accumulaient dans les étangs du MORVAN et surtout dans le vaste réservoir des Settons. Vers la mi-février, on ouvrait tout ce qui retenait les eaux, la Cure était presque en crue, c'était le moment du départ des bûches. Le courant très fort les emmenait plus rapidement à Vermenton; il se formait moins d'amas de bois qu'au petit flot.

Vermenton, cité du flottage du bois

1546 - 1926

" Pérégrinations de la bûche du Morvan "

 

 Souvenirs du flottage du bois à Vermenton

1ère Année

Hiver : Coupe des bois. Marquage des bûches.

Printemps : Transport dans des charrettes à boeufs. Empilage à proximité des cours d'eau.

Eté : Séchage

Automne : Petit flot (flottage à bûches perdues). Les bûches sont jetées dans les ruisseaux et elles s'écoulent jusqu'aux ports de jetage où elles sont empilées et séchées. 

2ème Année

Hiver : Grand flot (flottage à bûches perdues). Vers la mi-février, les eaux retenues par les barrages du Morvan sont lachées, provoquant une crue qui entraine les bois jetés dans la rivière à la même époque. Les bûches des ports de jetage sont ainsi transférées jusqu'à Vermenton, port d'aval où un barrage en V les arrête. Le voyage dure 1 mois.

Printemps : Tricage. Empilage.

Eté : Séchage.

Automne : Confection des trains de bois et flottage jusqu'à Paris. (10 jours environ)

Les "Poriers", ouvriers du port employés à l'année par les marchands de bois, aménageaient un barrage en forme de V.

Le barrage était formé par une rangée de perches, les "arlingues", plantées dans le lit de la rivière. Celles-ci étaient reliées entre elles par des osiers ou des "viornes" torsadées, les "rouettes" et appuyées contre d'énormes chevalets.

Souvenirs du flottage du bois à Vermenton

 En 1860, 70 000 stères de bois sont passés sur la Cure. Le 11 février 1898, 26 250 stères de bois arrivaient à Vermenton.

Souvenirs du flottage du bois à Vermenton

Mi-février, les poriers réunissaient et dirigeaient les équipes de manoeuvres occasionnelles. Des familles entières de Vermenton étaient embauchées pour tirer, une à une, les bûches de l'eau, à l'aide de leur picot (longue perche de 3 à 4 m de long munie d'un crochet acéré que l'on plantait dans le bois pour tirer de l'eau les bois flottés).

Souvenirs du flottage du bois à Vermenton

Pour la fête du 15 août, patrons et poriers se retrouvaient sur les bords de la Cure pour des joutes mémorables. (Extraits de Souvenirs du flottage du bois à Vermenton de Mimi89)

Souvenirs du flottage du bois à Vermenton