André Villiers, président de l'UDI et président du conseil général de l'Yonne (DR)

 

Mercredi soir au Maxime sur les quais à Auxerre, les centristes de l'UDI (union des démocrates et indépendants de l'Yonne nés du Parti radical valoisien et du nouveau Centre) le mouvement cher à Jean-Louis Borloo, présidé dans l'Yonne par André Villiers, président du conseil général, a clairement annoncé la couleur.

Union au centre, Modem 89 y compris (! sic) et tous derrière les meilleurs candidats (déjà désignés par l'UMP) pour gagner les élections municipales. D'un mot l'objectif est pour la droite enfin réunie et unie, de reconquérir les bastions qui lui appartiendraient selon d'aucuns, et notamment Auxerre, Sens, Joigny, Tonnerre et Avallon. Sonnez la charge ! Bref, l'UDI se positionne d'emblée et clairement derrière Marie-Louise Fort et Guillaume Larrivé (tous deux UMP) pour constituer une liste d'union aux élections municipales de Sens et Auxerre.

 

Supplétifs de l'UMP

Le problème c'est que la droite dans l'Yonne est extrêmement diverse dans ses sensibilités et indépendante. Si elle est effectivement puissante et capable de se mobiliser sur certains objectifs, elle n'est pas une droite de petits soldats la main sur la couture du pantalon.  Demandez donc à Herni de Raincourt qui en connait un rayon sur le sujet.

Que dire du centre, souvent introuvable mais sans lequel rien ne se fait ? Les élections ne se gagnent-elles pas là, au centre, dans le marais ? Introuvable car en miettes et chapelles, comptant jusqu'à neuf formations, aujourd'hui. Tant et si bien que tout le monde s'y perd y compris les militants ou sympathisants. Demandez autour de vous qui connaît l'UDI, ce qu'elle représente et pour quoi elle milite ?

André Villiers, l'indépendant sans étiquette, non inscrit, non membre de l'UAY (union pour l'avenir de l'Yonne) lorsqu'il fut élu la première fois conseiller général du canton de Vézelay le 29 mars 1992, a longtemps conservé cette distance avec les appareils et systèmes. Avec Marie-Laure Capitan (Flogny-la-Chapelle), Gérard Bourgoin (Brienon), Jean-Claude Lemaire (l'Isle-sur-Serein) et Guy Bourras (Saint-Julien-su-Sault) puis dans une certaine mesure, Alain Drouhin (Bléneau) et Patrick Gendraud (Chablis) qui fut président de l'UMP dans l'Yonne ; ils se sont toujours démarqués au sein de l'assemblée départementale, inscrivant leur différence en électrons libres.

 

Nécessité fait loi

Une fois suppléant, en 2004, du sénateur Henri de Raincourt (il ne faut pas que le nord prospère et que le sud désespère ...) puis sénateur en 2009, lorsque H2R devint ministre, André Villiers a creusé son sillon politique en entrant en parti (c'est incontournable pour faire carrière), non pas comme on entrerait dans les ordres ce qui lui correspondrait peut-être mieux fondamentalement quoiqu'on en dise, mais en jouant sa carte afin de pourvoir appliquer ses idées et la politique qu'il défend.

Cet humaniste aux convictions profondes, maquignon dans l'âme mais d'une grande ouverture d'esprit, réussit, en 2011, à se faire élire président du conseil général  présidé par le député UMP Jean-Marie Rolland (Vermenton), en profitant opportunément de divisions profondes dans les rangs de la droite. Cet homme du sud de l'Yonne né à Tharoiseau, qui fut pensionnaire à l'âge de 10 ans au lycée Jacques-Amyot à Auxerre et qui rentrait chez lui en train valises à bout de ses petits bras, est quelqu'un qui attire naturellement la sympathie des gens. 

Aujourd'hui, André Villiers est mû par la nécessité de durer et de se maintenir politiquement. Son ralliement objectif derrière l'UMP (nécessité fait loi) est dicté par ses convictions politiques certes, mais aussi par l'obligation d'un positionnement départemental qui lui vaut ou vaudra renvoi d'ascenseur et alliance objective, de la part de l'UMP. Bref, sauf séisme politique improbable, sans l'aval de l'UMP, point de salut pour André Villiers à la tête de l'Yonne. Et idem s'il veut retrouver un siège de sénateur en tant que titulaire cette fois. Pour défendre les territoires ruraux à l'abandon.

D'un mot, André Villiers est prisonnier du système. Comme l'affirme Jean-Pierre Soisson, on ne gouverne pas au centre avec notre système de scrutin. Autrement dit, les partis dits du centre ne peuvent constiituer que des forces d'appoint aux partis dominants. Le Nouveau Centre dont faisait partie André Villiers avant la création de l'UDI, était clairement à droite. Il reste à savoir comment se positionneront les autres chapelles centristes. Notamment le MoDem 89.

Il y a  fort à parier qu'à Auxerre ce dernier cherchera une alliance à gauche. À Sens, l'élue investie par l'UDI Claude Vivier, électron libre, ne veut pas de l'UMP Marie-Louise Fort. Elle est déjà alliée objectivement avec le centre gauche. À Avallon, Patrick Dessaint et l'ancien sous-préfet Mourad Chenaf sont en course pour l'intronisation à droite. Le second semble devoir tenir la corde.

Celui qui dit que la politique c'est facile, est un gros menteur.

 

P-J. G.