L'homme et l'entraîneur semblent faire l'unanimité auprès des joueurs et des supporters, sauf auprès du président Guy Cotret qui n'a pas encore pris sa décision, en son âme et conscience ... (DR)

 

Expéditions en Chine et en Arabie Saoudite, et bientôt en Inde : les émissaires de l'AJA ne semblent pas ménager leur peine pour tenter de conclure des partenariats financiers, au capital, et sous forme de prestations au centre de formation qu'il faut à défaut de  rentabiliser, au moins équilibrer.

Au-delà, puisque Emmanuel Limido le nouveau propriétaire du club du patro depuis le moins d'avril 2013, affirme ne pas vouloir vendre le club, l'AJA va-t-elle devenir la nouvelle Mecque du football ?

C'est l'ambition qui transparaît en filigrane d'une communication distillée au compte-gouttes, une ambition pas vraiment assumée et déclarée dans un contexte très difficile et incertain. Ah ces banquiers ... ils comptent et puis c'est tout.

D'abord, le sauveur du club, s'il l'a acheté 5 millions d'euros, n'envisage pas de mettre un euro de plus. Or, structurellement déficitaire, l'AJA va devoir repasser sous les fourches caudines de la DNCG (direction du contrôle de budget) et présenter des garanties qu'elle ne possède pas à l'heure actuelle. Au contraire, le déficit affiché est déjà de l'ordre de 3 millions d'euros, et il en faut davantage pour boucler l'exercice en cours et aborder la saison prochaine. Et la suivante.

Alors direz-vous comment l'AJA (Cotret l'homme lige de Limido) va-t-elle faire ?

Quelle est la problématique et comment peut-elle être définie?

 

Hypothèse 1.- Le nouveau propriétaire a mis 5 millions d'euros. Il faut donc qu'il rentabilise. Or comment peut-il rentabiliser, dans une logique de banquier ? Réduire les charges et vendre des produits. Le budget de l'AJA, le plus gros de Ligue 2 selon Guy Cotret, (17,5 millions d'euros) doit passer à 12 millions, rapidement et obligatoirement dans la mesure où les recettes confondues du club atteignent avec peine 9 millions.

Dans cette logique, Cotret - Limido (bonnet blanc et blanc bonnet), sont contraints de réduire de manière drastique les charges. Comment ? Par des licenciements, des réductions de salaires significatives, des fins de contrats non renouvelés. Exemple : l'entraîneur Bernard Casoni et nombre de joueurs.

C'est en effet presque la moitié de l'effectif auxerrois qui ne sait pas de quoi son avenir sera fait au terme de cette saison, fin mai. Des gardiens Baltus et Lembet (tout juste arrivé) à l'attaquant Sawadogo, en passant par les défenseurs Ramos, Coulibaly et Ebanega, et les milieux Monconduit, Haddad et Segbefia, neuf joueurs de l'effectif auxerrois sont en fin de contrat en juin prochain (*). Auxquels il faut donc ajouter Ngando et Kitambala, prêtés respectivement par Rennes et Saint-Étienne, sans option d'achat.

Le principe de réalité s'impose de manière absolue.

Réduire drastiquement les coûts et charges pour passer d'un budget déficitaire de 17,5 millions d'euros (le plus gros de Ligue 2) à 12 millions d'euros, telle est l'obligation du président Cotret mandaté par le boss Limido, toujours sur la même longueur d'onde.

Sachant qu'à 12 millions, Auxerre figurerait parmi les clubs huppés de Ligue 2 ! On ne voudrait pas être à la place de "grenouille" alias Cotret, ainsi baptisé, non sans affection, par des fans. C'est clair. Comment trouver 5 millions d'économies d'une année sur l'autre ?

Dans cette logique, Guy Cotret n'aurait qu'un seul choix. Il doit laisser partir tous les joueurs ainsi que Casoni l'entraîneur en fin de contrat. C'est un calcul de banquier qui ne voit que les chiffres et leur logique. Tout en découle. 

Après tout, Cotret ne peut-il pas jouer la carte de la remise à plat et de la reconstruction à partir du centre de formation (il vient  enfin de prolonger une pépite U 19...). Le président de l'AJA dispose d'une carte "entraîneur" choisie par lui-même, en la personne du directeur du centre de formation Jean-Marc Nobilo, pour prendre en mains l'équipe fanion. L'homme a les diplômes et l'expérience avec Le Havre en Ligue 1 pendant deux ans.

 

Hypothèse 2.- Guy Cotret n' a pas le choix. L'homme paraît plus que jamais seul après avoir fait un certain vide autour de lui. Il a exporté Fabrice Herrault avec la bénédiction de Limido, un Herrault devenu ambassadeur spécial de l'AJA sur la planète terre en louchant sur l'Extrême Orient et les pays du Golfe Persique, chargé de recueillir des fonds pour équilibrer le coût de financement du centre de formation et d'abonder au capital de la SAOS AJA. Sinon, le club devra déposer le bilan en fin de saison, le montant du déficit dépassant déjà les 3 millions d'euros. Cotret, le solitaire va-t-il réussir ? Grâce à Herrault, héraut transformé en héros ...?

 

Hypothèse 3.-  Sachant que l'AJA se retrouve au même point que l'année dernière, bref, à la limite du dépôt de bilan, le couple Limido-Cotret à travers la société d'investissement luxembourgeoise Centuria Capital annonce qu'il .. "re-sauve l'AJA ... " en remettant au pot contre toute attente ! Peu probable car ce n'est pas la vocation d'une société d'investissement qui gère les fonds des autres.

En attendant, certains internautes n'ont jamais compris la stratégie du nouveau propriétaire - et c'est bien son droit - de ne pas en avoir. ... " Never explain, never complain... "

Ultime observation d'un internaute qui nous taraude : " Si j ai bien compris Monsieur Cotret sur France Bleu Auxerre, ... en juin, on n'aura plus besoin de lui (Casoni) vu que tous les joueurs seront partis. Je ne comprends pas bien où veut en venir la direction :  remonter en L1 dans deux ans, sans investir d argent, avec des juniors du centre de formation ?"

 

P-J. G.

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(*)  Les fins de contrat

2014. Geoffrey Lembet (25 ans), Jeffrey Baltus (22 ans), Adama Coulibaly (33 ans), Rémy Ebanega (24 ans), Marco Ramos (30 ans), Prince Segbefia (22 ans), Rudy Haddad (28 ans), Thomas Monconduit (22 ans), Axel Ngando (20 ans, prêté par Rennes, sans option d'achat), Souleymane Sawadogo (20 ans), Lynel Kitambala (25 ans, prêté par Saint-Étienne, sans option d'achat).

2015. Olivier Sorin (32 ans), Donovan Léon (21 ans), Éric Marester (29 ans), Willy Boly (22 ans), Henry Ndong (21 ans), Karim Djellabi (30 ans), Jamel Aït Ben Idir (29 ans), Frédéric Sammaritano (27 ans), Julien Viale (31 ans), Paul-Georges Ntep (21 ans).

2016. Jean-Charles Castelletto (18 ans), Yann Boé-Kane (22 ans), Nicolas Staerck-Weille (20 ans), Nicolas Gavory (18 ans).

2017. Sébastien Haller (19 ans).

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Verbatim Bernard Casoni

"J'aimerais rester pour travailler dans les meilleures conditions. Maintenant, j'aimerais être fixé car je dois forcément anticiper la suite dans l'éventualité où je reste ou pas. Il y a toujours deux cas de figures possibles. C'est mon agent qui gère ça avec le président, moi je me concentre sur mon équipe en espérant pouvoir être fixé rapidement. Il faut être cohérent. Si je reste, il faut déjà préparer la future saison pour être dans les meilleures conditions.

"Mais pour cela, il y a quelques questions importantes : qui reste, qui part, avec qui je vais travailler et quels seront les moyens ? Il y a des paramètres financiers à prendre en compte pour savoir ce que l'on sera en mesure de faire ou pas pour cette équipe.

"Je ne demande pas grand-chose pour rester, juste être fixé sur comment on va repartir l'année prochaine si je reste. Le budget, les contraintes financières, l'organisation, les joueurs car il y a douze fins de contrat, etc.

Avant de prolonger, je veux savoir comment on va travailler car si c'est pour refaire l'intersaison de l'an passé, je ne resigne pas. Je comprends tout ce qui s'est passé car la nouvelle direction venait juste d'arriver, mais on ne peut pas revivre ça." (L'YR du 31 décembre 2013)