C'est une surprise et ce n'en est pas une. On sentait bien que les résultats du sondage de France 3 Bourgogne distillés quinze jours avant le premier tour était biaisés et ne correspondaient pas à ce que l'on percevait et ressentait en parcourant le terrain. Un tel écart semblait devoir distancer définitivement et dans tous les cas de figure, le député de l'Yonne, au profit du maire sortant.

Mais de là à imaginer qu'il y aurait moins de 282 voix entre les deux figures de proue du premier tour, non.

La vraie surprise cependant est la non qualification du FN pour le second tour. Il échoue de très peu mais il échoue, tout en améliorant sensiblement son score de 2008, passant nettement devant le Front de Gauche.

C'est donc un duel au second tour. Le socialiste maire sortant Guy Férez sera opposé au député UMP sarkoboy Guillaume Larrivé.

Ce sera la deuxième manche dès lors que la première a été remportée par le jeune député, contre toute attente, au mois de juin 2012, même si la Puisaye terre d'élection de la droite, composante de poids de la première circonscription de l'Yonne, ne sera sans doute jamais promise à la gauche.

À ma droite, un jeune loup affamé formé chez Hortefeux et Sarkozy, brillant et une carrière ministérielle devant lui à coup sûr, à la faveur d'un changement de majorité ce qui ne manquera pas de se produire car telle est la loi-pendule-bascule de la démocratie.

À ma gauche, le maire sortant au bon bilan global de deux mandats bien menés, qui ratisse le terrain depuis des décennies et est connu de tous les Auxerrois, y compris de JPS dont il fut l'adjoint. Un Férez qui a réussi à la faveur d'un nouveau dispositif gouvernemental, à rénover et modifier le paysage urbain de la cité favorisant la mixité sociale. Ce n'est pas rien.

Férez, c'est un bon, sur le fond, qui osera sérieusement soutenir le contraire ? Un homme de conviction au-delà des apparences contraires. Il peut encore faire et donner. Aurait-il fait son temps ? Voilà la question.

Car l'affaire et son dénouement sont essentiellement d'ordre générationnel.  Hors les étiquettes politiques (quoique UMPS...) et l'âge, qu'y a-t-il entre les deux hommes ?

Le programme ? C'est le même, ils ont beau nous expliquer le contraire. Aucun vrai projet structurant courageux, à l'image du département de l'Yonne, champion du saupoudrage.

Le centre ville que l'un et l'autre veulent revitaliser : du ripolinage et de la concertation bidon. Un seul homme politique a eu le courage d'énoncer une vérité structurante pour Auxerre, Jean-Louis Hussonnois, dans son programme de 2001 : un parking souterrain place des Cordeliers. Il n'a pas été élu.

"Le courage est la première de toutes les vertus politiques ..." (Hannah Arendt).

Il faudrait qu'un homme politique se fasse élire et promette de ne pas se représenter. Le message serait clair : j'ai six ans pour transformer Auxerre en profondeur. Le lecteur aura compris que l'auteur de ces lignes est un partisan inconditionnel d'un parking souterrain au centre de la cité de Paul-Bert, qui permettrait aussi la mise en valeur d'un patrimoine exceptionnel et inestimable. Un couvent, des tombes, des fresques murales extraordinaires. Imaginez un instant qu'on les découvre, les mette en valeur pédagogique et les fasse visiter aux touristes. Et que ça continue après lorsqu'ils rangeront leur voiture dans l'espace souterrain magnifié.

4 ans de travaux ? Pas de problème puisque je ne me représente pas. Cela dit, Auxerre centre ville après quatre années d'agonie ressusciterait comme elle ne l'imagine pas. Et les boutiques refleuriraient en centre ville. Pourquoi ? No parking no business comme disent les Américains, qui n'ont pas toujours tort.

Guillaume Larrivé comme Guy Férez sont des solitaires, qui se sont forgés par eux-mêmes, dans la douleur et les épreuves, à la force du poignet. Ils ont évité et négocié les peaux de banane et crocs-en-jambe plus qu'ils n'ont bénéficié de coups de pouce, beaucoup volant à leur secours lorsque se profilait la victoire. En ce sens ce sont de vrais républicains.

Le premier n'a pas succédé à Jean-Pierre Soisson, il a gagné et mérité la circonscription après l'avoir labourée pendant des années, lâché par JPS le député dont il fut le suppléant. Tout ce qu'il a fait il ne le doit qu'à lui-même.

Le second voue une authentique passion pour sa ville Auxerre, pour laquelle il a une vision, recoudre et développer vers le sud avec l'agglomération.

Le premier est jeune, relativement, car 38 ans, c'est déjà la quarantaine en perspective immédiate et tout à construire encore. Le second a à peine 60 ans, l'âge de la maturité, de la sagesse et d'une vie nouvelle à mener.

Qui l'emportera, nul ne le sait. À regarder les chiffres en termes de report de voix à droite et à gauche, cela peut se jouer à moins d'une dizaine.

Larrivé bénéficiera-t-il de la dynamique qu'il a générée inexorablement et devrait lui permettre de passer la tête au poteau, sans photo finish ?

Guy Férez, le sage et son expérience, trouvera-t-il chez les abstentionnistes des quartiers, tel Sainte-Geneviève, le surplus de voix nécessaires ?

Personne ne sait.

La question est peut-être simplement de savoir si les Auxerrois  souhaitent un changement générationnel, ou non,  pour diriger la cité qu'ils aiment. Mais le savent-ils eux-mêmes ... ?

 

Pierre-Jules GAYE

 

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