Willi Boly, une saison irréprochable avec l'AJA (DR)

 

Sans rien enlever à Boly, pour le président de l'AJA, Guy Cotret, Castelletto a manqué, vendredi soir, au stade Abbé-Deschamps, lors du match contre Clermont (0-2).

Il est vrai que le jeune arrière latéral de l'AJA Jean-Charles Castelletto placé en défense centrale par Jean-Luc Vannuchi pour pallier l'absence pour suspension de Willi Boly à Créteil, s'est honorablement acquitté de sa nouvelle charge. À la fois à Créteil, d'une rare indigence en attaque, contre Troyes à l'Abbé-Deschamps (0-0) et enfin à Tours (2-2) où il fut expulsé pour avoir provoqué le pénalty égalisateur en tant que dernier défenseur. Double peine.

Guy Cotret est quelqu'un qui manque de confiance en lui et se raccroche aux branches comme il le peut et il a sans doute raison, même si dans ces circonstances ce n'est pas toujours la raison qui gouverne. Car en disant que Jean-Charles Castelletto a manqué, il laisse entendre, sans le dire ... donc il rétorquera à juste titre qu'il ne l'a pas dit ou ne voulait pas signifier cela ... qu'avec Castelletto, l'AJA s'en serait mieux tirée face à Clermont voire aurait conservé le nul du départ du match, soit un point dans l'escarcelle sans avoir joué.

Il est toujours difficile de trouver des explications à une défaite et il est toujours plus facile de trouver un voire deux boucs émissaires, qui le plus souvent, masquent la réalité et corrompent l'analyse. Paradoxalement, Guy Cotret n'était pas contracté comme on l'a déjà vu souvent après un mauvais résultat. Il était détendu, souriant, de bonne humeur. Ce qui est une manière de prendre de la distance et de ne pas transmettre ses émotions à son entourage immédiat dont les joueurs qui ont davantage besoin de réconfort que de baston.

Mais était-il adroit d'en appeler et de convoquer comme une icône Castelletto dans un sport qui est un d'abord et avant tout sport collectif ?  Pas sûr. En outre, le jeune joueur de talent eût-il fait mieux que ses camarades, notamment Boly qui est directement visé puisque les deux jouent poste pour poste ? Cela eût pu même être pire... car Castelletto a déjà commis quelques bourdes (comme tout joueur qui se respecte) et notamment une qui amena directement un but au stade Abbé-Deschamps contre Nancy en Coupe de France le 8 décembre 2013, Bernard Casoni étant son premier défenseur au coup de sifflet final.

Cette saillie présidentielle, pour touchante qu'elle soit, est particulièrement perverse en puissance car elle contient tous les ingrédients de la déstabilisation. De Castelletto lui-même le bulbe sans doute ramolli par la louange indirecte dans le rôle du sauveur potentiel à  venir (quelle responsabilité ! quelle pression  sur ce jeune !), Willi Boly indirectement visé et condamné pour une rentrée délicate (après trois matchs sur le banc ou en CFA 2), l'équipe enfin, en grande difficulté collective justement, vendredi soir, face à Clermont. Qui n'est pourtant vraiment pas le foudre de guerre annoncé, qui végète dans le bas ventre mou du classement et  qui ne comptait que 4 points d'avance sur Auxerre au début du match.

 

Injustice

Conséquence mécanique serait-on tenté d'écrire de la sentence présidentielle, message clair à l'adresse de son entraîneur préféré : Castelletto va sans doute retrouver le poste de stoppeur à côté de capitaine Coulibaly, samedi (14 heures), à Caen. Exit donc Boly qui certes s'est fait enrhumer par Salibur sur le deuxième but clermontois, mais ne fut pas plus mauvais que l'ensemble de ses camarades de jeu. Que dire alors de Djeballi, de Ndong, de Pléa, de Kitambala invisible aux avants postes, de Ndango rentré dans le rang ... de Segbéfia contré dans la relance offrant le premier but à Clermont ?... par exemple, que dire de l'impuissance collective, du plan de jeu manifestement inadapté ? Allons, nous n'allons pas crier haro sur la baudet, que nenni, bien au contraire.

Il arrive à toutes les équipes, y compris les meilleures, de réaliser des non matchs, de passer à côté complètement et de ne pas savoir pourquoi exactement. Le président Guy Cotret lui a vu et déclaré que les Ajaïstes n'avaient pas l'esprit et l'attitude de guerriers (comme à Créteil et Tours) dans les vestiaires avant le match et qu'ils se seraient vus un peu trop beaux.  L'important en ces circonstances est de prendre conscience de la réalité, de l'admettre et puis de  rectifier le tir en se remettant en cause, autrement dit de réagir en se révoltant contre cette situation en forme de fatalité.

On peut faire confiance à l'entraîneur Vannuchi et aux joueurs. On les a vus trop abattus pour imaginer le contraire.

Il reste que l'on n'accepte pas l'espèce de procès indirect dont est objectivement victime, Willi Boly. D'abord parce qu'il est profondément injuste. Le défenseur central Auxerrois est irréprochable depuis le début de la saison. Irréprochable, oui. Et il a tenu la baraque avec ses camarades. C'est le joueur élu par les supporters.

Comment pourrait-on se priver d'un tel talent en défense ? Castelletto a encore tout à prouver. Ce ne sont pas trois matchs satisfaisants (hormis le pénalty et l'exclusion) qui font un joueur roi. Un bon joueur s'inscrit dans la durée.

On verra bien ce qui se passera et comment Vannuchi va constituer son équipe pour aller jouer un coup à Caen, que l'AJA avec Casoni était allée terrasser (0-3) à d'Ornano en Coupe de la Ligue, le 28 août 2013, en début de saison.

Castelletto pourrait très bien jouer devant la défense centrale. Devant Boly et Coulibaly. Il n'y a jamais une seule solution, il y a toujours 1 000 solutions.

 

Pierre-Jules GAYE