Le Parquet de Paris vient d'ouvrir une information judiciaire sur de possibles détournements de fonds opérés au profit de plusieurs sénateurs UMP, révèle Le Parisien/Aujourd'hui en France dans son édition de mardi.

"Le Parquet de Paris vient d'ouvrir une information judiciaire pour des faits de +détournements de fonds publics, abus de confiance et blanchiment", assure le quotidien.

Ce dernier précise que l'instruction a été confiée au juge René Cross et qu'elle fait suite à une enquête préliminaire de plusieurs mois, menée par des policiers de la brigade de répression de la délinquance astucieuse (BRDA).

Les policiers de la BRDA ont été chargés d'enquêter sur cette affaire après un signalement de la cellule antiblanchiment Tracfin.

 

DEUX ASSOCIATIONS AU COEUR DE L'AFFAIRE

Au coeur de cette affaire, apparaissent deux associations de loi 1901, l'Union républicaine du Sénat (URS) et le Cercle de réflexion et d'études sur les problèmes internationaux (Crespi), écrit le journal.

Le service Tracfin "avait adressé, au mois de juin 2012, un rapport au procureur de la République de Paris, après avoir repéré des flux financiers suspects entre les comptes de l'URS et ceux du Crespi", selon un proche de l'affaire, rapporte le quotidien.

Selon, les premières investigations, l'URS, dont le siège est situé à Saint-Valérien dans le nord de l'Yonne au domicile du sénateur Henri de Raincourt,  a perçu des fonds de la part du groupe UMP du Sénat, versés par la questure de la chambre haute, avant de les rétrocéder à ses membres.

Les détournements de fonds pourraient s'élever à près de 400.000 euros en l'espace de deux ans, toujours de même source.

H2R : TOUT EST LÉGAL

« Les groupes politiques s’administrent librement », souligne Henri de Raincourt. « Le budget du Sénat est voté, validé, les crédits sont ensuite versés aux groupes en fonction de leur représentation. À partir de là, les groupes en font ce qu’ils veulent. », précise le sénateur de l'Yonne, se référant à l'article 4 de la Constitution.

H2R note que cette affaire survient "comme par hasard" à la veille des élections sénatoriales et qu'est montée en épingle une affaire qui n'en est pas une ...

Le groupe UMP au Sénat a formellement démenti les accusations. Dans un communiqué, le groupe ajoute qu'il se tient « naturellement à la disposition de la justice afin de fournir toutes informations nécessaires et utiles à la poursuite de l'enquête.

 

« LE SÉNAT NE PORTE AUCUNE RESPONSABILITÉ »

Dans un communiqué, le président du Sénat, Jean-Pierre Bel (PS), a réagi à ces révélations. Il rappelle « qu'en aucun cas ces faits, s'ils étaient avérés, ne mettent en cause le Sénat dans sa gestion budgétaire », et souligne que « le Sénat ne porte aucune responsabilité dans l'utilisation des dotations attribuées aux groupes politiques pour leur fonctionnement. »

« Très attaché à la transparence de la gestion des fonds publics, Jean-Pierre Bel se réserve le droit de donner les suites qui se révèleraient nécessaires. »

CARLE : "JE N'AI JAMAIS REÇU D'ARGENT"
Dans le cadre de cette affaire, le sénateur de Savoie Jean-Claude Carle, trésorier du groupe UMP et vice-président du Sénat, a été auditionné librement. Selon Le Parisien, il a été destinataire d'une partie des 60 000 euros débités en espèces du compte du Crespi et a émis des chèques alors qu'il n'en avait pas la possibilité. Celui-ci dément : "Je ne me souviens pas d'avoir signé de chèques au titre de l'URS. Cette association ne verse pas non plus d'argent à ses membres. En tout cas, pas à ma connaissance. Les enquêteurs m'ont effectivement posé la question de savoir si j'avais touché de l'argent du Crespi. Je n'en ai jamais reçu", a-t-il expliqué au Parisien.