L’armée belge se retirant derrière l’Yser, et les inondations protégeant le dernier morceau du territoire, le terrain était parfait pour la défense, mais peu approprié à l’emploi de blindés. Les diverses autos blindées se trouvèrent donc inactives, cantonnées dans un village appelé Moere. C’est là que l’attaché militaire du Tsar Nicolas II remarqua ce nouvel outil de guerre et le trouva des plus utiles sur le front russe. L’idée d’un corps expéditionnaire naquit ainsi. C’est à Paris que sa constitution fut confiée au Major Collon - un visage de Mongol et une moustache à crocs impressionnante  - qui, aimant le faste, fit créer l’uniforme de ce nouveau corps - en cuir noir, le précurseur des uniformes des blindés modernes -, par le couturier Paquin.

Les  blindés - D.R.

Le corps des autos-canons-mitrailleuses, ou ACM, se rendit à Brest par ses propres moyens, pour embarquer, le 21 septembre 1915, à bord du Wray-Castle, ancien transport de bestiaux, vers Arkhangelsk.

 

"Mitraille" à bord du Wray Castle - D.R.

Arkhangelsk

Une aventure extraordinaire les attendait et ils feraient le tour du monde…

Les carnets d’un membre de cette aventureuse équipée nous en donnent de vibrantes images :

«C’est enfin Arkhangelsk dont les nombreuses églises blanches et vertes à clochetons dorés étincellent au soleil. Nous sommes le 15 octobre 1915 et notre traversée a duré 23 jours durant lesquels le froid, la tempête et la faim ont sapé notre moral. Tout un bataillon russe est là qui nous attend, figé au garde à vous. Derrière lui un monde grisâtre et hirsute formé d’ouvriers, de soldats et prisonniers au travail. Une musique militaire joue, on ne l’entend pas. Et tout à coup, comme obéissant à un mot d’ordre, nos hommes tous ensembles entonnent une vieille chanson paillarde d’étudiants et de soldats dont les termes sont trop crus pour que j’ose les reproduire. Les Russes s’imaginent entendre notre hymne national et présentent les armes et quand la chanson prend fin, à leur tour ils entonnent sur un rythme lent et impressionnant leur hymne national « bozhe tsarya khrani » c à d Dieu protège le Tsar»

 

Octobre 1915 - Arkhangelsk - D.R.

 

Ils vont alors à Pétrograd. Le 20 octobre 1915 ils débarquent à Peterhof, résidence d’été de la famille impériale. « Nous sommes installés dans des casernes relativement confortables de la garde impériale, bâtiments de bois, lits de fer, nourriture comportant quotidiennement le bortch, soupe russe au chou et lait aigre. Nous recevons d’amples capotes russes doublées de peau de mouton et bonnets  fourrés dès que le froid commence à sévir. Exercices, marches d’entrainement, le froid descend jusque 45° sous zéro et j’ai un jour le nez gelé. On me le frictionne avec de la neige et il pèlera comme une brûlure. Nous sommes autorisés le dimanche à nous rendre de Peterhof à Petrograd. Nous voyageons sans billet et apprenons à connaître la ville, et particulièrement la Perspective Newsky, grande avenue centrale. Nous avons quitté le pays avec un bon chien de charrette que nous avions adopté et surnommé Mitraille. Il nous accompagne le dimanche à Petrograd et porte à son collier un titre de permission : Le soldat Mitraille est autorisé à circuler dans Petrograd de telle à telle heure. S’il se perd dans l’immense ville, de lui-même il retrouve notre gare, la gare Baltique et attend les premiers Belges dont il reconnaît l’uniforme pour se joindre à eux. Il fera partie de la compagnie cycliste durant toute la campagne mais en mars 1918, sur le chemin du retour entre Kiev et Vladivostok il quittera un jour le train durant un arrêt, ne sera pas remonté à temps, courra dans la neige à notre suite et finalement s’arrêtera, épuisé. On ne le reverra plus ».  

 

En décembre 1915 le corps part au complet, voitures, cyclistes et motocyclistes à Tsarskoïe selo, résidence d’hiver du Tsar, qui les passe en revue, après quoi il leur est offert un splendide buffet froid dans les salons impériaux illuminés a giorno. Ils passent la Noël 1915 à Peterhof.

 

Tsarkoïe Selo : revue devant le Tsar (D.R.)

 

Début janvier 1916 ils se préparent au départ sur le front en Galicie, province polonaise qui alors fait encore partie de l’Empire autrichien. « Nourriture médiocre améliorée avec des œufs qui s’achètent à très bas prix. Les Juifs portent de grandes lévites et de singulières coiffures à larges bords. Le jour du sabbat on les voit se rendre à leurs offices avec sur les épaules une sorte de châle à rayures noires et blanches. Pauvres Juifs, on les bombarde souvent avec des œufs du haut des balcons ».

 

Un Juif en Galicie - D.R.

 

Au printemps 1916, ils sont adjoints à la 4ème division russe du Général Aleksei Evgen’evich. On les envoie pendant une huitaine de jours dans une tranchée de 1ère ligne. Le général russe Alexeï Broussilof déclenche une offensive sur l’axe de la chaussée Tarnopol-Lemberg (Lwof). Ils y participent en compagnie des Cosaques du Don qui seront à l’avenir d’excellents camarades. Prise de Jezierna d’abord puis en suivant la grand-route progression vers Zborów qui sera également enlevé.

 

Cosaques Kalmouks, 1916 - D.R.

 

Tarnopol et Volodchisk

 

Retour à Tarnopol et après quelques jours, départ de tout le corps pour Jezierna où ils s’installent pour l’hiver. La pluie survient, les routes deviennent impraticables. La campagne 1916 est terminée.

La boue... D.R.

 

Un long hiver morne entrecoupé de permissions pour lesquelles on leur donne des tickets de 3ème classe se déroule lentement.

 

« Le printemps approche et avec lui la campagne de 1917 menée par la nouvelle armée russe, l’ « armée révolutionnaire », puisqu’au cours de l’hiver la 1ère révolution, dite Menchevik a renversé le Tsar et son gouvernement, et mis à la tête du pays le député Aleksandr Kerenski, à la fois ministre de la guerre et chef du nouveau gouvernement. L’armée russe, désorganisée par la 1ère révolution (février 1917), reste figée sur ses positions et ne manifeste apparemment aucune intention de reprendre les hostilités. La discipline autrefois si rigide a fait place au laisser-aller le plus complet, les officiers ayant perdu toute autorité. Finalement tout est prêt avec beaucoup de retard et le 1er juillet 1917 après une forte préparation d’artillerie lourde qui avait grondé pendant 48 heures, les troupes russes partent à l’assaut et du premier coup enfoncent les positions ennemies. Le 17 juillet 1917 le 6ème Corps auquel nous étions attachés allait au repos, cédant la place au 49ème Corps, lequel comprenait notamment plusieurs régiments de l’ancienne garde impériale. Pour notre part, nous regagnions Tarnopol ».

 

Mais ce remplacement du 6ème corps s’avèrerait fatal : « Sur un front de 6 kms toute la 1ère ligne des positions russes se trouvait complètement inoccupée et dans la brèche qui leur était ainsi ouverte, les Allemands se précipitaient. Au lieu de refermer la brèche, les Russes lâchaient pied et fuyaient précipitamment. La trouée s’élargissait, seules les unités tchèques aidées de quelques bataillons de la mort et de Cosaques s’efforçaient de résister. Un régiment tchèque qui se sacrifia héroïquement fut décimé tant par le feu des Russes eux-mêmes que par celui de l’ennemi. Les survivants se groupèrent, se défendirent à coups de grenades et périrent jusqu’au dernier.

 

Ayant appartenu à l’armée autrichienne et s’étant après leur capture volontairement enrôlés dans l’armée russe, ils ne pouvaient songer à se rendre. Certains se firent sauter plutôt que de tomber aux mains de l’ennemi.

 

Derrière les lignes c’était un affolement indescriptible. Charrettes, canons, caissons, camions de toute sorte se ruaient vers l’arrière, encombrant les routes, se bousculant, se renversant. On vit des artilleurs couper les traits de leurs chevaux et abandonner leurs pièces, des canons se renversèrent dans les fossés en écrasant leurs servants. Des charrettes culbutaient leur chargement afin de fuir plus vite. Les gros camions automobiles abandonnant le matériel emportaient des soldats entassés et, sur leur passage, bousculaient tout. Le 21 juillet 1917 à 4 heures la gare de Tarnopol est en feu. Les dépôts de munitions sautent tandis que les premiers obus tombent sur la ville. Le long de la route vers Volodchisk, le village-frontière à 50 kms où nous nous arrêtons,  nous remontons le cortège lamentable de la retraite.».

 

Tarnopol, Juillet 1917. Soldats en fuite - D.R.

 

«Il n’y a plus d’autorité, de discipline. La révolution avait donné naissance aux comités de soldats, abolissant toute hiérarchie. Rien ne se faisait plus sans que fut intervenue la décision du comité, lequel selon son bon gré acceptait ou refusait d’exécuter les ordres. Le soldat russe auquel on avait dit que désormais il était libre se croyait en droit de ne plus combattre et de rentrer chez lui. Kerenski avait pu un moment soulever l’enthousiasme des troupes et les entrainer à l’attaque. Mais devant l’avance ennemie l’armée n’avait plus de ressort et fuyait sans répit. L’une après l’autre il fallut abandonner sans résistance les meilleures positions défensives et seuls les Cosaques, aidés par les autos blindées, contenaient un peu la poussée ennemie. Les journaux révolutionnaires sont interdits, le gouvernement provisoire a nommé un dictateur militaire. La peine de mort est rétablie, les comités de soldats sont abolis ou perdent toute autorité. »

Entretemps, à Petrograd, il y avait eu la révolution d’octobre, renversement du gouvernement menchevik de Kerenski par Lenine, Trotsky et consorts, et instauration du régime bolchévique.

« En août 1917 nous retournions en territoire autrichien, à proximité de Zbaraż, notre 1er cantonnement au début de 1916 et y restions jusqu’à l’automne. De là nous rentrions alors à Volodchisk sur la frontière, cette même ville où nous avions été amenés par chemin de fer au départ de Peterhof. Finalement nous recevions l’ordre de regagner Kiev où nous devrions attendre des instructions pour quitter la Russie. Nous embarquions à nouveau le matériel sur wagons et arrivions à Kiev. Les voitures étaient débarquées dans une gare de formation proche de la ville, à Swiatochine, et nous-mêmes, munis de nos seules carabines, étions finalement installés dans les sous-sols du monastère de Saint Michel au centre de la ville, près de la rue principale dénommée la Krichiatik, longue de 2 kms. »

Ils attendent donc les ordres à Kiev, où ils apprécient la détente et un repos bien mérités. Mais dans la nuit du 28 au 29 janvier 1918 les bolchéviques s’emparent de l’arsenal de la ville. Le 29 au soir la lutte s’engage entre Bolchéviques et Ukrainiens, appuyée par l’artillerie qui de part et d’autre tire par-dessus la ville. Quelques obus tombent, dont un devant le monastère St Michel où ils sont cantonnés. Le 31 janvier 1918 à 2 heures une bande bolchévique fait irruption dans la cour, composée d’éléments hétéroclites, des civils pour la plupart parmi lesquels des gamins sachant à peine manier le fusil qu’ils portent. Le chef est armé d’un vieux sabre et d’un révolver qu’il tient braqué devant lui. On fouille les locaux. Un civil effrayé qui se sauve essuie une salve de coups de feu et en est quitte avec une balle dans la cuisse. « Le 1er février. Nous nous sommes endormis Bolchéviques et réveillés Ukrainiens. Les éléments ukrainiens qui occupent le monastère appartiennent cette fois à un régiment régulier parfaitement équipé. Nous apprenons que parmi les victimes de la veille se trouve le Commandant français Jourdan, tué au moment où il traversait une rue prise sous le feu des 2 partis. » Puis, virevolte du destin une fois encore : « Brusquement tout le monde s’éclipse comme une volée de moineaux et je reste seul avec un camarade. Je ne suis pas encore revenu de mon étonnement qu’une bande bolchévique fait irruption sous le porche. On me dévisage sans m’adresser la parole et la bande se disperse dans le couvent à la recherche des Ukrainiens dont il ne reste plus trace. Nous voilà de nouveau bolchéviques. Remarqué un gamin de 10 ans habillé en soldat et trainant un fusil deux fois haut comme lui. » Ils quittent le monastère le 8 février 1918 et rejoignent Swiatochine à pied.

 

Le 16 février 1918 on leur annonce leur départ. Le 19 ils embarquent. Le convoi comprend une 40aine de wagons dont 17 de voyageurs. Il y a 2 wagons cuisine, un wagon boulangerie. Un wagon avec le groupe électrogène de l’atelier fournira la lumière au train entier. Ils ne démarrent que le 21 et arrivent à Moscou le 26 pour apprendre que les Allemands s’en approchent ainsi que de Petrograd. Ils vont à Vologda, au carrefour des lignes d’Arkhangelsk et du Transsibérien, où ils avaient espéré trouver des ordres relatifs à leur itinéraire mais… rien. Ils se rendent à 120 kms de là, à Buy, pour attendre. Le 3 mars ils reçoivent l’ordre de gagner Mourmansk dans le Nord alors que la ligne semble sur le point d’être coupée par les Allemands. 64 hommes se mutinent et refusent de partir, tandis que les Bolchéviques leur refusent une locomotive. « Le lendemain matin (4 mars) à 6 heures on sonne le rassemblement général. On nous annonce que la Russie vient de conclure une paix séparée à Brest-Litovsk et que le départ vers Vladivostok s’impose d’urgence.

 

Nous entamons notre tour du monde. »

 

La Sibérie - D.R.

 

« Notre train ne progresse pas très rapidement. La locomotive est chauffée au bois comme la presque totalité des locomotives russes à cette époque. Les dépôts le long de la voie sont bien fournis. A chaque arrêt nous nous approvisionnons personnellement pour alimenter les poêles que nous avons installés nous-mêmes dans nos wagons avant notre départ, et dont les cheminées passant au travers du toit donnent à notre convoi un aspect pittoresque ». Ils arrivent en Sibérie, où le Soviet local les arrête immédiatement à Omsk, ne reconnaissant pas l’autorité de Moscou qui a donné les papiers autorisant le voyage. « Le bruit avait couru que les Japonais avaient débarqué à Vladivostok et se préparaient à avancer en Sibérie. D’autre part il s’était créé en Mandchourie un mouvement contre-révolutionnaire dont les troupes constituant la garde blanche étaient sous les ordres du général Semenoff. On craignait de nous voir joindre ce mouvement et on nous somma d’abandonner nos carabines. Comme nous refusions, des discussions et palabres s’ensuivirent pendant deux jours pour arriver à une solution : nous pouvions continuer moyennant l’engagement d’honneur, pris par chacun d’entre nous sur signature, de ne pas nous joindre au parti ennemi ni de lui céder nos armes. Les soldats et sous-officiers furent seuls invités à donner ainsi leur signature, celle de nos officiers (nous sommes sous régime bolchévique) étant jugées indésirables ». Ils arrivent à Irkoutsk où cette fois le Soviet local, averti par celui d’Omsk, se montre coopératif. Ils remontent le fleuve Angara en direction du lac Baïkal. « A Tchita nous sommes de nouveau stoppés. L’anarchie est telle à ce moment en Sibérie que l’autorisation accordée à Omsk puis confirmée à Irkoutsk n’est pas valable ici. Heureusement nous avons retrouvé à Tchita les cosaques sibériens qui avaient participé avec nous aux opérations sur le front russe. (…) Ils prirent parti pour nous».

Avec les Cosaques du Don autour d'un phono - D.R.

 

A Tchita la ligne du transsibérien se divise en deux branches, l’une longeant le fleuve Amour et l’autre arrivant en Mandchourie vers sa capitale Kharbin pour ensuite se diriger vers Vladivostok, où les attendaient leurs prochaines instructions d’embarquement. Le Soviet les autorisait à suivre la première ligne, mais … ils bifurquent en douce vers la Mandchourie, pressés d’en avoir terminé avec cette longue campagne commencée trois ans plus tôt ! Un wagon plat chargé de deux canons prend leur poursuite et les  bloque à Daouria. « Les bolchéviques ne permettraient pas à notre convoi de passer la frontière, certains que leur matériel ne leur serait pas rendu. On envisagea de partir en colonne, sac au dos et fusil sur l’épaule, abandonnant tout le reste mais après de longues discussions on parvint à un accord : avec l’agrément du soviet de Tchita un de nos officiers et un de nos interprètes partiraient sur une locomotive munie d’un drapeau blanc jusqu’à la gare frontière opposée de Mandchourie en vue de prendre un arrangement. Trois jours plus tard nous vîmes arriver en le saluant un long convoi surmonté d’un drapeau blanc dont chaque voiture, portant en caractères russes l’inscription East Chinese Railway, était accompagnée de soldats chinois, révolver à la main ».

La gare de Kharbin - D.R.

 

Ils arrivent enfin en Mandchourie : « Ma première vision fut celle d’un officier russe portant fusil sur l’épaule et montant la garde comme un simple soldat. L’armée de Semenoff était composée en grande partie d’officiers ayant fui la Russie pour échapper au massacre. Nous en rencontrâmes beaucoup, aisément reconnaissables aux petites pattes d’épaule, insigne de leur grade et interdites sous le régime bolchévique. Nous eûmes la surprise de trouver un buffet abondamment pourvu de liqueurs et alcools français de toutes marques, évidemment destinés à la contrebande. Aussi le premier soin des hommes fut-il de se procurer immédiatement ce qu’ils n’avaient plus connu depuis Paris, et ce jour-là fut jour de cuite générale parmi tout notre détachement. »

 

Vladivostok: la fanfare du cuirassé Japonais joue la Brabançonne - D.R.

 

Ils ont quitté Kiev le 20 février 1918, et camperont dans leurs wagons jusqu’à la mi-avril, attendant des instructions du gouvernement du Havre via Pékin. On leur ordonne de se rendre à Vladivostok,  pour s’y embarquer en direction de San Francisco. « Au soir du 24 avril 1918, tandis que la fanfare d'un cuirassé japonais descendue à terre nous jouait la Brabançonne, nous nous sommes embarqués sur le Sheridan, prenant définitivement la route du retour, effectuant le tour du monde au terme d’un séjour de deux ans et demi en Russie, après avoir connu successivement le régime tsariste, Kerenski et puis bolchévique. C’était la fin d’une aventure pour nous inoubliable. Depuis de longs mois nous étions totalement coupés d’avec les nôtres. Les dernières nouvelles dataient d’avant la révolution d’octobre puisque dès ce moment le désordre et l’anarchie de la Russie nous avaient mis dans l’impossibilité de recevoir ou expédier aucune correspondance.»

 

200 soldats américains venant des Philippines et 100 soldats italiens les accompagnent. Le voyage dure 17 jours, qu’ils passent couchés au soleil sur le pont tandis que les Américains font leur culture physique quotidienne. Le 11 mai 1918 ils arrivent à San Francisco où on les soumet à une visite médicale et les vaccine avant de les lâcher dans la ville où l’accueil est impressionnant. Ils sont des vétérans et ont connu les révolutions russes. On les fait défiler, on les reçoit, on les fête. New York, Sacramento, Reno, Salt Lake City, Cheyenne, Omaha, Chicago, Des Moines, Detroit, Niagara, Buffalo, West Point… tout le monde veut les voir. Après un mois de ce régime, enfin ils embarquent à New York le 12 juin 1918 sur La Lorraine et arrivent à Bordeaux le 26…

 

Detroit - D.R.

 

Ils reviendront à leur vie « normale »… et n’oublieront jamais…

 

                                                    Suzanne DEJAER