ENTRETIENS
Le démographe est celui qui dit le présent : les fluctuations de l'immigration sont minimes depuis des décennies ...
le jeudi 13 novembre 2014, 11:48 - ENTRETIENS - Lien permanent
Le démographe Hervé Le Bras estime que c'est son rôle que d'essayer d'empêcher de dire n'importe quoi à propos de la démographie. Sa conférence en clôture des Entretiens d'Auxerre a pourfendu bien des idées reçues. L'augmentation de la population est essentiellement due à la baisse du taux de mortalité. Quant au solde migratoire en France, il est stable autour de 40 000, depuis 2010
Hervé Le Bras a appuyé son propos par des diagrammes significatifs (DR)
Pour le démographe Hervé Le Bras, penser le futur démographique, c'est établir des scénarios possibles. Ainsi, rien n'est jamais acquis comme ne attestent les chiffres des dernières décennies qui vont à l'encontre des prévisions les plus rationnelles.
La conférence donnée aux Entretiens d'Auxerre (13è édition) a aussi mis à mal certains préjugés bien ancrés, telle que l'immigration massive en France au cours des dernières années. Or c'est tout le contraire : les chiffres sont têtus.
Au-delà de cette conférence, comment expliquer ces idées reçues, ces préjugés fermement ancrés dans les esprits, notamment sur l'immigration et le crime ? Les sondages, enquêtes d'opinion et études montrent que la France n'est pas seule concernée, mais nombre de pays, par ce phénomène. Exemples : le Français "moyen" estime à 30 % le pourcentage de la population mussulmanne en France alors qu'il est de 8%. L'Italien "moyen" pense que la moitié de la population italienne est âgée de plus de 65 ans, or ils ne sont que 21%.
Cet "index d'ignorance" pose la question de savoir pourquoi les perceptions des gens sont si éloignées de la réalité. Comment retenons-nous une information ? Quelle est la part d'émotionnel dans les réponses que nous pouvons donner ? Mais ceci est une autre histoire, un autre débat.
Cependant, une début de réponse pourrait être trouvé dans cette suggestion : les gens n'ont peut-être pas besoin de s'informer, s'ils estiment qu'ils ne peuvent rien influencer. D'où la passivité et la perméabilité aux slogans ambiants, aux peurs et au phénomène de grégarité, sans esprit critique.
P-J. G.
Commentaires
Les entretiens d'Auxerre ont été, à mon point de vue, d'excellente qualité un trés bon cru.
Je suggérerais pourtant l'intérêt qu'il y aurait pour ceux à venir, de renouveler d'avantage le panel des intervenants, certains, talentueux certes, ayant semble t'il "élu domicile" chaque année.
D'autre part,
pour le thème de cette édition, "l'Avenir", sujet universel s'il en est, il eut été intéressant d'entendre des experts d'autres continents, tels l'Afrique, l'Asie, les Amériques. De même, il a manqué le témoignage des religions.