Bien malin celui qui peut affirmer ce qui va se passer, jeudi, dans une assemblée historiquement à droite, mais une droite composite, diverse et très personnelle. À tel point qu'elle s'est réfugiée dans une association 'L'Union pour l'avenir de l'Yonne.. la fameuse UAY " qui transcende les particularismes et personnalités pour rassembler et favoriser une discipline collective qui a toujours parfois fait défaut. Ce ne sont donc pas les étiquettes qui font recette mais l'engagement et la loyauté des hommes. 

C'est sans doute pour ces raisons qu'Henri de Raincourt UMP n'a pas admis le putsch d'André Villiers UDI. Aux dépens de Pierre Bordier UMP qui se présentait au nom de la majorité départementale, Jean-Marie Rolland le sortant UMP, ne se représentant pas, mis au rancart par les siens. Bordier le fidèle premier vice-président. Qui finalement retira sa candidature, laissant le champ libre à André Villiers dont le coup de poker fut gagnant (les élus de gauche dont Jean-Yves Caullet voteraient pour lui le cas échéant, qui ne put être vérifié et pour cause Ndlr). En clair : la majorité départementale dont l'UMP est le noyau dur, préféra sauver la face plutôt qu'étaler ses divisions. Les apparences étaient sauves, en quelque sorte. Faux calcul puisque les règlements de compte courent toujours.

 

L'appel de Germigny

Mais alors direz-vous, pourquoi le Docteur Rolland de Vermenton, député reconnu travailleur assidu parmi les meilleurs députés au classement, fut-il sacrifié ? Question de personnalité. Il aurait en outre trahi Raincourt en démolissant tout ce que ce dernier avait construit et notamment un symbole fort, le Festival international Musique et Cinéma d'Auxerre, fort critiqué au départ et regretté ensuite, fauché dans sa splendeur, en 2008, après pas moins de 9 éditions. Au moment où il était consacré par la communauté internationale et où tous les médias spécialisés en parlaient.

On peut comprendre que l'UMP veut, jeudi sa revanche. Et elle l'attend depuis longtemps. La vengeance n'est-elle pas un plat qui se mange froid ?

Mais quelle UMP ? Une UMP de l'Yonne décapitée depuis que le député de l'Yonne Guillaume Larrivé a démissionné, actuellement dirigée par un secrétaire général interimaire, le migennois François Boucher. Qui gère les affaires courantes au mieux.

André Villiers, dans un contexte de plus en plus difficile, a gouverné comme il a pu. On peut certes lui reprocher des tas de choses mais il reste qu'il a désendetté le département et le bougre ne s'en est jamais vraiment vanté. Car il est tout sauf un homme de communication. Il aime la digression. L'homme a été décrié, il a pris des coups mais est resté debout, parfois seul, contre tous.

L'appel de Germigny pour construire une digue contre le FN dans les cantons de l'Yonne, c'est lui, l'homme. Plus que l'UDI. Tout à côté en Côte d'Or, François Sauvadet UDI préconisait le "ni ni" de Sarkozy. À l'inverse, André Villiers, enraciné familialement dans la résistance, opposait un front républicain improbable. Envers et contre tout. Viscéralement.

À Germigny, des UMP, UDI et PS accourus de partout, l'ont rallié.

Y compris Jean-Baptiste Lemoyne, le jeune sénateur UMP (37 ans), l'homme qui monte dans l'Yonne et incarne le renouveau de la classe politique. Comme autrefois Raincourt au même âge. L'élu du nord de l'Yonne a un projet et une méthode renforcée par la maîtrise des réseaux sociaux. Ce n'est pas un hasard s'il était à Germigny cet après-midi là, dans la salle du Foyer communal. Certes, il marquait André Villiers son adversaire potentiel à la culotte, en fin politique (JBL ne s'était pas encore porté candidat à la présidence du conseil départemental). Mais au-delà il a pris ses responsabilités pour conforter le front républicain. Se démarquant de la consigne nationale du "ni, ni", prônée par Nicolas Sarkozy.

 

"The Battle"

À ceux qui lui opposent la loi sur le cumul des mandats qui sera appliquée à l'été 2017, Jean-Baptiste Lemoyne affirme sa conviction que la République ne requiert pas des élus "hors sol". En un mot il revendique, sur le fond, le cumul d'un mandat national et d'un mandat exécutif local, comme nombre de ses collègues. Sauf à changer la loi ce qui prendra des mois, s'il est élu à la présidence du conseil départemental de l'Yonne, jeudi, il devra choisir entre son mandat de sénateur et de président de l'exécutif départemental, à l'été 2017.

C'est le Battle. Qui chantera le mieux sur la scène de l'assemblée départementale, jeudi matin, à l'heure où les oiseaux se seront tus ?

On prend les femmes par les oreilles et le rire, suggère l'adage populaire. Par nature les hommes, coqs, ont une appétence pour le pouvoir et la séduction qui en découle naturellement. De la même manière, certaines femmes sont sensibles aux hommes de pouvoir (dans lequel elles reconnaissent leur beauté d'hommes solides et audacieux ...) au travers de ce qu'ils représentent.

Jeudi matin, 21 femmes et 21 hommes pour la plupart nouveaux, nouvellement élus, vont devoir choisir un président, un chef, pour diriger le département de l'Yonne.

La première chose qu'ils devraient avoir en tête, est qu'ils sont là pour travailler au bien commun, tous ensemble, car c'est ce que veulent les gens, les vrais gens dans le département, qui ont adressé dans les urnes des messages de désespoir. Autrement dit, les électeurs n'ont pas adressé un chèque en blanc à leurs élus. Ils veulent des résultats. Ils veulent de l'efficacité. Et ils veulent qu'on leur rende compte de ce qui est fait, de ce qui marche et de ce qui ne marche pas. Ils veulent aussi un coup de balai.

Tout un programme - feuille de route qui appartiendra à la nouvelle équipe qui va être élue, jeudi : président, vice-présidents, délégués, représentants dans les associations et organismes divers. Nul doute que les meilleures intentions seront exprimées et tutti quanti, par les uns ou les autres, appel au rassemblement compris, dans l'intérêt général. Il reste à savoir si les mots se traduiront en actes dans la réalité. On verra.

Tirer le département vers le haut, une Yonne qui traîne dans le bas des classements nationaux à bien des égards. Et parfois bien injustement, sabrée par quelques critères loufoques, qui ne traduisent pas la qualité mais la quantité.

La majorité départementale, qu'elle soit dirigée par un UMP ou un UDI comptera pour "peanuts" dans la symbolique de l'alternance. Sauf que l'avenir de la majorité d'alternance dépend de l'union entre la droite et l'UDI et le MoDem. Juppé, Sarkozy, Lemoyne et Larrivé ne peuvent pas dire le contraire. Sous peine de laisser ici et là des traces de division durables. N'y en a-t-il pas suffisamment comme cela ... ?

Alors Villiers 2 avec une assemblée renouvellée et une nouvelle équipe, .... ou Lemoyne 1 nouvelle génération d'élus et une empreinte nouvelle ?

 

Pierre-Jules GAYE

 

 

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Séance publique

 

Communiqué de la direction de la communication du conseil général :

 

"L'installation du nouveau Conseil Départemental de l'Yonne aura lieu à 9 heures (et non 9h30 comme précédemment annoncé) à l’Hôtel du Département, place de la préfecture à Auxerre.

"La session commencera par l'élection du nouveau Président du Conseil Départemental.

"Celui-ci pourra ensuite porter à l'ordre du jour de cette réunion les points suivant :

- détermination de la composition de la Commission Permanente
- après une interruption de séance : élection des membres de la Commission Permanente
- désignation des membres du Conseil Départemental appelés à siéger au sein de la Commission d'Appel d'Offres
- désignation des membres du Conseil Départemental appelés à siéger au sein de la Commission du Jury de Concours et de la Commission de Délégation de Service Public
- désignations "prioritaires" des membres du Conseil Départemental appelés à siéger au sein d'organismes extérieurs
- délégations du Conseil Départemental au Président

"Le photographe du Conseil Départemental sera présent lors de cette installation pour les photos de groupe et les portraits."