Saviez-vous que l'EA Guingamp et l'AJA ont inspiré le cinéaste Jean-Jacques Annaud à la fin des années 70, pour le film « Coup de tête »? Et que ce film dans lequel des joueurs de l'AJA jouaient les figurants pendant les tournages qui se prolongeaient parfois tard, fut le déclencheur de la formidable aventure programmée de l'AJA qui était encore un club amateur. Il inspira l'équipe de Mésonès, Klose et Denis au point d'aller en finale de la Coupe de France en 1979.

Plus de 30 ans après, le film est resté dans les mémoires. En tout cas dans celle de Guy Roux, conseiller technique qui apparait dans le générique et Lucien Denis qui passa des heures sur le terrain lors des tournages avec le capitaine Sergé Mésonès. Les maillots bleu et blanc qui évoquent ceux de la Challotine, le défilé en ville à Auxerre et ses maisons à pans de bois, demeurent. Ainsi que les bonnes blagues autour de Patrick Dewaere, piètre footballeur, le comédien disparu trop tôt tragiquement.
 
Ce ne sera pas un remake, mardi soir à l'Abbé-Deschamps, car En Avant Trincamp petite équipe de district, a été éliminée en seizièmes de finale. Or nous voici en demies. Pourtant l'imaginaire sera encore bien présent dès lors que les deux équipes, l'une Bourguignonne, Icaunaise, l'autre Bretonne, costarmoricaine, ont des histoires et des aventures qui les ont menées en finale de la Dame Coupe.
 
Le palmarès le plus riche est celui d'Auxerre, vainqueur à 4 reprises de l'épreuve (1994, 1996, 2003 et 2005, plus la finale perdue par les amateurs en 1979 contre Nantes après prolongations). Mais ça c'est le passé. Même si la filiation se poursuit. 
Guingamp fut sacré en 2009 et en 2014, finaliste en 1997, demi-finaliste en 1998.
 
Dix ans après sa dernière Coupe de France remportée au stade de France, en 2005, qui parapha la retraite de Guy Roux, l'AJA qui a connu le paradis de la Ligue des Champions en 2011 mais aussi la descente aux enfers qui s'ensuivit ; se retrouve propulsée malgré elle sur le devant de la scène footballistique, une nouvelle fois, pour une nouvelle représentation nationale.
 
Auxerre a redoré son blason, l'air de rien, avec une équipe en totale reconstruction et un entraîneur jusque là inconnu. Le club a progressé, l'équipe aussi et les supporters ont retrouvé leur voix et la passion et l'envie des soirées de folie.
 

Deux équipes de clochers et de terroirs
 
Qu'elle semble lointaine, la cruelle relégation en Ligue 2 puis le quasi dépôt de bilan évité d'extrême justesse grâce à un racheteur qui a mis 5 millions sur la table. Et la lutte pour s'y maintenir en Ligue 2, parfois jusqu'à l'ultime journée. La saison dernière encore après l'antépénultième.
 
Mutatis mutandis, les liens entre les deux clubs sont encore plus forts.
Lionel Mathis est devenu capitaine de Guingamp lui qui illumina l'équipe de l'AJA.
Le président de l'AJA, Guy Cotret, est un ami intime de Noël Le Graët, président de la FFF, ancien maire socialiste de Guingamp, qui fut longtemps président de l'En Avant Guingamp puisqu'il l'était déjà à l'époque du tournage du fameux film mythique.
L'entraîneur auxerrois, Jean-Luc Vannuchi, a joué à Guingamp (1996-1998) club avec lequel il disputa une finale de Coupe de France, perdue aux pénaltys contre Nice. Ce fut une déchirure pour lui et les membres de sa famille de quitter le club breton pour Cannes, tant ils se plaisaient en Bretagne, où est née une de leurs filles.
 
En face il y a Jocelyn Gourvennec, ancien joueur lui aussi, qui a fait monter Guingamp de National vers l'élite et l'a qualifié en Coupe d'Europe, cette saison, puisque hé oui, Guignamp est le tenant du titre, le tenant de la Coupe de France.
 
C'est donc à un match particulier, une rencontre entre équipes de clochers, de villages et de terroirs, à laquelle il va être donné à assister route de Vaux, qui va renouer avec la tradition.
 
Certes, Guingamp est le favori car c'est une équipe de Ligue 1 détentrice par surcroît du trophée. Une équipe qui s'est frottée aux clubs européens et où elle a réalisé de belles performances sur terrain adverse, y compris dans l'adversité. On peut en outre se demander quelle est la trace dans l'inconscient de l'arbitre de cette rencontre, générée par la seule présence du président Le Graët en tribune d'honneur qui sera non loin de son ami et ex-collègue Jean-Claude Hamel ?
 
Il reste que le match et le jeu appartiennent aux joueurs qui sont tous bien conscients d'avoir rendez-vous avec l'histoire. C'est rare dans une carrière. Une demi-finale ça se gagne. Point barre. Les mots sont de Frédéric Sammaritano ressuscité après une année de rééducation douloureuse avec des périodes de découragement.
 
Jean-Luc Vannuchi, lui, résume  d'une phrase bien à sa manière. 
« Pour Guingamp, c'est un nouveau match piège et, pour nous, c'est une finale avant l'heure. »
 
Messieurs le terrain est à vous. À vous de jouer. Donnez du plaisir, faites vibrer et chanter, faites rêver.... Tout le monde en a bien besoin.

Pierre-Jules GAYE
 

 
 
 
 

 

 

LES ÉQUIPES

 

Auxerre : Léon - Aguilar, Puygrenier (cap), Fontaine, Djellabi - Aït Ben Idir, Mulumba -  Sammaritano, Gragnic, Berthier - Diarra


Guingamp : Samassa - Jacobsen, Sankoh, Sorbon, Lévêque - Pied (ou Yatabaré), Mathis (cap), Sankharé, Giresse (ou Pied) - Beauvue, Mandanne

 

Mathis le double maillot

Le milieu de terrain de 33 ans a déjà levé le trophée deux fois avec l’AJ Auxerre (2003, 2005), son ancien club, et deux fois avec Guingamp (2009, 2014), son équipe actuelle.