L'UDI détient l'exécutif, la présidence, les vice-présidences, à parité (DR)

 

Augmenter l'emprunt (les taux n'ont jamais été aussi bas), réduire les dépenses et les charges, procéder à des coupes claires, vendre des biens fonciers ou immobiliers, augmenter les impôts.... sont les leviers classiques pour équilibrer un budget.

Lors du débat d'orientation budgétaire à la mi-avril, d'aucuns avaient demandé, dont le secrétaire général de l'UMP dans l'Yonne, les élus socialistes et d'autres, que le levier de la hausse de l'impôt ne soit pas actionné car d'une part c'est une mesure "paresseuse" et d'autre part, le ras-le-bol des gens exprimé lors des élections cantonales devait être entendu et pris en compte dans une situation de marasme et de souffrance.

André Villiers le président UDI avait rétorqué qu'il ne souhaitait en aucun cas avoir recours à l'emprunt, car c'était un impôt différé, et que pendant quatre années de 2011 à 2014, il s'était employé à réduire l'endettement du département qui avait doublé de 2008 à 2011, passant de 120 à 240 millions d'euros, imputables à la gestion et aux promesses Raincourt plus qu'à la gestion Rolland, à en croire André Villiers, réélu à la présidence pour un nouveau mandat de 6 ans.

Plus fondamentalement, au-delà de la technique utilisée pour combler les deficits, c'est le projet et la méthode qui sont mis en cause par des conseillers départementaux de la majorité, dont un certain nombre considèrent qu'ils sont mis devant le fait accompli. Ou ils n'ont pas eu le temps d'examiner le projet de budget arrivé bien tardivement, ou ils n'ont pu avoir accès à des informations complémentaires pour se forger une opinion. Sachant que de toute façon, le projet était bordé, confectionné par les services et donc l'affaire était en quelque sorte "pliée" pour reprendre l'expression sportive comme on dirait d'un match qui est joué.

Tout cela sans rapport avec les étiquetages politiques : simplement motivé par une attitude de responsabilité face aux décisions à prendre. Certes l'assemblée a été considérablement renouvellée, un renouvellement qui ajoute, légitimement, aux divers questionnements.

 

Mise à l'écart

Dans ce contexte, on comprend mieux pourquoi Clarisse Quentin (UMP) Sens, adjointe au maire de Sens, sollicitée du fait de ses  compétences reconnues pour prendre la présidence de la commission 1 - celle des finances - avait décliné, après avoir, dans un premier temps, accepté et pris des contacts avec la direction des services du conseil général. Elle souhaitait pouvoir prendre connaissance de l'état des finances et des dossiers en rencontrant les responsables des différents services, ce qui paraît la moindre des choses quand on est en charge de la commisison des finances. Clarisse Quentin n'a pas souhaité que lui soit imposé par les services le projet de budget bouclé assorti d"une hausse de l'impôt, dont elle voulait avoir la conviction qu'elle se justifiait.

C'est pourquoi elle a choisi de "démissionner", estimant ne pouvoir s'engager sur ces bases.
C'est Marie-Laure Capitain (UDI) Saint-Florentin, qui a pris la charge.

Il reste à savoir - et on le saura mercredi ou jeudi lors du vote du budget - si ceux-là mêmes qui se questionnent et questionnent, se rallieront à l'appel pressant du président de la majorité départementale pour voter le budget tel quel. Et si celles et ceux au sein de l'UMP de l'UDI et des non inscrits divers droite, qui s'abstiendraient ou voteraient contre, seront mis au ban et cloué au pilori. Ou respectés dans l'exercice de leur mandat, et associé aux décisions.

André Villiers avait mal vécu la période 2008-2011 au cours de laquelle lui-même et un certain nombre de conseillers généraux, dans une large majorité, avaient été mis à l'écart.

"Je me sentais floué, en tant que représentant d'un territoire, de ne pas être associé aux décisions qui étaient prises. Pour sortir de cette situation, j'ai rassemblé, en 2011, des élus qui eux aussi voulaient rompre avec la méthode antérieure, privilégiant le travail en équipe" (Au Fil de l'Yonne, avril 2015, page Grand format interview d'André Villiers).

Tout est dit.

  

Pierre-Jules GAYE