AVERTISSEMENT  Les conditions d'éclairage étaient minimales dans la salle de projection du cinéma Casino. Cela explique la piètre qualité des images, ce qui n'enlève rien à la qualité du débat et à ce qui se dit, qui est le plus important.

 

Présentation, remerciements et 1ère table ronde avec les témoignages des apprentis qui apparaissent dans le film documentaire

 

 

Table ronde numéro 2 avec les témoignages des maîtres d'apprentissage, des apprentis et des politiques

 


 

 

 

Dans une salle de cinéma à peine éclairée, les lumières sont venues de la scène où les personnages divers ont témoigné. Sylvain Joliton, secrétaire général du Cercle Condorcet d'Auxerre puis Héloïse Lhérété, rédactrice en chef de la revue Sciences Humaines éditée à Auxerre, ont orchestré les débats. À gauche, l'auteure réalisatrice Anne Muxel (DR)

 

Malaise. C'est le mot, du moins le nôtre. Pour résumer à la fois le film et le débat qui s'ensuivit.

Le film documentaire projeté en avant première, mardi soir, au cinéma Casino à Auxerre, est assez terrifiant de l'état de la France jeune et rurale, si tant est que l'Yonne est un département rural. Dans cette France "périphérique" (*).

Or, cette soirée de présentation-émotion fut en vérité une ode, un hommage permament à l'apprentissage, aux apprentis et au Cifa  (centre interprofessionnel de formation d'apprentis) d'Auxerre dont les effectifs s'effondrent, dans le contexte actuel, un système "vérrouillé par l'Éducation nationale" selon le président régional de Bourgogne Intérim, Patrick Tuphé, par ailleurs conseiller municipal d'Auxerre centriste dans le groupe de l'opposition.

À un point tel, que le quidam pouvait imaginer que ce film était sponsorisé par le Ministère de la Culture ...

La séquence émotion fondée sur la sincérité des apprentis vedettes d'un soir - quoiqu'on en dise - est montée en puissance tel un phénomène grégaire.

Pire, ou mieux, les deux tables rondes allèrent dans le même sens, univoques, de manière irrésistible, comme la marée montante, ou descendante.

Or rien n'est plus faux. Anne Muxel, sociologue, politologue, directrice de recherche au CNRS a ramé pour financer son deuxième film d'auteure réalisatrice. France 3 Bourgogne fut la clé. Ce film docu sera diffusé sur les antennes nationales dans les semaines à venir.

 

Crépusculaire

 

En outre, Anne Muxel, dans ses interventions, s'efforça de tempérer le mouvement en recentrant le débat, non sans finesse. La dame d'Auxerre adoptée, s'attendait peut-être à autre chose, à d'autres réactions, non ?

Le fond est que le film docu en question interpelle et met mal à l'aise. Comme ces belles images de transition, crépusculaires, montrant une campagne vide et des chemins qui ne vont nulle part.

En effet, comment donner un avenir à nos jeunes, alors que notre système politique et éducationnel est défaillant et que plus personne ne s'y fie  ?  Comment aider ces jeunes qui revendiquent de vivre au jour le jour, sans penser au lendemain qui stresse et sans penser au passé qui ne sert à rien ?

Il reste le film, les images et les mots, les phrases... les silences.

Le mérite d'Anne Muxel est d'avoir donné la parole à des gens, des jeunes à qui on ne la donne jamais. Aux exclus, et ils ne sont pas les seuls. Donc que personne n'entend jamais. Rien que ça c'est énorme. Et nos critiques vacillent, boursouflures insensées.

Cette partie de jeunesse est oubliée, méconnue et pourtant tellement présente partout dans nos vies quotidiennes, les gestes de tous les jours.  La difficutlé c'est le décryptage, l'interprétation et au-delà, la perception des choses et des dits et non-dits au travers des dits.

La sociologue-politologue a du pain sur la planche. On ne voit pas s'esquisser une contre-société à venir ... mais les contours sont posés.

 

Pierre-Jules GAYE

 

___________________

(*) La France Périphérique (Comment on a sacrifié les classes populaires) de Christophe Guilluy, géographe, Editions Flammarion

 

La salle 8 du cinéma Casino s'est vidée petit à petit au fur et à mesure des débats qui se sont prolongés tard (DR)

 

La deuxième table ronde a vu les politiques entrer en scène (DR)