Le président Guy Cotret suit la feuille de route établie de longue date (DR)

 

Une nouvelle saison sportive débute, vendredi soir, avec l'ouverture du championnat de France de Ligue 2, précédant d'une semaine, le coup d'envoi en Ligue 1.

L'AJA accueille, vendredi soir, le Stade Brestois d'Alex Dupont autrefois entraîneur du grand Gueugnon dont le stade en déshérence, hébergera Bourg-en-Bresse promu en L2.

Sur les 20 clubs sur la ligne de départ cette saison, 17 ont évolué en Ligue 1, à l'exception de Clermont, Bourg-en-Bresse et Créteil.

Ce seul constat suggère combien le championnat sera serré et la lutte pour la montée et ne pas descendre sera âpre.

La saison dernière, une seule équipe a survolé les débats sans que jamais elle ne se retrouve hors de portée hormis sur la fin du championnat : c'est l'équipe voisine de Troyes. En ira-t-il de même cette saison ? Verra-t-on un club promu rivaliser pour la montée à l'image du Gazélec Ajaccio la saison dernière ?

Que vont réserver le Paris FC, dont Guy Cotret fut président de 2003 à juin 2012 succédant à Noël Le Graët, avec Vannuchi comme entraîneur (2009-2011), et le Red Star, deux noms qui comptent dans le paysage mythique du foot français ?

Quel va être l'effet des nouveaux entraîneurs qui débarquent et que vont-ils apporter : Safet Susic à Évian, Marco Simone à Tours, Denis Renaud au Paris FC, Rui Almeida au Red Star, José Riga à Metz ... ?

Que dire des Crocos Nîmois sauvés de justesse de la relégation mais qui vont entamer le championnat avec 8 points de retard ... une curieuse pénalité contraire à l'éthique sportive, infligée par la commission de discipline de la Ligue le 17 mars dernier, dans l'affaire des matchs présumés truqués en Ligue 2, une sanction confirmée par le CNOSF le 10 juillet, qui pourrait encore être contestée devant le tribunal administratif.

Qui pour succéder à Troyes, le Gazelec et Angers en cas de 3 montées ?

 

La remontée sera une oeuvre collective ou ne sera pas

 

Bien malin ou inconscient qui peut le dire aujourd'hui. Nombre d'équipes sont favorites. Aussi le nom de l'AJA, club au passé prestigieux, vivement revenu de nulle part à la surface la saison dernière, avec la participation à la finale de la Coupe de France perdue face au PSG (1-0), y figure objectivement.

En outre le président Guy Cotret a clairement et depuis longtemps fixé la feuille de route. Après l'opération survie et pérennisation puis l'année de refondation avec la victoire en Gambardella, cette saison est annoncée comme étant celle de la remontée en Ligue 1. Cela a le mérite d'être clair et surtout de mobiliser dans tous les secteurs tout en plaçant chacun devant ses responsabilités.

Les joueurs, mais aussi l'encadrement, dans toutes ses composantes jusqu'au centre de formation. La courroie de transmission et l'entente devra être parfaitement huilée entre Vannuchi et Nobilo qui a fait remonter, avec son comparse Radet, l'équipe B en CFA.

D'un mot la remontée sera une oeuvre collective ou ne sera pas. La qualité de l'accueil du public, le respect dû aux clubers bref l'état d'esprit général en fait partie. Ce qui n'est pas forcément le cas actuellement, dès lors que des fidèles de l'AJA sont traités comme du bétail que l'on rangerait dans des enclos. La fermeture des tribunes hautes et la construction des loges exilent les gens informés par une missive qui reste en travers de certaines gorges.

Il n'en demeure pas moins vrai que tout le club mais aussi toute la région, toutes les forces vives sont appelées par le président à tirer dans le sens de l'excellence pour la montée.

Cela ne signifie pas que les choses seront simples, au contraire. Les plus beaux parcours s'accomplissent toujours dans la douleur. Ceux des nombreuses équipes historiques de l'AJA à travers les décennies furent toujours difficiles et semés d'embûches. Le credo affirmé était modeste en début de saison puisque l'opération maintien était proclamée par le sorcier bourguignon au point de faire de plus en plus sourire au fil du temps.

Vrai que l'AJA après une très lourde préparation foncière, fonctionnait au diesel et ne réalisait jamais de bons débuts de championnat. Dans ce contexte, le leitmotiv en forme de philosophie du président Jean-Claude Hamel se fondait à merveille : "Never explain, never complain.... et toujours y penser ne jamais le dire..."

 

Gestion de la communication

 

Autres temps autres personnages, au moment où l'industriel Vincent Bolloré vient de décapiter les auteurs des Guignols de l'info, ce qui donne un sacré coup de vieux à Guy Roux un des premiers Guignols à succès, les cartes sont redistribuées et la communication a pris un tout autre tour.

Gérard Bourgoin, rêva de devenir président de l'AJA, rêve auquel s'opposèrent longtemps Guy Roux et Jean-Claude Hamel pour des questions d'image publique et de personnalité. "L'homme pressé" changea la donne après la crise de gouvernance qui vit les anciens historiques qualifiés de "Tontons flingueurs" par la bible France Football, évincer les nouveaux managers de l'équipe d'Alain Dujon. GB annonça que l'AJA, avec lui, allait finir dans les trois premiers et remonter en Ligue 1. Le projet tourna au vinaigre, ainsi que les 45 millions en trésorerie, volatilisés en moins d'un an, assorti d'une valse d'entraîneurs impuissants hormis le dernier, Casoni.

Mais Bourgoin après avoir asséché le club et frôlé le dépôt de bilan, dans un ultime geste désespéré, réussira à sauver l'essentiel en faisant signer la reprise par un repreneur inconnu, Emmanuel Limido à la tête d'un holding basé au Luxembourg.

L'annonce de Guy Cotret de viser la première place et la montée n'est pas du même tonneau même si elle inquiète quelques afficionados prudents et les gars du terroir icaunais culturisés à l'understatement, au silence qui en font des taiseux comme les Poyaudins. Lorsqu'ils l'ouvrent, il faut bien les écouter car leur parole est d'or.

Le propos du patron de l'AJA, après le décès brutal du propriétaire actionnaire majoritaire Emmanuel Limido, l'après-midi du jour de la finale de la Coupe de France, s'inscrit dans la durée et la cohérence, nous en attestons. Et dans la continuité de la philosophie du repreneur qui avait une vision à long terme pour le club formateur du chef lieu de l'Yonne.

 

La feuille de route

 

Les choses ont toujours été claires ainsi que les objectifs. Pérenniser donc dégraisser non sans douleurs ..., réduire la voilure et surtout les enflures, rationnaliser, moraliser, y compris les salaires exorbitants (c'est fait en moins de deux ans car Auxerre figure parmi les plus petites masses salariales de L2 désormais, quitte à avoir perdu des joueurs).

Ne comptez pas sur Guy Cotret pour s'écarter de la ligne tracée. Au contraire, il va creuser le sillon davantage encore car investi d'une responsabilité morale plus grande encore du fait de la disparition de l'actionnaire majoritaire, aux côtés de l'épouse Corinne Limido qui a aussitôt affirmé qu'elle poursuivrait l'oeuvre entreprise par son époux.

Dans ce contexte, l'annonce de l'objectif relève davantage d'une bonne mobilisation générale et d'un management qui se veut moderne et efficace. Le besoin de transparence n'est plus à démontrer aujourd'hui, dans tous les domaines. Et le besoin de croire à un rêve est une loi universelle de tout temps. Ainsi va la vie.

 

La vérité du terrain

 

Comment va évoluer et que vaut cette équipe de l'AJA new-look dont la moitié de l'effectif a été changé par les départs non prévus et les arrivées, alors que Vannuchi misait sur la  stabilité ?

Si les matchs de préparation ont laissé entrevoir des promesses, ils ont aussi révélé des lacunes et mis en lumière la difficulté de recomposer une équipe soudée, complémentaire, homogène, animée d'un même état d'esprit. À cet égard, Jean-Luc Vannuchi est servi, confronté à la reconstruction pour une deuxième année de rang.

Les lacunes, elles résident essentiellement dans la colonne vertébrale de l'équipe. Boucher le gardien doit encore affirmer sa maîtrise et se montrer déterminant tout en apportant la confiance nécessaire à sa défense. La charnière Puygrenier-Sefil ou Ndong est moins performante que la charnière Puygrenier-Fontaine blessé pour un bout de temps encore. 5 buts pris en 2 matchs à domicile et autant de défaites, c'est beaucoup.

Plus préoccupant est le milieu de terrain avec en principe le grand Seck à la récupération (il purgera un match de suspension contre Brest) ainsi que le petit Diaw qui est plutôt un meneur de jeu qu'un demi défensif. Vincent et Berthier en excentrés sont rompus à défendre mais ce n'est pas leur vocation première.

Les promesses sont l'affirmation des jeunes, notamment Vincent et Berthier le pied gauche qui doit encore s'améliorer dans la vision collective du jeu, sans évoquer les jeunes qui poussent derrière, Konaté, Ayé et consorts.

Les promesses sont aussi apparues dans la complémentarité et l'activité débordante voire fougueuse du duo fer de lance d'attaque Courtet-Diarra.

Les promesses crèvent les yeux quant on voit jouer Diaw dont la technique en mouvement et la vision du jeu lui permet de transpercer les lignes et d'une passe appuyée déstabiliser l'adversaire.

En vérité, le championnat débute, vendredi soir, et c'est toujours une entrée dans l'inconnu, pour toutes les équipes. Aussi pas question de juger l'AJA sur les matchs de préparation, non plus que sur le match d'ouverture contre Brest et son résultat.

C'est le premier pas d'une longue saison, qui réserve son lot de surprises. C'est pourquoi on aime le sport et sa glorieuse incertitude.

Jean-Luc Vannuchi qui entame sa dernière année de contrat, automatiquement prolongé en cas de montée, a évoqué la fougue dont sont capables ses joueurs, comme arme. Car il faudra plus que de la technique individuelle et collective, plus que des plans de jeu au cordeau, plus qu'un collectif solidaire et persévérant y compris dans l'adversité.

Il faudra aussi du coeur, de la réussite et de la fougue, oui, assurément, et de l'envie de jouer ensemble, de l'envie tout court.


Pierre-Jules GAYE

  

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Le premier groupe AJA de la saison

Boucher, Lembet, Aguilar, Ndong, Puygrenier, Sefil, Sylla, Baby, Bouby, Diaw, Konaté, Lefebvre, Vincent, Ayé, Berthier, Courtet, Diarra, Jobava