Jean-Luc Vannuchi subit, depuis le début de la saison, une pression terrible (DR)

 

Le début de saison de l'AJA n'est pas à la mesure des ambitions édictées et proclamées par le général en chef Guy Cotret, relayées dans toute la presse.

Le président de la SAOS AJA avait-il pris la précaution de sonder les joueurs pour savoir ce qu'ils en pensaient ? Ses propos très ambitieux, "la première place en L2", pas moins, les joueurs se les étaient-ils appropriés et faits leur ...?

Idem pour l'entraîneur Jean-Luc Vannuchi, sur qui, objectivement, Cotret a mis et met une pression terrible, qui ne contribue pas au travail dans la sérénité, l'humilité et la confiance.

Paradoxalement, cette ambition proclamée haut et fort, ne semble pas en conformité avec la politique salariale continuellement à la baisse, réduction des charges obligent sur la lancée d'un budget en diminution (12,5 ME) afin de pouvoir un jour, combler ce fameux déficit structurel à l'AJA de 4 à 5 millions d'euros.

Baisser les salaires qui ont déjà énormément baissé en deux ans, au point de situer l'AJA dans le top 3 des masses salariales les plus petites de L2, revient à franchir malgré soi, un seuil psychologique de défiance ou d'incompréhension à l'endroit du club qui vous emploie. Le marché a ses limites. On ne peut avoir le beurre et l'argent du beurre, sauf les banquiers.

Aussi Sammaritano puis Ben Idir et aujourd'hui Amara Baby ont-ils sans doute une autre vision de l'ambition, et de leurs intérêts personnels, que de suivre la diktat présidentiel de début de saison.

Car enfin, si le projet de club et de jeu étaient vraiment "partagés", Jean-Luc Vannuchi n'aurait du avoir aucune peine à retenir Sammaritano et Ben Idir deux cadres clés sur lesquels il n'a pas fait mystère qu'il comptait sur eux, mais qui lui ont fait faux bond, fendant le coeur du président. Même l'autorité naturelle de Vannuchi n'a pas suffi.

D'autres sont partis. D'autres encore qui avaient le feu vert, ne sont pas partis, tel Livio Nabab, interdit d'entraînement avec les pros depuis le début de la saison, après avoir refusé deux offres fermes. Et aujourd'hui, réhabilité par Guy Cotret, nécessité fait loi ?

Paradoxalement, l'ambition proclamée n'est-elle pas, n'était-elle pas un aveu de faiblesse ? Une compensation de ce qui a été raté ? De ce qui n'est pas. Autrement dit un déni de la réalité, une réalité devant laquelle on est impuissant et que l'on veut tordre selon ses désirs pour les assouvir au moins furtivement, le temps d'un instant, le temps d'un rêve.

Comme dit l'autre depuis belle lurette, la finale de la Coupe de France, certes belle sur le terrain, fut une espèce de chant du cygne pour un groupe qui a su profité des circonstances favorables des tirages successifs et qui s'est dépassé puis surpassé sur deux matchs et demi : à Brest en quarts et à l'Abbé-Deschamps en demi contre Guingamp, enfin au Stade de France. L'aventure fut belle renouant avec les racines du club du patro. La chute guettait au tournant, avec son visage hideux.

 

La barre trop haut

 

Ce parcours aurait empêché l'AJA de monter en Ligue 1 car force est de constater que dès lors, elle se montra stérile en championnat et cela commença avec la réception de Tours. Rien n'est peut-être plus faux. Mais dans les têtes, la bulle s'est mise à gonfler ainsi que le teston et le cigare de certains, consciemment ou inconsciemment.

Les joueurs d'expérience, eux, voyaient peut-être plus clairs sur le fond et la qualité de cette équipe dont il ne suffit pas d'ânonner qu'elle vit bien dans les vestiaires pour que ce soit vrai, pour autant. D'ailleurs, qu'est-ce que bien vivre ? Vivent les équipes qui vivent mal et qui ont des résultats en jouant bien ?

La lucidité et le devoir du aux supporters et à la famille, passe par le constat de la réalité. Par l'aveu d'échec d'un discours aujourd'hui décalé et producteur d'ondes néfastes. Par la reconnaissance d'erreurs de management et de recrutement au travers  des limites du recrutement à zéro euro, par un retour à l' authentique humilité, pas celle inspirée par l'orgueil.

Oui l'AJA, aujourd'hui, est une équipe très moyenne qui a une grande marge de progression. Elle va travailler discrètement, au quotidien et cesser de défrayer la chronique, une chronique plus people et instantanée que sportive. On attend le président Guy Cotret pour rectifier rapidement et annoncer que l'AJA joue le maintien. Qu'il avait placé la barre trop haut.

L'AJA est toujours (pour n'avoir pas su retenir des cadres) et à nouveau en reconstruction et cela prend du temps. La moitié de l'équipe est renouvellée. Vannuchi, comme la grande majorité des mortels, ne peut accomplir miracle sur miracle. Même s'il a dit - était-ce par ironie ...? - à l'issue de la défaite à Tours, qu'il allait aller à la messe et prier.

Mardi soir, à Bastia en Coupe de la Ligue, il alignera une équipe renouvelée, sans Puygrenier, Seck et Diaw notamment. Histoire de les préserver pour le match importantissime contre Nîmes à l'Abbé-Deschamps, vendredi, où il faudra trouver les bons mots et la bonne composition, dixit Vannuchi.

La série d'exclusions, coach inclus, ne sont que les symptômes d'un mal qui grignote l'AJA. Il est temps de l'identifier lucidement et de s'efforcer d'y remédier. Ce ne sont que des péripéties dans une saison longue, longue, où rien n'est perdu encore.

Les ressources existent, surtout dans un club qui s'identifie et est identifié comme un club formateur. Vous avez-dit ADN ..?

 

Pierre-Jules GAYE