François Mitterrand à Chablis et Auxerre pour la commémoration du centenaire de la mort de Paul Bert. ici avec Jean-Pierre Soisson avec lequel il siégea au conseil régional de Bourgogne (DR)

 

Premiers saluts du nouveau président devant le Vieux-Morvan à Château-Chinon, fief politique de Mitterrand, le 10 mai 1981.

"Mitterrand, comme Flaubert, est un homme du XIXe siècle. Il a une culture littéraire ce qui le différencie de Mendès-France ou de Michel Rocard qui eux ont des cultures plus économiques. Lui ses références ce sont les écrivains du XIXe et du premier XXè siècle". -Michel Winock (DR)

 

Ses déplacements rituels pour Pentecôte à Solutré, Cormatin, Cluny et dans les villages du Mâconnais, à d'autres occasions, à Vézelay ou au Mont Beuvray, et surtout son ancrage à Château-Chinon et dans toute la Nièvre lui permettent de retrouver régulièrement ses amis bourguignons : ceux de sa famille politique bien sûr, mais surtout des hommes et des femmes ordinaires, anonymes et fidèles, qui ont jalonné sa vie politique et personnelle.

 

 

Un documentaire réalisé par Jean-Michel Dury. Une coproduction France 3 Bourgogne et Faites un voeu.

 

Un homme double

"François Mitterrand, né à Jarnac, est issu d’une famille nombreuse de la moyenne bourgeoisie (son père avait repris l’entreprise de vinaigrier du beau-père), très catholique et politiquement de droite. Son enfance heureuse, qui s’est déroulée après la Grande Guerre, l’a enraciné pour toujours dans la France provinciale et rurale. Il a des comportements très ruraux. Il est économe à la manière paysanne. 

"D’abord il n’est pas très riche, c’est une famille nombreuse. J’ai eu l’occasion de feuilleter des carnets qu’il rédigeait dans sa jeunesse, il tenait des carnets de comptes. Il notait toutes ses dépenses, précisément, avec méticulosité. Au centime prêt. Et cette enfance à Jarnac, elle ne l’a jamais quitté. Il revenait là-bas. Il avait un pied nivernais, mais il avait gardé un enracinement profond en Charentes. Et il y avait la maison de Touvent aux limites des Charentes et du Périgord, c’est le paradis perdu. Mitterrand est un homme double. 
Autant il peut être parisien, autant il se ressource régulièrement, bien sûr dans le nivernais, mais aussi là-bas en Saintonge. Son père a été chef de gare à Angoulême un temps. Il dira « mon père était cheminot », ça fait davantage socialiste. Mais en fait son père reviendra à Jarnac pour prendre l’entreprise familiale de vinaigrerie pour reprendre l’entreprise du beau-père. C’était une bonne situation. Mais François Mitterrand a eu conscience qu’il n’était pas dans la grande bourgeoisie locale. Car au-dessus d’eux il y avait les grandes familles protestantes du Cognac. 

"Eux, les Mitterrand, ils faisaient du vinaigre, c’était moins noble ! Alors quand il devient chef de la gauche il arrange son passé. Cette famille où il a vu le jour c’est une famille de la droite républicaine. Elle n’est pas monarchiste. Et il n’a pas été à l’Action Française."

François Mitterand, par Michel Winock. Editions Gallimard. 426 pages. 25 €uros