TRIBUNE
Lettre à l’adresse de ceux qui « savent »..... et autres donneurs de leçons
le mardi 16 février 2016, 10:23 - TRIBUNE - Lien permanent
Marcel Huré, agriculteur à la retraite, exprime son point de vue sur la profonde et dramatique crise agricole qui frappe la France
Comment faut-il le dire pour se faire entendre ?
Comment faut-il faire pour être compris ?
La crise agricole est profonde mais aussi dramatique pour bon nombre. L’arrêt d’activité pour manque de rentabilité n’est-elle pas quelque part une mort implacable, même si elle n’est pas physique humainement parlant... quoique... ?
Les promesses du ou des Ministres du gouvernement et même du Président de la République ne sont que des promesses : elles n’ont pas besoin d’être tenues, ... il faut d’abord rassurer.
Mais concrètement parlant, comment s’en sortir si le produit du Paysan est mis sur le marché à 1€ alors qu’il coûte 1,20€ à produire ? Aucun paysan ne compte ses heures et bon nombre ne peuvent plus se verser de salaire. Qu’adviendra t-il s’ils s’en vont grossir les rangs des chômeurs dans un pays où l’emploi n’est plus au rendez-vous ?
Il y a bien des années - je suis déjà un vieux paysan - l’agriculture était le « Pétrole vert de la France » venant garnir abondamment le plateau positif de la balance commerciale. Où en est-on aujourd’hui ? Qu’on fait nos décideurs et que nous proposent-ils maintenant pour les 5, 10, 20 prochaines années ?
Je n’ai personnellement pas la solution, mais quand j’ai entendu à la radio qu’une cigarette coûte plus cher au consommateur qu’un litre de lait payé au producteur, j’ai eu un haut-le- corps et la colère est montée, montée, montée... L’un est pourtant plus utile à la santé publique que l’autre !
Par quels margoulins sommes-nous dirigés ?
Pour le profit de qui ? Et au nom de quels principes ?
J’ai vécu ma vie de Paysan avec envie, passion, détermination ; quand je vois la situation actuelle, j’ai envie de hurler : halte là, ça suffit comme ça !
La mémoire s’altère avec l’âge, c’est bien connu, mais je vous rappelle que dans mes tout débuts de la vie, j’étais titulaire d’une carte d’alimentation, comme tous les citoyens de la République d’alors. La République d’aujourd’hui ne devrait-t-elle pas serrer les rangs ? Suite aux événements de Novembre à Paris - dramatiques - l’état d’urgence a été décrété et prorogé récemment. Ne faudrait-il pas aussi décréter l’état d’urgence pour sauver les paysans en ce moment ?
Le lien qui nous unit est irréfutable, quel avenir pour la France sans paysans pour la nourrir ? L’état d’urgence est pensé pour nous protéger tous et nous devons tous être unis pour protéger notre pays. Il faut se réjouir que la pénurie alimentaire n’existe plus et s’en souvenir lorsque l’on « veut » prétendre mettre en place une Politique Agricole, fut-elle à 28 Etats Européens. Cette même Europe qui nous a exhortés à produire nous tourne le dos aujourd’hui. Elle devrait nous guider, nous donner le cap à tenir pour solidariser société et paysannerie.
A quand une once de bons sens .... Paysan ?
Marcel HURÉ
Agriculteur à la retraite
Marcel Huré, président de la Section des Anciens Exploitants à la FDSEA de l'Yonne
Commentaires
Pourquoi les agriculteurs ne manifestent-ils pas devant les portes de leur propres coopératives qui les incitent à cultiver et à produire toujours plus pour l'agro-alimentaire et ses industries. Les coopératives françaises sont le fer de lance de l'agro-industrie dont les dirigeants de la FNSEA sont les représentants. C'est bien gentil de tout rejeter sur l'Etat quand les dirigeants agricoles prônent depuis des années du libéralisme commercial mais du protectionnisme pour leur production. On veut vendre au monde entier mais ce monde entier ne doit surtout pas venir essayer de nous concurrencer.
Et si on on cherchait qui a voté et mis en place nos décideurs, cela depuis des lustres ....il me semble que le salon de l'agriculture a vu défiler tout l'éventail des grands élus et j'ai vu bon nombre de concurrents serrer la louche aux responsables des clans politiques pas toujours dignes et ceux la meme de nous entifler l'Europe ...aujourd'hui, les dès sont pipés, nous irons là ou ces multinationales nous emmèneront. Les grands groupes seront les possesseurs de l'outil agricole mais aussi, des armadas de pêche et c'est une main d'œuvre toute désignée qui persistera ...
marine le pen a bien raison il faut quitter l eu rope et au plus vite
Petit fils d'agriculteur comme beaucoup de retraités, il ne me reste pas un lopin de terre, ni de la petite ferme familiale d'Arnicourt, ni de celle de Sarry.
Les petites exploitations polyvalentes ont disparue pour la plupart en mème temps que les petits commerces et cela alors que nous étions dans les" trente glorieuses".
La FNSEA,a défendu et défend toujours l'ultra libéralisme agricole, comme les multinationales de la finance qui ont saboté un capitalisme raisonnable et industriel en France par de massives délocalisations.
Lorsque à quatorze ans, je me faisais de l'argent de poche l'été,en rentrant la paille, le foin et les betteraves pour l’ensilage, je gagnais 10 francs par jour nourri midi et soir.
A l'époque une ferme de cinquante ha était une belle ferme et cent ha une grosse ferme;.
La FNSEA , en faisant semblant de défendre l'agriculture, défend en réalité les intérêts des multinationales de la finance agroalimentaire qui n'hésite pas à spéculer.
Les grosses exploitations mangent les petites et celles qui manifestent aujourd’hui pour survivre ne sont-elle pas, pour certaines celles qu'il n'y a pas si longtemps louaient le système?
Droite ou gauche personne n'a de solutions,seule une 6ième République peut poser les bases d'une révolution pacifique pour l'avenir de nos enfants.
Encore faudrait t'il qu'un parti politique, jette les bases en 2017, dans une profession de foi claire et nette soumise aux citoyens, d' un avenir plus protectionniste tout en restant ouvert au commerce mondiale, sans se faire taxer d'une étiquette d’extrême gauche ou d’extrême droite.
quand nos chers dirigeants vont-ils arrêter de faire pour les autres ce qu'ils ne sont pas capable de faire pour leur propres concitoyens.
balancer des aides et subventions n'est pas la solution et ce n'est pas le souhait non plus des exploitants. ils veulent simplement pouvoir exercer leur métier et surtout en VIVRE. Est-ce si difficile à comprendre, pas besoin d'avoir un bac + 5 ! notre pays si beau si riche est entrain de tomber bien bas.
aidons les : achetez Français
Il me semble que la première arme pour un pays est l'alimentation, que deviendra notre pays lorsqu'il n'aura plus de paysans, qu'il sera à la merci d'un dirigeant étranger qui fermera les portes parce qu'il ne sera pas d'accord avec les points de vue de nos dirigeants ?
Nous sommes dans un pays où nous avons la chance d'avoir le climat, l'eau ,la terre , le savoir faire pour produire notre alimentation sans dépendre des pays extérieurs .
Alors STOP à la sur réglementation qui nous oblige d'être plus blanc que blanc, STOP au libéralisme imposé à tous par l'EUROPE du NORD,
STOP au gavage des intermédiaires, OSONS un sursaut d'intelligence collective qui permette à chacun de vivre décemment, qui conserve nos agriculteurs , nos agricultures,
nos paysages notre économie et notre indépendance alimentaire!
je dis bravo à marcel huré pour sa révolte et merci à auxerre tv de la relater. dans les années 70, j'étais vice-président de la fédération des jeunes chefs d'entreprises européens. tout allait bien pour nous. mais nous regardions autour de nous et je me suis adressé à la fnsea (à paris) pour leur proposer d'épouser les problèmes naissant déjà pour l'agriculture que l'état orientait vers telle ou telle activité, quitte à l'en dissuader quelques années après, alors que des investissements ont été effectués et n'étaient pas amortis. la réponse fut nette : nous nous occupons de cela, ne vous en mêlez pas. et les présidents de la fnsea se succédaient au poste de ministre de l'agriculture et au ces (actuel cese). rien sur l'avenir plus large. la pac est arrivée et maintenant repartie. tout récemment nous avons fait chanter la russie avec les bateaux, soit disant vendus sans perte, mais à un pays qui ne les paiera jamais et l'embargo sur l'agriculture française est passée sous silence. l'improvisation continue. un ministre arrogant et des promesses par wagon. oui, l'état d'urgence devrait s'appliquer pour l'agriculture mais trop peu de nos parlementaires sont issus ou connaissent la vie de la campagne, même s'ils sont élus de départements ruraux, ils restent des citadins aux souliers cirés. dans "Osez !", je propose, entre autre, un re-équilibrage du nombre d'élus des villes au profit des élus des champs et vais poser ces questions qui gênent aux candidats aux primaires de gauche et de droite ainsi qu'aux candidats à la présidentielle.
Hahaha... ça fait sourire de lire que M. Larrivé réclame et donne des leçons en l'occurrence de consacrer autant d'énergie à l'agriculture qu'à le révision constitutionnelle
"On aimerait que le Parlement, qui a débattu pendant des semaines de la question importante de la loi de révision constitutionnelle, consacre autant d'énergie à ces questions agricoles", a-t-il ajouté
Or Guillaume Larrivé est sur tous les fronts médiatiques dans ce domaine de l'état d'urgence à prolonger et inscrire dans le marbre.
À se demander s'il prend le temps de réfléchir et de travailler. les annonces et effets ça il sait faire. La preuve.
Dépêche AFP
Les Républicains demandent "l'état d'urgence agricole"
15/02/2016 16:21:06 GMT+01:00
#594796 DVBP 1377 LIP65 (4) AFP (352)
PARIS, 15 fév 2016 (AFP) - Le parti Les Républicains a appelé lundi le gouvernement à "déclarer l'état d'urgence agricole", impliquant une baisse des charges, un moratoire sur les normes, la suppression du compte pénibilité ou la fin de l'embargo russe.
"L'état d'urgence agricole, ça veut dire concrètement cinq mesures immédiates que nous souhaitons voir adoptées par le gouvernement", a affirmé Guillaume Larrivé, porte-parole de LR, lors de la conférence de presse hebdomadaire de son parti, alors que se déroulait un Conseil européen sur l'agriculture à Bruxelles.
"La première urgence, c'est la compétitivité". "Nous appelons le gouvernement à définir une baisse immédiate des charges qui pèsent sur l'agriculture et à s'engager dans de vraies politiques de filières".
Il faut également "en finir avec le compte pénibilité et rétablir une TVA compétitivité". L'adoption du premier et la suppression de la seconde par le gouvernement ont selon lui "considérablement affaibli l'agriculture française et appauvri les agriculteurs".
"Nous appelons le gouvernement à adopter un moratoire sur les normes. Nous n'acceptons pas que la France surtranspose les normes européennes" qui "attachent un boulet aux pieds des agriculteurs français", a également affirmé M. Larrivé.
Autres demandes: que "la France s'engage pour une meilleure régulation du prix des matières premières agricoles", que François Hollande engage "sans délai" les négociations avec Vladimir Poutine pour "en finir avec l'embargo russe", ou encore que "la transparence" soit faite sur les négociations en cours sur le traité transatlantique.
"Il est invraisemblable que personne dans aucune enceinte démocratique ne soit capable aujourd'hui de dire quel est l'état des négociations entre les Etats-Unis et l'Europe sur les questions de commerce international en général et surtout sur les questions agricoles en particulier", a estimé M. Larrivé.
"On aimerait que le Parlement, qui a débattu pendant des semaines de la question importante de la loi de révision constitutionnelle, consacre autant d'énergie à ces questions agricoles", a-t-il ajouté.
Parmi les propositions de Nicolas Sarkozy dans la perspective de 2017, présentées ce week-end devant le Conseil national de son parti, figure un "plan Marshall pour la ruralité".
François Hollande a annoncé jeudi soir une baisse des cotisations sociales immédiate pour "l'ensemble des agriculteurs".
npk/glr/kp