Comment faut-il le dire pour se faire entendre ?

Comment faut-il faire pour être compris ?

La crise agricole est profonde mais aussi dramatique pour bon nombre. L’arrêt d’activité pour manque de rentabilité n’est-elle pas quelque part une mort implacable, même si elle n’est pas physique humainement parlant... quoique... ?
Les promesses du ou des Ministres du gouvernement et même du Président de la République ne sont que des promesses : elles n’ont pas besoin d’être tenues, ... il faut d’abord rassurer.

Mais concrètement parlant, comment s’en sortir si le produit du Paysan est mis sur le marché à 1€ alors qu’il coûte 1,20€ à produire ? Aucun paysan ne compte ses heures et bon nombre ne peuvent plus se verser de salaire. Qu’adviendra t-il s’ils s’en vont grossir les rangs des chômeurs dans un pays où l’emploi n’est plus au rendez-vous ?

Il y a bien des années - je suis déjà un vieux paysan - l’agriculture était le « Pétrole vert de la France » venant garnir abondamment le plateau positif de la balance commerciale. Où en est-on aujourd’hui ? Qu’on fait nos décideurs et que nous proposent-ils maintenant pour les 5, 10, 20 prochaines années ?

Je n’ai personnellement pas la solution, mais quand j’ai entendu à la radio qu’une cigarette coûte plus cher au consommateur qu’un litre de lait payé au producteur, j’ai eu un haut-le- corps et la colère est montée, montée, montée... L’un est pourtant plus utile à la santé publique que l’autre !

Par quels margoulins sommes-nous dirigés ?
Pour le profit de qui ? Et au nom de quels principes ?

J’ai vécu ma vie de Paysan avec envie, passion, détermination ; quand je vois la situation actuelle, j’ai envie de hurler : halte là, ça suffit comme ça !
La mémoire s’altère avec l’âge, c’est bien connu, mais je vous rappelle que dans mes tout débuts de la vie, j’étais titulaire d’une carte d’alimentation, comme tous les citoyens de la République d’alors. La République d’aujourd’hui ne devrait-t-elle pas serrer les rangs ? Suite aux événements de Novembre à Paris - dramatiques - l’état d’urgence a été décrété et prorogé récemment. Ne faudrait-il pas aussi décréter l’état d’urgence pour sauver les paysans en ce moment ?

Le lien qui nous unit est irréfutable, quel avenir pour la France sans paysans pour la nourrir ? L’état d’urgence est pensé pour nous protéger tous et nous devons tous être unis pour protéger notre pays. Il faut se réjouir que la pénurie alimentaire n’existe plus et s’en souvenir lorsque l’on « veut » prétendre mettre en place une Politique Agricole, fut-elle à 28 Etats Européens. Cette même Europe qui nous a exhortés à produire nous tourne le dos aujourd’hui. Elle devrait nous guider, nous donner le cap à tenir pour solidariser société et paysannerie.

A quand une once de bons sens .... Paysan ?

 

Marcel HURÉ

Agriculteur à la retraite

 

Marcel Huré, président de la Section des Anciens Exploitants à la FDSEA de l'Yonne