Ce mystérieux édifice de forme pentagonale est considéré comme un chef d’oeuvre de l’architecture de la Renaissance. Il figure parmi les 30 Plus excellents bâstiments de France décrits et dessinés par Androuet du Cerceau dans le premier livre d’architecture publié à la Renaissance. 
 

Le château de Maulnes et sa coiffe de mise hors d'eau et air, un édifice unique au monde (DR)

 

Afin de terminer les travaux en mettant l'édifice hors d'eau et hors d'air, et en le laissant en toute sécurité, l'inscription de 300 000 € en autorisation de programme 2016 et en crédit de paiement a été actée par l'assemblée départementale de l'Yonne au budget 2016.

Ces travaux feront l'objet d'une subvention du Ministère de la Culture (DRAC Bourgogne-Franche Comté) à hauteur de 40 % soit 120 000 €, somme inscrite au budget.

Le conseil départemental  de 'lYonne a acheté le château de Maulnes en 1997 dans le cadre d'une procédure rare d'expropriation-rétrocession, initiée par la commission nationale des monuments historiques, qui s'est transformée en accord à l'amiable avec le propriétaire, pour la somme de 600 000 euros.

 

Un projet Japonais

 

L'édifice insigne de la Renaissance, unique en son genre, intégrant le plan pentagonal dans sa conception même, est depuis, l'objet de toutes les recherches et spéculations.

Les positions des spécialistes sont parfois à l'opposé tant en matière de recherche et d'études que d'interprétations, de ce curieux château qui intrigue et dont l'architecte n'est pas connu.

Les positions sont également parfois très éloignées en matière d'options proposées pour la réhabilitation. Pour faire court, une philosophie prône la reconstruction à l'identique, une autre la reproduction par la suggestion et la pédagogie.

C'est à ce point que Henri de Raincourt, sénateur président du conseil général de l'Yonne, dut avoir recours à une procédure rarissime, au début des années 2000, pour congédier l'architecte en chef des monuments historiques en charge du chantier, Bruno Decaris. H2R et le conseil général n'étaient pas d'accord avec le parti pris de reconstruction programmée sur plusieurs années.

 

60 millions de francs non consommés

 

Maulnes, il faut le savoir, a été inscrit au contrat de plan État-région 1999-2005, sous la présidence de Jean-Pierre Soisson, pour un montant de 60 millions de francs, ajoutés à une ligne de crédits européens, qui n'ont jamais été consommés. Cela montre que rien n'est évident à Maulnes et qu'il vaut mieux ne rien faire plutôt que de se planter complètement.

Un projet Japonais avait avorté à la fin des années 1990. Il prévoyait la construction d'un parc hôtelier à proximité mais surtout le développement d'un concept, celui des trois châteaux, repris depuis, sous une autre forme. Un circuit touristique clé en mains, promu à l'étranger par un marketing professionnel, des châteaux de la Renaissance de la vallée du Tonnerrois, Maulnes,Tanlay,  et Ancy-le-Franc, autres joyaux.

 

Francs-maçons de toutes obédiences

 

Il reste que le conseil général n'est pas resté les bas croisés. Au contraire, il a manifesté la plus grande écoute à tous les avis et à toutes les propositions, s'interdisant de détenir une forme de vérité en la matière.

On dit que parmi les nombreux visiteurs les Francs-Maçons ont joué un rôle. Plus de 2 000 "frères" auraient visité Maulnes depuis 2005, et y auraient tenu des "tenues" annuelles. Des Maçons de toutes obédiences françaises et au-delà. Ce qui constituerait un exemple unique dans le genre dans la mesure où la franc-maçonnerie très diverse, possède de nombreuses chapelles. Maulnes aurait ainsi réuni ce qui est épars, pour emprunter à une formule maçonnique bien connue.

Pourquoi cet engouement d'une confrérie à l'endroit de l'édifice Icaunais ?

Sans doute faut-il remonter à l'origine de la construction de l'édifice construit en pleines guerres de religion où catholiques et protestants se massacraient.

Condé (Noyers) et Coligny (Tanlay) étaient dans les parages.

Propriété du prince de Condé, chef du parti huguenot, Noyers devient pendant les guerres de religion l’enjeu de combats et de sièges acharnés entre catholiques et protestants puis entre ligueurs et royalistes, avant d’être détruit en 1599 par ordre du roi Henri IV. Il ne subsiste que des ruines de ce qui fut, aux dires de l’historien Ernest Petit, une « formidable forteresse, l’une des plus considérables de toute la Bourgogne ».

Sans doute faut-il aussi rappeler que le général Pershing chef du corps expéditionnaire américain en 1917, campa à Maulnes avant la campagne décisive de Soissons et rendit hommage à La Fayette devant sa sépulture. L'un et l'autre étaient francs-maçons. En 1943, le Pentagone fut construit à Arlington près de Washington aux États-Unis.

 

Le centre de l'union

 

François de Coligny, seigneur d’Andelot, entreprit la construction du grand château de Tanlay de 1550 à 1568, jusqu’aux guerres de religion (saint Barthélemy 1572). Le château séduit notamment par les souvenirs de cette page mouvementée de l’histoire de France qu’il évoque: l’amiral de Coligny avait l’habitude de réunir au château les autres chefs de la ligue protestante, de la Renaissance française datent la tour Coligny et la tour de la Ligue et le petit château (1610), commencé par François de Coligny et terminé par son gendre, Jacques Chabot, Marquis de Mirebeau.

François de Coligny est l'un des principaux chefs huguenots pendant les guerres de Religion. Il est le frère cadet d'Odet, cardinal de Châtillon, et de l'amiral de Coligny.

En face, si l'on ose dire, il y a Louise de Clermont Tonnerre, catholique, confidente de Marie de Médicis ainsi que Antoine de Crussol, son jeune et grand amour.

La construction de Maulnes fut commanditée par ces derniers à une époque où la Renaissance faisait fureur avec les voyages en Italie de François 1er, le retour aux sources grecques classiques, les découvertes de l'astronomie et les prémices de la science avec l'alchimie.

Maulnes, l'édifice est avant tout un projet fondé sur une idée (Du Bellay).

Celle d'une sorte de vaisseau spatial hors du temps, édifié dans un espace sacré où pourraient se retrouver les hommes de bonne volonté, de quelque bord qu'ils fussent ou appartiennent et quelle que soit leur religion ; afin de découvrir les chemins de la concorde et de l'harmonie, qui fondent l'humanité.

C'est dans le temple de Maulnes que des réunions se tinrent entre catholiques et huhuenots de haut rang, pour tenter de trouver une issue aux guerres de religion.

 

Pierre-Jules GAYE