Jean-Claude Michaud, l'avocat d'affaires parisien représente les intérêts de Corinne Limido actionnaire principale de l'AJA et de ses deux filles, après le décès d'Emmanuel Limido le jour de la finale de la Coupe de France, en 2015.

Administrateur de la Saos AJA depuis le début, l'avocat d'affaires proche d'Emmanuel Limido apparaît en première ligne, malgré lui, aujourd'hui. Il est chargé d'expliquer l'inexplicable et de communiquer sur l'incommunicable.

Il a ainsi annoncé que l'AJA avait une dizaine de touches intéressées par le rachat du club, tout en indiquant qu'il n'y avait jamais eu la moindre offre, pour conclure que l'AJA n'était d'ailleurs pas à vendre car ce serait un crève-coeur. Aussi, la solution priivilégiée serait de faire entrer des partenaires financiers au capital.

C'était aussi l'objecif d'Emmanuel Limido qui s'y est employé avec ardeur effectuant des voyages d'affaires en Chine et en Arabie Saoudite, dont un avec le président de la République François Hollande et une quarantaine de chefs d'entreprises français. Fabrice Herrault d'abord directeur général de l'AJA que certains regrettent encore aujourd'hui car il avait commencé à s'intégrer dans le tissu local, puis bras droit d'Emmanuel Limido chargé de l'international, fut de nombre de ces voyages. Aujourd'hui, et depuis peu, il ne fait plus partie du groupe et a trouvé une nouvelle voie professionnelle ailleurs.

Force est de constater que jusqu'à présent, ni Emmanuell Limido, ni Fabrice Herrault, ni personne, n'a réussi à amener un seul investisseur, à l'exception de Tony Fernandez le propriétaire malaisien de QPR, Queen's Park Rangers équipe de D2 anglaise, qui avait fait une offre alléchante pour acheter Mister George N'tep et était d'accord pour entrer au capital de l'AJA à condition d'être l'actionnaire majoritaire, ce qu'a refusé Emmanuel Limido, à la fin du mois de janvier 2014.

Guy Cotret a pourtant annoncé que les choses allaient sans doute bouger d'ici la fin du mois de mai. À savoir qu'un ou deux partenaires financiers allaient entrer au capital du club et que cet argent permettrait à l'AJA de monter en Ligue 1, l'année prochaine (sic). On peut réécouter l'interview de Guy Cotret dans le podcast 100% AJA sur le site de France Bleu Auxerre, émission du lundi 4 avril.

Alors quel est le pitch ?

Le président Guy Cotret a exprimé son inquiétude devant la situation financière et les perspectives. L'AJA doit passer devant le gendarme financier, le 15 mai (DNCG direction nationale du contrôle de gestion) avec un déficit comptable de 2 millions d'euros. Et les comptes prévisionnels sur les trois prochaines années exigés par la DNCG, vont dans le mur.

  

On ne change pas les rayures d'un zèbre

 

Guy Cotret espère récupérer les "bonus" en cas de revente de Ntep (Rennes) et Haller (Utrecht), réduire les coûts de 2 millions d'euros au moins en réduisant le nombre de joueurs au centre de formation et en réduisant les équipes d'encadrement, et vendre si de besoin de jeunes espoirs. Kilic, Vincent, Berthier, et d'autres perles en devenir ? On le sait capable de tout, surtout de proposer des salaires revus à la baisse. Jean-Luc Vannuchi aurait ainsi décliné une proposition de prolongation (source Being Sport), son contrat  arrivant à terme fin juin.

Ce discours malthusien on l'entend depuis le rachat du club. Jamais Emmanuel Limido n'a abondé. Jamais un partenaire n'est entré au capital en dépit de nombreuses annonces dont Jean-Claude Michaud a le secret, sachant, comme disait Cantona, qu'il faut donner des sardines aux mouettes suiveuses. (« Quand les mouettes suivent un chalutier, c’est qu’elles pensent qu’on va leur jeter des sardines. » )

Aujourd'hui, on peut mieux mesurer la puissance de feu de Corinne Limido l'actionnaire majoritaire de l'AJA, au travers des Panama Papers où elle est citée. Elle a notamment hérité de la holding luxembourgeoise de son mari, Centuria Capital, qui représentait en 2014, selon le Monde, une société d'investissement de 4 milliards d'euros, liée à de nombreuses sociétés offshore.

Rien ne paraît donc impossible a priori. Au contraire. Guy Cotret n'a pas de difficulté ni de scrupule pour annoncer, qu'à la fin du mois, il y aura du nouveau (air connu).

On commencera à y croire vraiment le jour où lui-même, peut-être, versera un premier sou à l'AJA, fut-il symbolique. Et où un investisseur misera en toute transparence.

 

C'est le centre de formation que l'on tue

 

Guy Cotret apparaît dans une toute puissance puisqu'il décide de tout : du choix de l'entraîneur, des joueurs, du staff, des effectifs, des transferts et aussi parfois de la moralité et de l'éthique où il se pose volontiers en donneur de leçon.

Guy Cotret est incorrigible. En début de saison dernière, après une gestion hasardeuse au plan sportif en laissant partir Sammaritano, Djellabi, Castelletto et Ben Idir qui formaient une partie de l'ossature sur laquelle construire (c'est lui-même qui l'avait annoncé), le président de l'AJA a annoncé en Une du quotidien local l'YR, que l'objectif était de terminer premier et de monter en Ligue 1. Sans ciller.

Aujourd'hui, il explique que l'argent amené par les partenaires financiers qui vont entrer au capital de manière minoritaire, va lui permettre de faire monter l'AJA en Ligue 1 la saison prochaine. Sans blague ?
Penserait-il donc sérieusement qu'il suffit d'avoir de l'argent pour gagner en football. Qu'en pensent les mouettes ?

Après avoir saigné l'AJA par nécessité en réduisant les coûts de manière drastique, politique qui masque des drames humains et familiaux qui s'égrènent depuis trois ans ; après avoir entrepris de toucher à l'ADN du club en sous-traitant l'enseignement (on attend les résultats de fin d'année scolaire) aux dépens de la promesse faite aux parents de former des joueurs de haut niveau mais aussi des hommes et de leur donner un diplôme pour poursuivre dans la vie s'il ne rentrent pas dans le groupe pro, après avoir réduit toutes les voilures au point que le directeur du centre de formation Jean-Marc Nobilo (*) a choisi de partir avant le terme de son contrat (il lui restait encore un an), après avoir ... arrêtons là, cela vaut mieux.

Que reste-t-il de l'AJA ?  C'est le centre de formation qu'on tue.

Que restera-t-il de l'AJA ? Non pas l'AJA du passé qui appartient à un passé définitivement révolu, mais l'AJA de l'avenir, qui seule compte ?

 

Pierre-Jules GAYE

 

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Le centre de formation vent debout

 

(*) Jean-Marc Nobilo a un passé dans la formation où il a beaucoup oeuvré sur plusieures continents. Il fut aussi l'entraîneur du Havre champion de France et meilleur entraîneur selon ses pairs. Engagé par Emmanuel Limido et Fabrice Herrault à  la tête du centre de formation de ll'AJA, il fut contesté au départ, ses méthodes n'étant pas d'emblée comprises, compte tenu d'un caractère plutôt autotitaire.

Mais rapidement, il fut suivi car il a imposé une méthode et une discipline en amenant les entrraîneurs à réfléchir et à se structurer, bouleversant les méthodes antérieures. Les résultats ne se sont pas faits attendre à tous les niveaux après une période de disette, validant sa méthode. Une nouvelle Coupe Gambardella et l'accession en CFA de l'équipe B, sans évoquer les performances des U 19, U 17 et U 15  dans leurs championnats, constituent la partie visible de l'iceberg. Contacté à nouveau par Marseille l'été dernier, Nobilo a décliné. On ne sait où il ira la saison prochaine.

Son successeur est Christophe Point, 50 ans, ancien joueur pro formé à Caen, a annoncé l'AJA ce soir. Il était au chômage. Auparavant il a entraîné Dijon pendant deux ans et Sedan. Et avant, Bayeux et Avranches.

Au centre de formation de l'AJA, d'aucuns pensaient que dans la logique et la dynamique en cours, Johann Radet, co-entraîneur de la CFA avec J-M Nobilo, serait nommé afin de poursuivre l'envolée gagnante.

Les entraîneurs sont vent debout contre l'arrivée de Christophe Point, non pas l'homme, mais l'entraîneur directeur de centre de formation et ce qu'il représente. Un indice sera de voir si Sébastien Tambouret, coach de U 19 et ex-coach de la CFA2 qui est montée en CFA, sera maintenu ou pas.

L'AJA continue de se couper de ses racines, des racines pourtant choisies et imposées par le nouveau propriétaire. Plus personne ne comprend ni la logique ni la cohérence. Les racines existent encore au fin fond de l'assocaition AJA, l'actionnaire minoritaire, étrangement silencieux ces derniers mois.  P-J. G.

 

 

Les deux hommes n'étaient plus sur la même longeur d'ondes. Le président a viré le DG (DR)