Nous connaissons tous de ces femmes « qui portent la culotte » et ont le pouvoir indiscuté dans la maison. Certes, elles adoptent l’attitude du oui chéri comme tu voudras, parfois avec un coup d’œil exaspéré vers l’assistance – les amis, les enfants, la famille. Il faut toujours faire ce qu’il veut sinon il va – encore - nous piquer une crise.

Et Madame, en réalité, abandonne à Monsieur les décisions à conséquences (se réservant ainsi le droit de lui reprocher tout ce qui ne tourne pas dans le bon sens) et, adroitement, met la main sur tout ce qui lui rend la vie agréable, à elle.

Le choix des vacances, le ménage qu’elle fera ou fera faire, la remise à neuf de telle ou telle pièce selon ses idées, la gestion du budget. Plus tard elle aura des complices dans la place, les enfants, qui, s’ils aimeront leur père, le verront vite par ses yeux, comme un tyran qui s’ignore et fait un drame quand on lui refuse quelque chose, alors que tout est fait pour son confort

Même Dickens en parlait !

Il y a aussi la chef de bureau, qui dès la première promotion ou allusion à promesse de promotion, prend goût à cet embryon de pouvoir. Elle l’exerce immédiatement, s’assure une cour de « fidèles flagorneurs flairant le sillage d’une gagnante » et élimine en silence ceux et celles qui la dérangent.

On la trouve, cette chef, en chef de bureau, chef de rayon, chef de cuisine, chef de rangée… Directrice d’école, mère supérieure, contremaîtresse… c’est la même.

L’échelon suivant sera de se faire apprécier encore un peu plus « d’en haut ». Par les hommes, ceux qui comptent. Ceux qui décident. Le chemin d’en haut passe parfois par les genoux du patron, ou un dévouement de chien de garde pour renifler avant lui les ondes malveillantes dans son entourage, pauvre homme trop occupé à travailler pour y voir clair.

Les mauvais esprits, les obstinés, les toujours en retard, les trop coquettes pour travailler convenablement… Cet apostolat, ce devenir indispensable, c’est l’ascension au pouvoir, lente, vertigineuse, sans cordée. Mais grisante. Et elle prend toute l’énergie, le temps, le reste de la vie. Parce que le but… c’est d’arriver en haut, aussi vite que possible, et de planter son drapeau. 

Derrière chaque grand homme se cache une femme. On l’a souvent constaté.

Parfois c’est l’amour d’une femme qui révèle, propulse, nourrit l’homme qui alors ose chercher le « pouvoir » ou le succès, aidé par cette femme qui ne veut, en revanche, que son épanouissement à lui parce qu’il reviendra la combler en retour.

Mais d’autres fois c’est l’ambition d’une femme qui se sert de l’homme, et qui en tirera les fils.

                                                                         

                      Suzanne DEJAER