SOCIETE
Pas de profil type de radicalisé : une conférence édifiante à Auxerre
le samedi 10 septembre 2016, 00:29 - SOCIETE - Lien permanent
Organisée, vendredi soir, à l'initiative du Préfet de l'Yonne à destination des maires et des conseillers départementaux, la conférence animée par Dounia Bouzar, anthropologue spécialisée sur la question de la déradicalisation, fut un moment quelque peu anxiogène mais particulièrement éclairant
Une conférence suivie organisée par le Préfet de l'Yonne (DR)
Le Sénateur Jean-Baptiste Lemoyne, environ 70 maires, Monique Hadrbolec, Clarisse Quentin, Valerie Leuger et Gregory Dorte conseillers départementaux avaient répondu à l'appel, le Colonel de Meyer, le directeur de la sécurité publique Thomas Boudault, la secrétaire générale Françoise Fugier, la directrice d'académie Annie Partouche, la procureure Sophie Macquart-Moulin complétaient l'assemblée, peu nombreuse finalement, au regard de la gravité du sujet et de l'intérêt d'une telle conférence ...
Dans un propos liminaire succinct mais efficace, le Préfet rappela les difficultés du combat à mener contre des adversaires imprévisibles qui ont "un coup d'avance ", qui n'agissent pas forcément sur ordre, mais par inspiration et qui ont des relais en "notre seing " dans les milieux de la délinquance perméable au terrorisme.
Une grille d'analyse
Puis il fit l'inventaire des actions passées mais annonça surtout celles à venir, comme un gros travail entrepris avec une start up locale ( Planet Concept ) qui permettra d'équiper les établissements scolaires de tout le département d'une alarme distincte en cas d'alerte terroriste en lien direct avec les forces de police.
Dès la semaine prochaine, un mail sera envoyé aux maires avec un mode d'emploi et une "grille" donnant des éléments de repérage, des signaux pour apprendre à détecter des individus potentiellement en processus de radicalisation. Cette grille d'analyse a été réalisée par Dounia Bouzar grâce à son travail sur plus de 1000 situations.
La même grille sera envoyée à destination des chefs d'établissement accompagnée d'un courrier co-signé par la directrice d'académie Annie Partouche.
L'embrigadement radical est un embrigadement idéologique et relationnel, la spécialiste est formelle, il n'y a pas de radicalisation sans désaffiliation, désincarnation .
L'isolement du jeune de son environnement est le premier palier du processus de recrutement, tout le monde lui ment, on le pousse à ne plus avoir confiance dans les adultes, mettant en avant des théories de complot , on lui vend des messages subliminaux, une présence des forces sataniques partout ...
Plus vous vous méfiez de tout, plus vous vous rassemblez, le degré de dangerosité est lié au degré de persécution, nul doute qu'il y a un intérêt évident pour les "recruteurs " de plonger leur cible dans une paranoïa à l'égard du monde réel et de ses attaches familiales.
Quels sont les garde-fous ?
Vient alors la phase de destruction de l'individu au profit du groupe qui permet de le faire adhérer à la cause de Daesh pour arriver à une double déshumanisation, qui comme on le connaît tristement, permet des passages à l'acte dans tous les degrés de l'horreur ...
Banaliser la cruauté et la mort, bouleverser les repères émotionnels, civilisationnels et collectifs telles sont aussi les méthodes de cette organisation maléfique qui a pour slogan " nous aimons la mort plus que vous aimez la vie ".
De page Facebook en extraits de vidéo, l'anthropologue dévoile une à une, dans un power point très complet, les méthodes d'hameçonnage de Daesch, dont la tâche est malheureusement, tristement, "facilitée " par internet. On comprend pourquoi cette dame est sous haute protection , elle nous donne les clefs de compréhension de cette horrible machine et nous permet en quelque sorte de devenir des citoyens vigilants .
On aurait pu penser que les photos, assez ignobles il faut l'avouer, de ces têtes décapitées et de ces jeunes souriants embrigadés, "déshumanisés" à leurs côtés furent le moment le plus insoutenable de la conférence, mais ce ne fut pas finalement ce qui glaça le plus les élus présents dans la salle
Ce qui laissa à tout le monde un vrai sentiment de mal être fut d'apprendre que ces études avaient prouvé qu'il n'y avait pas de profil type de " radicalisé "... l'anthropologue est formelle cela peut toucher toutes sortes de jeunes, de 12 à 30 ans, quelque soit leur milieu ou catégories sociales, là est donc le vrai danger ...
Pour finir, à la question posée quels sont les garde-fous ? : la spécialiste répondit sans hésiter : renforcer la chaîne humaine et partager les repères de compréhension, mais surtout bien comprendre que Daesch cherche à diviser, monter les uns contre les autres, d'une certaine manière, créer une guerre civile, à chaque fois que l'on prend les musulmans pour des terroristes en puissance, finalement, on contribue à faire son jeu ...
PLUME
Dounia Bouzar anthropologue spécialisée dans la déradicalisation (DR)
Vendredi soir salle Vaulabelle à Auxerre (DR)
Commentaires
Qui a payé la prestation de Mme bouzar ? Commandée par l'État ? Voir le jdd qui a enquêté sur le centre créé par Mme bouzar en 2014, ses ressources, ses résultats ....
Ces gens entrent en guerre contre les démocraties parce qu'ils n'ont aucune empathie pour qui que ce soit. Iil n'y a rien à comprendre il suffit de se reporter à l'idéologie nazie qu'ils ont repris pour savoir que nous ne somme pas sur la même longueur d'onde qu'eux; Tant que nous ne répondrons pas à leur violence par une violence plus grande nous serons perdants. C’est triste mais tellement évident; Il aura fallut que le monde se mette en marche contre une seule nation , l Allemagne, pour qu'enfin nous soyons débarrassés du nazisme. Le silence de l'Europe est parlant J'appelle ça de la complicité.Tous les colloques du monde ne changeront rien.
En espérant que cette fois ci je ne sois pas censuré
Angoissant en effet.
Ce type de "déviation de confiance" a toujours eu lieu (il y a eu les sectes, parfois à l'aspect baba cool mais qui vidaient le compte en banque des parents et de toute une famille et dans certains cas livrait ses membres à la prostitution sous couvert de "fishing", il y a les méthodes d'admissions dans des gangs - il faut tuer quelqu'un pour "faire partie").
Aux USA, dans le but de freiner le recrutement dans les écoles vers des gangs, on leur passait - dans ces mêmes écoles à danger - des films avec les victimes de ces crimes qu'on leur demandait de commettre, car souvent ils n'avaient aucune idée, c'était comme un jeu vidéo, pan pan t'es mort et j'ai gagné. Mais on leur montrait les survivants, les familles des survivants, et aussi ce qui, parfois, leur arrivait à eux.
Ça semblait porter ses fruits en tout cas au moment de l'enquête...