André Villiers, dos au miroir, faisait face à la caméra, et il semblait vérifier mentalement si ses gants de boxe étaient bien là dans sa poche. Mais pas les sortir tout de suite, hein…

Jean-Yves Caullet, lui, savait très bien que Villiers pensait à ses gants de boxe mais se disait que non quand même, pas ici, pas avec le risque de casser les miroirs et son image, hein….

Et puis les voilà partis, d’un plan à l’autre, aussi aimables que possible, aussi désireux de ne pas se laisser emporter. Ni dénigrer. Ni mal interpréter. Ni... Ni…

André Villiers est connu pour ne pas être un aimable avec tout qui ne l’aime pas, plus ou pas encore. On sentait une longue habitude de manières destinées à intimider, ça ressortait ici et là et puis là et ici sans que pourtant les arguments de Jean-Yves Caullet soient bien venimeux.

Ce dernier se contentait de rectifier des déformations, de corriger des angles de vue, assez aimablement il faut le dire. Il n’était pas d’accord mais s’y attendait et était donc ainsi avec une certaine élégance, un zeste de nonchalance.

Une autre vision des choses, mais bien sûr, ce n’était une surprise pour personne, cependant il n’y a pas que la vision : il y a la façon d’absorber les désagréments et désaccords, et là on a pu voir la différence.

André Villiers est peut-être plein d’humour et généreux en sourires charmants dans un environnement qu’il connaît et… où on l’aime.

Mais pour le reste, il a une personnalité peu agréable, celle que le miroir nous a montrée : un homme prêt à arranger les faits, gonfler les statistiques, exhumer de vieux squelettes inutiles des placards, et qui ne retient qu’à grand peine le fond de sa pensée. Laquelle ne doit pas être la surface sereine d’un beau lac constellé de nénuphars.

Un homme dont le visage dit des vilains mots (de ceux à remplacer par des biiiiip) et dont le timbre de voix trahit le rêve de l’uniforme et de la cravache : ah, avoir un uniforme, une cravache, et faire de ce lieu un endroit idéal où tout va comme je le veux.

Alors comme je disais… on croit ou pas à ce qui fut dit, mais ce qui fut vu… on l’a bien vu.

 

                                                                                            Suzanne DEJAER