Le 800 mètres est avec le 400 mètres l'épreuve d'athlétisme la plus dure car les coureurs sont rapidement en dette d'oxygène. Le carburant essentiel du cerveau qui en consomme plus de 80%, idem pour le sucre, et celui des muscles.

Épreuves reines. Le 800 m est une initiation répétée à la douleur.

On n'en croyait pas nos yeux, d'abord de voir le maillot bleu français remonter les coureurs un par un dans la ligne droite opposée, après avoir été bousculé en début de course. ensuite en constatant que son accélération demeurait constante et que personne ne semblait pouvoir revenir sur lui. Le summum fut la dernière ligne droite où tant de d'exploits de remontée sont signés : Bosse était bien le boss, se permettant le luxe d'une ultime accélération qui laissa ses opposants dans les startings.

À peine la ligne franchie, incrédule, du doigt il se pointa suggérant qu'il prenait conscience qu'il avait gagné.

La suite fut une fête folle et la découverte lors de l'interview d'un personnage facétieux, intelligent, pertinent comme une immense bolée de fraîcheur sur l'athlétisme au moment où s'en va le grand Usain Bolt.

Bosse raconta une anecdote de la veille, cette bouteille d'eau mal refermée qui mouilla son drap de lit sans fille. Des pensées qui traversaient son esprit comme des éclairs à la faveur de l'inondation d'endorphines euphorisantes.

« C’était une course de warrior. Je me suis senti comme un petit garçon qui voulait son jouet et je me suis dit "de toute façon, tu n’as plus rien à perdre". Et quand je les ai dépassés, je me suis mis à leur place et je me suis dit "qu’est-ce qu’ils pensent ? Je pense qu’ils morflent et ça me plait". C’est la première fois que je me suis senti comme ça. Comme si j’avais envie de faire mal aux autres. Je me suis senti comme un guerrier.

 

Le coureur de 800 m est devenu champion du monde mardi, à Londres. Il s’agit de la première médaille d’or française dans la discipline. !Crédit photo Martin Meissner/AP/SIPA)