Le concours de peser de truffe a fait son effet : Nicolas Soret, Yves Vecten et Isabelle Joachina sont à l'unisson. le trophée de la truffe est revenu à Pascal Henriat

 

 

On n'aurait pas voulu rater ça même pas pour une lentille ou mieux, une truffe. Le département finance ces filières, la lentille par la formation à la culture qui pousse bien sur les sols pauvres et la truffe de moins en moins (5 000 euros, la der) car elle a trouvé son envol et un marché au-delà de 800 euros le kilo.

Avant le début de la séance, à 9h30, la salle plénière était transformée en cour de récréation où ont fusé des cris de plaisir et des rires francs. On n'avait jamais vu ça. Sur tous les bancs, qui, ici sous la Pyramide objet d'aménagements, sont circulaires, en arc de cercle, tournés vers la tribune présidentielle surélevée qui barre la salle.

Ambiance détendue, conversations partout, allées et venues, salutations. Le président qui pénètre dans la coursive réservée à la presse, aux membres du cabinet et au public, et qui salue chacun, du haut de sa crinière blanche au-dessus d'un large sourire et de mots aimables.

Et d'entrée on apprend que les Sénonais les élus du nord ont été retardés par un accident sur la route qui les ont empêchés d'avancer, mais que finalement ils sont arrivés à l'heure pour l'ouverture des débats. Les députés Michèle Crouzet et André Villiers étaient présents, Jean-Baptiste Lemoyne ministre excusé, recevait 80 ministres de la Francophonie à Paris.

(Question au passage : pourquoi les parlementaires et ministre n'abandonnent-ils pas leur mandat local  à leur suppléant ? Est-ce décent ? On ne peut croire que ce serait pour prendre l'indemnité.)

Que dire d'une session bien emballée de décisions modificatives et rectificatives du budget 217  et de plan départemental de l'habitat par exemple ? Il faut ajuster.

Un déroulé en eaux calmes qui a permis de constater que la méthode a évolué. On savait que Villiers n'était pas Gendraud, on sait maintenant que Gendraud n'est pas Villiers. André Villiers qui était sagement assis au premier rang des bons élèves, attentif, à l'écoute, sans mot prononcer. Au contraire d'un Nicolas Soret prolixe et en forme, qui a rallié suffrages et approbations tout le long d'une session limpide comme l'eau de source de la plaine du Saulce ...

Yves Vecten l'agriculteur pilier gauche, d'opposition, rebelle, n'a jamais autant parlé, de rapport en rapport dans son domaine de prédilection. Ce qui ne laisse pas d'inquiéter à la veille du match de rugby RCA-Besançon à Bouillot dimanche. Parler avant n'est jamais bon. Mieux vaut agir sur le pré. Quant à lancer un concours d'évaluation du poids d'une truffe en pleine séance d'élus bienveillants, avec la truffe qui tourne d'élu en élu, il fallait oser le faire ! Le gars de Vincelles aurait-il lui aussi autant besoin de reconnaissance ? Le vainqueur fut Pascal Henriat, qui devina à trois grammes près le poids (150 gr) estimé du champignon noir de luxe.

Les conseillers départementaux sont dorénavant diététiciens et promoteurs des produits locaux du terroir, qui ont revendiqué le contrôle des menus dans les collèges afin d'y développer les circuits courts locaux

Nicolas Soret a mis le doigt là où ça fait mal. Et les élus de tous bords de le suivre de conserve. Haro sur les marchands de sommeil qui louent des appartements et studios dans des conditions scandaleuses, en profitant du système des APL. Ils seront dénoncés et maîtrisés !

Pire ?

Les exigences du Syndicat départemental des énergies de l'Yonne (SDEY *) le nouveau riche du département qui plante des bornes électriques, que préside Jean-Noël Loury et dirige Éric Gentis, ancien chef de cabinet d'Henri de Raincourt. Tous les deux voyagent en Chine régulièrement afin de promouvoir le business des panneaux solaires.

D'un mot, le SDEY entend louer les pylônes électriques de l'Yonne au conseil départemental afin de faire passer la fibre optique aérienne dans le cadre du développement de l'accès au haut débit internet dans les territoires. Hé oui la fibre ne passe pas qu'en souterrain.

Sauf que le département ainsi que les communes d'ailleurs, ont déjà financé les dits pylônes qui sont donc largement et de longue date amortis. En somme comme l'explique dans une forme de saillie interrogative l'élu Jovinien Nicolas Soret, en substance "on nous demande de payer deux fois ce qu'on a déjà payé... "

C'est un peu gros et même très gros. Il est vrai que parfois, comme disait Marchais, plus c'est gros et mieux ça passe.

Stop. Halte. Pas cette fois au conseil départemental. À qui on ne la fera plus. On ne va pas se laisser faire par des gogos, quoi ...#sorttonboucher

C'est ainsi que le SDEY s'est pris un carton rouge, à l'unanimité. Même si - une première - Malika Ounès, vice-présidente en charge du numérique, lucide, a rappelé les élus à l'ordre sur les conséquences pratiques de cettte position. On se demande si elle a été comprise. Et dans la confusion il a fallu voter une fois deux fois puis une troisième fois en deux fois, comprenne qui pourra. La charge était telle contre la grosse ficelle que la raison raisonneuse a fait fi du reste. Parfois il faut que passe le sabre. Et basta.

Mais y a-t-il des ouvriers compétents dans la pose de la fibre optique en aérien, interrogea Valérie Leuger ? Non. Alors ne faut-il pas programmer des formations puisqu'on connait les dates de chantier ?

Et puis, et puis et puis... comme dirait Brel, il y avait Villiers, l'André, assis sagement au premier rang qui n'a pipé mot. À l'écoute, attentif de bout en bout comme lorsqu'il mène son troupeau en sud avallonnais. Dur pour l'ancien président élu député - c'est son choix - de rentrer dans le rang, non ? On ne lui a pas demandé pourquoi il est demeuré coi, surtout dans les moments sensibles où il a du faire des efforts insensés pour se maîtriser. Parce que l'on sait ce qu'il aurait répondu : "Je ne suis plus président, je ne veux pas gêner le nouveau président. Chacun à sa place..."

Au bout du bout, après la session et après le déjeuner frugal dans le cellier de la préfecture, restait une poignée de retardataires qui n'ont fait que prolonger le plaisir. Parmi eux Villiers et Gendraud. Ils se sont empoignés se pinçant les joues des deux mains et fait l'accolade en forme de ruades d'amitié dignes d'un maul. C'était sincère.

Ces hommes sont liés à vie par le serment d'Hocquincourt à Bléneau dans un gîte, en 2011. Cela ne s'invente pas. À quatre ils ont pris le département à la droite. Le trio Villiers-Pianon-Gendraud auquel s'est ajouté Drouhin puis Pellerin, Capitain, Lemaire.

Pas loin, le premier vice-président Maurice Pianon, boîtant bas les pieds dans des baskets, n'en pensait pas moins, avec le sourire aux lèvres.

Il reste que Gendraud c'est Gendraud et par petites touches fermes et son grand sourire en lame de rasoir, l'ancien maire de Chablis est entrain de changer la donne, la méthode et de recadrer les services avec pédagogie et une grande douceur de langage, la main sur le coeur.

Plus jamais un élu du département ne devra se retrouver dans la situation sur son territoire où il sera obligé de dire : "Je ne suis pas au courant...".

Les services devront désormais informer les élus ... Élémentaire mon cher Watson. No ?

Prochaine session le 15 décembre consacrée aux orientations budgétaires 2018.

 

Pierre-Jules GAYE

 

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* Le Syndicat Départemental d’Energies de l’Yonne (SDEY) est un EPCI (Établissement Public de Coopération Intercommunale). Propriétaire des réseaux basse et moyenne tension, il gère pour le compte des communes les réseaux électriques et gaz.

 

 

 

 

Nouveauté : les élus ont eu droit a la projection de deux films.
Nicolas Soret, doigt levé au fond de la classe, est intervenu sur de nombreux dossiers et notamment sur les transferts de charges de l'État sur les colectivités où l'État n'est pas au rendes-vous de ses responsabilités notamment en matière de prise en charge des mineurs étrangers

 

La nouvelle configuration de la tribune présidentielle

 

Deuxième en haut à droite, Yves Vecten, chemise rose comme les joueurs du Racing, qui a lancé un concours de pesée de truffe